Utah Beach, les américains débarquent dans le Cotentin
2h30 le 6 juin 1944. L'USS Bayfield jette l'ancre à 20 kilomètres à l'Est des Dunes-de-Varreville, site désigné pour le débarquement de la force U. Ainsi la 4th US Infantry Division du Général Barton doit poser pied sur la côte Est du Cotentin et effectuer sa jonction avec les troupes aéroportées américaines arrivées dans la nuit. En effet les 82nd et 101st US Airborne Divisions ont été larguées autour de Sainte-Mère-Eglise et Sainte-Marie-du-Mont afin de sécuriser les sorties des plages de débarquement et contenir les contre-attaques allemandes.
Les péniches de débarquement arrivent en vue du secteur d'Utah Beach peu après 6h30, faisant suite aux bombardements naval et aérien de la 9th USAAF contre les points d'appui ennemis (WN) du Mur de l'Atlantique. Si le WN5 a été durement touché par l'artillerie américaine et oppose peu de résistance, plus au Nord du secteur, les batteries d'Azeville et de Crisbecq continuent de cibler la force d'invasion alliée.
A 6h40, la 4th ID foule le sable normand, avec à sa tête le commandant en second de l'unité, le Brigadier Général Théodore Roosevelt. Le 8th régiment se déploie sur les sous-secteurs Tare Green et Uncle Red avant que 28 chars amphibies Duplex Drive du 70th Tank Battalion ne les rejoignent et constituent un appui appréciable. Mais en fait, le Général et son état-Major ont auparavant remarqué un problème.
Les GI's retrouvent les paras de la 101st US Airborne Division.
Le plan initial prévoie que les 1er et 2ème bataillons débarquent devant les WN7, 8 et 9, hors lors de leur approche de la côte, les libérateurs avaient compris que les courants leurs avaient joué un mauvais tour : ils avaient dérivé jusqu'au WN5, deux kilomètres au Sud de l'objectif. Roosevelt cogite. Qu'à cela ne tienne, les vagues d'assaut suivantes sont déjà en chemin vers le WN5, il est trop tard pour leur faire changer de cap. Utah Beach se fera donc ici.
Le général Théodore Roosevelt, cousin du président américain de l’époque. | Les obus de 88 pleuvent sur Utah. Au regard de la marée, cette photo fut prise dans les 2 premières heures de l’invasion. |
Le 8th régiment a pleinement débarqué vers 8h et ses membres s'enfoncent dans les terres par les Exit 1, 2 et 3 à la rencontre des troupes aéroportées. Plus tard dans la matinée, au hameau de Pouppeville, la jonction est effectuée avec le Général Taylor de la 101st US Airborne Division.
Quant au 22nd régiment, il se dirige vers l'Exit 4, au Nord du secteur Utah. Néanmoins la progression est moins aisée que pour le 8th, car la sortie est toujours sous le feu allemand. Les GI's doivent donc la contourner et avancer dans les marais. Toutefois ils parviennent à rejoindre les paras de la 101st dans l'après-midi.
Le bilan en fin du 6 juin est satisfaisant. Le 8th régiment est posté aux Forges et à Turqueville, bloqué par la 91. LuftLande et la 709. ID. Au Nord, le 22nd a atteint Saint-Germain et Saint-Martin-de-Varreville. Arrivé sur la plage dans l'après-midi, le 12th régiment cantonne au Sud de Beuzeville-au-Plain. Depuis son PC d'Audouville-la-Hubert, Barton fait les comptes : 23 000 hommes et 1 700 véhicules ont posé pied sur Utah. Malheureusement, côté pertes, le général dénombre 197 morts. Accaparés par les parachutistes largués pendant la nuit, les allemands n'ont pu s'opposer au débarquement allié près du WN5. De plus, le décalage final du secteur d'assaut plus au Sud a permis aux américains d'être moins ciblés par les tirs des batteries ennemies de Crisbecq et Azeville.
Le Musée Utah Beach accueille les visiteurs.
Aujourd'hui, en arrière de cette plage trône fièrement le musée d’Utah beach : Erigé sur l'ancien point d’appui WN5 toujours visible derrière des vitrines, et inauguré en 1962, l’endroit nous expose par une très belle collection d’engins ( jeep, camions amphibies Duwks ) et de documents divers le débarquement qui s’est déroulé aux environs. Des films et une splendide maquette nous replonge dans ce jour important. Un télémètre est également exposé au milieu des souvenirs des vétérans des 2 camps. L’ensemble a été rénové, grâce notamment à l’aide financière de deux fils d’un vétéran américain. Un bombardier B-26 auparavant exposé au Bourget est également venu étendre ses ailes sur ce coin du Cotentin (voir article du blog sur cette rénovation).
Le mémorial a subi une extension en 2011. A droite se trouve l’espace dévolu au B-26 Marauder.
Le B-26 Marauder. |
Monument à la gloire de la 4th Infantry Division inauguré par Omar Bradley en 1962. |
A proximité du monument de la 4th US ID, la borne 00 de la voie de la liberté se dresse face aux dunes. Cette voie rejoint Bastogne à 1 142 km plus à l’Est. Ne manquez pas de faire une pause au café tout proche "Le Roosevelt", un ancien Blockhaus ou la salle du bar est couverte des signatures des vétérans d’Overlord (dont les célèbres membres de la Easy compagny du 506th PIR, 101st US AB, immortalisés dans la série "Band of brothers").
Les Comanches sur Utah Beach
Des amérindiens font partie des premières vagues d’assaut sur le secteur Utah. Ils sont treize parmi plus de 23 000 combattants américains. Treize membres de la 4th Signal Compagny comme Charles Chibitty ou Roderick Red Elk à parler le Comanche. Ils se nomment les Numurekwa’etuu et utilisent un langage incompréhensible pour les centres d’écoutes allemands.
Ces Code Talkers assurent un rôle primordial pour la réussite du Débarquement allié dans le Cotentin. Deux Comanches sont affectés à chacun des régiments de la 4th Infantry Division. Ils transmettent des messages codés à partir de la ligne de front jusqu'au siège de la division, où d'autres Comanches transcrivent les billets. Leur premier message pour l'état-major le Jour J est celui-ci : « Tsaaku nunnuwee », ce qui une fois traduit donne « Nous avons bien débarqué. »
Le mémorial édifié en 2008 en l’honneur de la Navy. En arrière, le bar le Roosevelt. | Le bar Le Roosevelt, maculé des autographes des vétérans. |