6 juin 1944 : Colleville-sur-Orne met à l'épreuve les Britanniques.
Le D-Day sur Sword Beach, Colleville-sur-Orne doit être libéré par les Britanniques de la 3rd Infantry Division et sa 8th Brigade. La première vague d'assaut fait face aux allemands à 7h30. Le 2nd East Yorkshire subit un feu d'enfer sur la plage face au Mur de l'Atlantique, avant de se voir appuyer par le 1st South Lancashire. Les fantassins avancent pour qu'enfin, à 9h30, le 1st Battalion Suffolk Régiment libère la commune située 2.5km dans les terres. Débarqués juste derrière la 8th Brigade, les commandos de la 1st Special Service Brigade peuvent obliquer vers le Sud-Est afin d'opérer la jonction avec les troupes aéroportées qui combattent depuis la nuit à Bénouville et Ranville.
6 juin 1944, Colleville-sur-Orne : La 1st Special Service Brigade progresse vers l'intérieur des terres. (IWM) |
Les commandos font une halte dans les ruines de la colonie de vacances. (IWM) |
A l'Ouest se trouve le Wn16 équipé de 4 canons de 105 mm d’une portée de 10 km, appelé point Morris. Cependant le 6 juin 1944, seules trois casemates protègent les pièces d’artillerie de cette batterie. Bien que très fortifiée, cela n’empêche pas les 67 polonais qui l'occupent de se rendre sans résistance dès midi aux hommes du 1st Suffolk Régiment. Les défenseurs, choqués par les bombardements aériens, ont choisi de sortir rapidement (de nos jours, l'un des trois bunkers H669 est préservé et est utilisé par l'association Les amis du Suffolk Régiment, les deux autres se trouvant sur un terrain privé).
Dans le même temps, le 2nd East Yorkshire se trouve devant le point fortifié Sole et la batterie Daimler et ses 4 pièces de 155 mm. Plusieurs heures de combats sont nécessaires pour réduire les positions ennemies.
Le site Hillman barre la route des Britanniques
Le 1st Suffolk s'est orienté au Sud du village, vers le site codé Hillman, PC du Grenadier-Régiment 736 du colonel Krug. Ce Wn17, composé de 18 blockhaus enterrés à 4 mètres de profondeur, est muni de coupoles blindées. L’ensemble comporte un réseau de souterrains. La défense allemande est âpre, fauchant 150 soldats britanniques dans l’après-midi du 6 grâce à ses mitrailleuses. Mais vers 17h, Krug appelle son supérieur le général Richter et lui apprend que les anglais sont sur son blockhaus et lui demandent de se rendre ! Le PC n'est finalement réduit que le 7 juin au matin par le même régiment des Suffolks avec l’aide d’unités blindées du 13/18th Hussars et du 22nd Dragoons. Au final, 275 combattants ennemis sont faits prisonniers. Cette résistance explique en partie le fait que la 3rd Infantry Division, contrairement aux espérances de l'état-major allié, n'ait pas réussi à prendre la ville de Caen dès le 6 juin.
Vous pouvez visiter le PC du site Hillman aujourd'hui entretenu par l’association "les amis du Suffolk". L'édifice a été réaménagé depuis les années 90 avec des objets de l’époque et ses parties extérieures sont ouvertes toute l’année. Des visites gratuites du PC sont possibles tous les mardis de juillet à septembre. A 800 mètres on peut apercevoir une casemate du point Morris (voir article du 18/02/2014).
En souvenir du Maréchal Montgomery, commandant des forces terrestres du Débarquement, Colleville-sur-Orne devient Colleville-Montgomery le 13 juin 1946.
Le 8 juin 2013 a été inauguré le Mémorial D-Day Bill Millin, à l'effigie du joueur de cornemuse personnel de Lord Lovat qui débarqua avec les commandos. Car c'est au lieu-dit "La Brèche", entre Colleville-sur-Orne et Hermanville-sur-mer, qu'à 7h31 le 6 juin 1944 les 177 bérets verts français du commando Kieffer furent de retour dans l'hexagone. Placé sur le front de mer avenue de Bruxelles, le Mémorial commémore le courage et le souvenir de tous les vétérans. (voir le diaporama de l'inauguration)
Le site Hillman (photo : Michel Schubnel/Les amis du Suffolk Régiment) |
Le Mémorial D-Day Bill Millin inauguré en juin 2013. |
"Pips" met le cap sur Sword Beach
Le téléphone sonne à 6h30 à la base aérienne de Bondues, dans le Nord de la France. Le P.C. du 2ème Corps d'aviation de chasse du Général-Major Werner Junck appelle Josef « Pips » Priller. L’officier explique au bouillonnant Priller, commandant du Jagdgeschwader 26 que le Débarquement allié a débuté et qu’il doit décoller avec son escadrille. A l’autre bout du fil, Pips grommelle et s’emporte. Faire décoller son escadrille ? Quelle escadrille ?! Il n’a que 3 chasseurs dont un ne fonctionne pas ! Ses autres avions ont été expédiés à Reims, Biarritz et Metz. Mais son interlocuteur reste inflexible car tels sont les ordres.
Las et amer, Priller prévient le Sergent Heinz Wodarczyk et tous deux décollent vers 8h30 à bord de leurs Fock Wulf 190 en direction de la Normandie, avec peu d’espoir d’en revenir vivants. Ils se dirigent vers l’estuaire de l’Orne dans un ciel grouillant d'avions ennemis prêts à en découdre.
Pendant ce temps, l’infanterie et les commandos britanniques et français débarquent et progressent sur Sword Beach, la zone la plus à l’Est des cinq secteurs du Débarquement. Soudain les deux FW 190 débouchent hors des nuages et mitraillent la plage, surprenant les troupes au sol. Les canons anti-aériens de la flotte alliée répliquent, mais sans toucher les deux aviateurs allemands. Priller et Wodarczyk, miraculeusement indemnes, parviennent à rebrousser chemin et atterrissent à Creil. Quand on sait que la Luftwaffe n’osa que 319 sorties le 6 juin 1944, contre 14 674 pour les alliés, ils venaient tous deux de réussir avec audace l’une des rares attaques aériennes allemandes sur le littoral.
Pilote émérite, Priller enregistra entre 1940 et 1944 un total de 101 victoires, dont 68 contre des Spitfires. Le pilote fut promu en janvier 1945 inspecteur de la chasse à l’Ouest puis décéda d’une crise cardiaque en 1961.