Douvres-la-Délivrande et sa station radar
Village implanté en arrière du secteur Juno Beach, ses habitants doivent patienter jusqu'au soir du 7 juin 1944 avant de voir arriver des membres du 46th Royal Marine Commando débarqués sur Sword Beach. Des éléments de la 21. PanzerDivision ont été signalés la veille, progressant vers le Nord en direction de Luc-sur-mer. Méfiants, les Britanniques adoptent donc une position défensive pendant la nuit, avant de s'assurer la totale maîtrise de la commune le 8 juin.
Le 46th Royal Marine Commando avance dans Douvres-la-Délivrande le 8 juin 1944. (IWM) | Douvres-la-Délivrande, 8 juin 1944 : vue depuis le clocher de l'église sur des chars Sherman Firefly. (IWM) |
Une station radar en arrière des plages du Débarquement allié.
Au Sud, entre Douvres et le village de Basly, se dresse depuis 1942 une station radar édifiée par la Luftwaffe. Un espace de 35 hectares accueille une trentaine d'ouvrages bétonnés. La station est divisée en deux parties : au Nord est implanté un radar géant Wassermann, avec un rayon de détection de 400 kilomètres. La partie Sud abrite deux radars de veille Freya (d'une portée de 200 kilomètres), et deux radars de poursuite Würzburg-Riese. Opérationnel au printemps 1943, le site est défendu par des ouvrages fortifiés antichars, des lance-flammes et de la DCA. Cette station de détection lourde Distelfink (le chardonneret) entourée de barbelés et de champs de mines est un véritable épouvantail sur le chemin des libérateurs. Cependant ses radars ne sont guère efficaces dans la nuit du 5 au 6 juin, les alliés menant avec succès une opération de brouillage de ses ondes. L'arraisonnement de ces défenses allemandes est confié à la 3rd Canadian Infantry Division et sa 8th Brigade. Éreinté par les combats sur Juno Beach, le bataillon du North Shore ne peut neutraliser la station fortifiée. Les Canadiens contournent cet obstacle et entrent dans Basly dans la soirée. La neutralisation de cet empêchement devient alors l'affaire des Britanniques.
Encerclée, la station radar se défend jusqu’au 17 juin avant que les 230 allemands du Lufnachrichten-Régiment 53. ne se rendent au 41st Royal Marine Commando appuyé par les blindés du 22nd Dragoons et l'artillerie navale. Les défenseurs en avaient fait un camp retranché alors que le village de Douvres était déjà tombé depuis 10 jours.
Un musée qui attire les curieux.
Depuis 1994, un musée a trouvé sa place dans l'ancienne station radar. Unique sur les plages du Débarquement, ses portes sont ouvertes de mai à septembre. Dans deux bunkers intacts, on observe la création et l’évolution des systèmes de détection. Un exemplaire rare de radar Würzburg est également exposé. A la libération, cet exemplaire fut saisi par les anglais, puis donné à la marine française. Cette dernière ne lui destina pas un emploi militaire, mais le confia au radiotélescope de Nançay, petit village du département du Cher. Le radar scruta ainsi l’espace pendant une trentaine d’années avant qu’on ne le renvoi en Normandie pour une retraite méritée au sein du musée.
A la libération, le couvent de la Délivrande fut transformé en hôpital. Les premiers soldats tués sur les plages ont toujours leurs sépultures à Douvres. Entouré de haies, l'entrée du petit cimetière militaire est marquée par un pavillon en pierre. La nécropole abrite 1 123 combattants des deux camps (923 Britanniques, 11 Canadiens, 3 Australiens, 1 Polonais, 180 Allemands et 1 inconnu). Les stèles sont réparties symétriquement de chaque côté de l’allée centrale, et au fond de ce chemin se distingue la croix du sacrifice. Etrangement, la tombe du soldat polonais se trouve à l’écart des autres.