Sword Beach : Objectif Caen le 6 juin 1944.
Les Britanniques en route vers Caen.
Nous voici sur le secteur le plus à l’Est de la zone du débarquement allié. Les opérations sur le littoral sont d’abord abordées. La contribution des troupes aéroportées à Merville et Bénouville fait l’objet d’un itinéraire à part entière et donc d’une rubrique qui lui est propre.
C’est un secteur long de 11 km qui va s’offrir aux troupes britanniques et françaises, entre les communes de Ouistreham et Luc-sur- mer. L’arrière du littoral est marécageux car mal drainé, mais qu’importe, nous sommes ici à la porte de Caen. Passé ce secteur un plateau remonte jusqu’à une cinquantaine de mètres. En avant on retrouve Ouistreham, et plus en arrière dans les plaines St-Aubin D’Arquenay et enfin plus à l’Est Hermanville.
L’attente des allemands du Mur de l'Atlantique :
Pour assurer la défense de cette partie du rivage, les allemands disposent de :
- la 716e Infanterie Division ( exposée dans le volet sur Omaha ),
- la 21e Panzerdivision basée à Caen. Cette division d’élite est composée par 16 000 hommes et 146 chars, plus 50 canons d’assaut
- 4 batteries d'artillerie longue portée sont également à l’affût : à Merville, Riva –Bella, Ouistreham et Colleville-sur-Orne.
Retour en France pour les Britanniques
Sword est dévolu à la 3rd British Infantry Division, commandée par un vétéran d’Afrique et de Sicile, le Major Général Tom Rennie. Il faut savoir que cette division avait déjà pris part aux combats en 1940 et avait ensuite été rembarquée lors de la débâcle de Dunkerque.
Les hommes seront aidés dans leur tâche par des chars spéciaux, les fameux Funnies du Major Général Percy Hobart :
- Le char Churchill AVRE : équipé d’un mortier de 290 mm, il peut détruire les ouvrages de béton à plus de 80 m de distance
- Le Churchill Capet-Layers : le char porte un rouleau devant lui et se constitue comme un tapis pour pouvoir traverser les zones de sable meuble.
- Des chars Sherman équipés de fléaux ( crab ) pour battre les mines et les faire exploser, ou munis de charrues ( plough ) pour ouvrir les passages sécurisés de plages ( photo de droite ).
- Le Churchill ARK : sans tourelle et équipé de rampes, il permet aux autres blindés de passer toutes sortes de murs.
- Le Churchill Crocodile : équipé d’un lance-flammes à la place de sa mitrailleuse et d’une remorque contenant un liquide inflammable, cet engin était très redouté par les défenseurs.
- Le Sherman DD : muni d’une jupe gonflable, il peut être directement débarqué d’une embarcation. Venant du large en autonomie, sa mise en action rapide est un réel avantage.
Nom de code Sword
Cette zone est divisé en 4 sous-secteurs : Oboe à Luc-sur-mer, Peter à Lion-sur-mer, Queen en face d’Hermanville et enfin Roger devant Ouistreham.
Les objectifs assignés à la division sont souvent semblables à ceux demandés aux troupes canadiennes débarquées sur Juno Beach :
- Faire la jonction avec les canadiens à l’Ouest et avec la 6th British Airborne Division arrivée dans la nuit plus au Sud
- S’emparer de l’aérodrome de Carpiquet
- Libérer Caen et établir ainsi une tête de pont entre la ville et l’Orne
Jour J pour l’attaque contre l'occupant
Les hommes foulent le sol français à 7h30 avec la ferme intention d’effacer l’affront de Juin 1940. 31 des 34 Shermans DD débarqués atteignent le rivage avec les premières vagues d’assaut mais la houle est forte.
Mais n’oublions pas qu’à 7 h 30, 177 commandos français revanchards, emmenés par le commandant Philippe Kieffer, ont l’honneur de débarquer en premiers à Colleville-sur-Orne (aujourd'hui Colleville-Montgomery). Ce sera la seule unité française en action le jour J. Sa mission est de se rendre maître du Casino de Riva-Bella transformé en point fortifié allemand et d’effectuer ensuite la jonction avec les parachutistes anglais à 7 km plus au Sud, à Benouville.
les hommes se mettent à couvert sur la plage
A Riva-Bella, les combats font rage, le 2nd East Yorkshire perd 200 hommes dès le début de l’engagement. Malgré le pillonage des navires alliés pendant plus de 2 heures, les défenses allemandes sont demeurées intactes. Les canons de 88 allemands prennent les hommes en enfilade, les obus pleuvent sur les troupes Britanniques.
A 8h, la plage est bondée et les hommes sont poussés par la marée vers les défenses allemandes, pendant ce temps, à l’autre bout du secteur, à Lion-sur-mer, les pertes sont terribles, les hommes piétinent.
Hermanville est conquit à 9h30. Au même moment, les commandos français réduisent au silence le fortin du casino à l’aide d’un blindé, après avoir perdus 40 hommes sur la plage. Plus à l’Est, à Colleville-sur-Orne, les hommes continuent de débarquer et sont accueillis par le Maire du village, Mr Lenauld, coiffé d’un casque de pompier et en écharpe tricolore.
Plaque à la mémoire des commandos français tombés le D-Day
Elle est érigée près de la flamme de la liberté, à Ouistreham.
Il est 13h32, et les français rencontrent enfin les soldats britanniques à Bénouville, la jonction est effectuée avec la 6th Airborne. Blessé 2 fois dans la journée, le commandant kieffer sera rapatrié le soir même.
Les Britanniques et un char Churchill AVRE passent par La Brèche le 6 juin 1944 (Impérial War Muséum)
Mais les officiers sur le terrain se montrent d’une trop grande prudence. Des éléments de la 21. PanzerDivision ont été signalés venant de Caen. Les anglais tergiversent et préfèrent rester sur les positions déjà conquises en attendant les renforts de la 185e brigade blindée. Alors qu’une avancée rapide pourrait porter un coup décisif en direction de Caen et peut être prendre la ville le soir même.
A 14 h, la 185e brigade est enfin arrivée. La vingtaine de chars entre dans Bréville à 16 h, il ne reste plus que 5 km avant d’atteindre les faubourgs de Caen. Mais à 1 km de là, les blindés allemands arrivent.
Les anglais s’avancent et sont bientôt stoppés par des éléments de la 716. Infanterie-Division dans le bois de Lebisey, à 3 kms au Nord de Caen. Finalement, les allemands les repoussent de nouveau vers Biéville.
Le Colonel von Oppeln-Bronikowski et son 22e régiment de chars ont enfin reçu l’ordre de se porter vers la côte. En effet, les alliés n’ont pu assurer leur jonction avec les troupes de Juno Beach et une brèche est ouverte jusqu’à la mer, à Luc-sur-mer. Le colonel peut ainsi espérer couper les anglais de leurs arrières en agrandissant ce couloir.
Les chars allemands atteignent Luc-sur-mer vers 20h mais doivent rebrousser chemin, car les renforts aériens britanniques sont importants et ils ne veulent pas être pris à revers.
Au soir du 6 juin, le bilan est contrasté sur ce secteur : les soldats Britanniques ont mis pied à terre, sur le flanc Est la zone est relativement sécurisée par l’infanterie et les paras. Mais à l’Ouest personne n’a encore pu serrer la main d’un Canadien, une dangereuse saillie existe entre Caen et Lion-sur-mer et menace les 28 990 soldats débarqués sur sa gauche.
Lion-sur-mer ne tombera aux mains des anglais que le 7 juin. Pour défiler dans les rues de Caen les alliées devront attendre le 19 juillet.
Ouistreham, 6 juin 1944 : les Chars Shermans Duplex Drive de l'escadron B, 13/18 Royal Hussars, couvrent des membres du N°4 Commando.
(Impérial War Muséum)