Le cimetière militaire polonais d'Urville/Grainville-Langannerie
Un cimetière militaire intimiste
Au bord de la RN158, à vingt kilomètres au Sud de Caen dans le Calvados, le cimetière d’Urville est la dernière demeure de 696 combattants. Sa présence en Normandie est d'importance, car ce lieu est en France la seule nécropole polonaise de la Seconde Guerre Mondiale. Les centaines de croix constituent l'avant-garde d’un grand monument en forme de V, surmonté d’une sculpture en aluminium symbolisant l’aigle polonais. Les occupants de ce sanctuaire sont pour la plupart des membres de la 1st Polish Armoured Division du Général Maczek. L'unité était engagée à l'été 1944 dans la Bataille de Normandie, et notamment lors de la fermeture de la Poche de Falaise.
L'allée centrale menant au Mémorial.
Les Polonais et les Canadiens face aux Allemands
Début août 1944, les alliés lancent l'opération Totalize avec pour objectif la prise de la ville de Falaise. Écrasés sous les bombes de l'aviation, les allemands lâchent peu à peu prise et refluent vers la Seine. Le 8 août lors de la deuxième phase de l'opération, les chars des 4th Canadian Armoured et 1st Polish Armoured Divisions s'élancent.
Cependant les libérateurs font face aux redoutables équipages de chars allemands, avides de la moindre faille dans le dispositif allié. Le 9 août, les Canadiens vont payés cher pour apprendre : près d'Estrées-la-Campagne, un groupe se trompe d'itinéraire et se retrouve à la merci des Panthers et des Tigres. C'est la débâcle chez les Canadiens, 47 chars sur 52 sont anéantis.
Néanmoins le soir, le Lincoln and Welland Régiment libère Grainville.
L'armée polonaise, à qui perd gagne.
Après 3 semaines de combats, l'armée polonaise rend les armes en septembre 1939. Son commandement ainsi que le gouvernement se réfugient alors en France, à Angers. Des rescapés du front passés par la Roumanie et la Hongrie, ainsi que des émigrés polonais dans l'hexagone, vont constituer les bases de la nouvelle petite armée. Lorsque la France signe l'armistice en juin 1940, ses combattants traversent la Manche et posent leurs bardas en Angleterre.
6 juin 1944. Jour J pour les alliés, mais aussi pour les Polonais. Leur marine comporte 9 destroyers, 2 croiseurs, 5 sous-marins, et des petits bâtiments. Le D-Day, le croiseur Dragon fait ainsi le coup de feu sur Juno et Sword. Tandis que dans les airs, les pilotes des 302nd, 308th et 320th Squadrons, 131st Wings de la RAF, réalisent 255 missions.
Quant au Général Maczek, rattaché au 2nd Canadian Army Corps, ses 15 000 hommes et ses 380 chars débarquent le 31 juillet à Courseulles et Arromanches. Acteurs de l'opération Totalize, les polonais tiennent le Mont Ormel. Face à des troupes allemandes aux abois s'échappant du couloir de la mort, leurs pertes seront terribles. Le cimetière de Grainville/Urville en est un silencieux témoin.
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Les tankistes polonais de la 1ère DB dans le chaos de la Poche Falaise-Argentan.
Elle comptera 20% de pertes dans les combats à Chambois et sur la côte 262.
(photo : Press services of 1st Polish Armored Division)