Vierville-sur-mer, Omaha Beach saigne les américains
La 29th et les Rangers dans la fournaise d'Omaha
Le quartier de la poste est en partie détruit par l’aviation alliée vers 6h le 6 juin 1944.
Cette zone de débarquement est dévolue au 116th régiment de la 29th US Infantry Division. Dès les premières minutes du Jour J, les pertes sont effroyables : 19 jeunes originaires de la ville de Bedford en virginie (3 000 habitants) sont tués sur la plage. Sur le chemin qui mène au village du Calvados, les américains laissent plusieurs centaines de morts et une quinzaine de chars.
Omaha beach avant le jour J, vue du canon de 88 du WN 72, devenu aujourd’hui un mémorial
(voir cliché du bas)
Le sous-secteur Dog Green fut l’un des plus meurtrier pour les GI’s, et les rapports sont encore assez confus concernant le déroulement des premières heures de l’opération Overlord sur ce coin de plage normande : A 6h30, la première vague d’assaut s’élance après le bombardement naval. La compagnie A du 116th régiment a l’honneur de fouler en première ce secteur bien défendu par l’occupant et le Mur de l'Atlantique. La mer, fortement agitée, coule le Landing Craft Assault (LCA) n°5, et 6 hommes périssent avant d’avoir mis pied à terre. Une autre péniche explose à l’approche, ses 32 occupants sont éparpillés par le souffle. 8 tanks, à peine débarqués, sont détruits sans avoir pu soutenir l’effort de l’infanterie.
La seconde vague arrive en soutien à 6h45, mais le résultat est similaire, les hommes sont cloués sur le sable. Une autre barge est touchée et seulement 15 soldats sur les 30 présents à bord parviennent à rejoindre la plage. 30 minutes plus tard, une autre embarcation saute sur une mine. Pendant ce temps, les rangers de la compagnie C du second bataillon, 65 hommes menés par le capitaine Goranson, arrivent dans 2 LCA. La rampe tout juste baissée, l’un des 2 LCA est soufflé par un obus, tuant une douzaine de rangers. A nouveau touchée, cette péniche s’éventre et disparait dans les flots. La seconde est prise sous les tirs des mitrailleuses allemandes, et 15 soldats sont encore hors de combat. Sous couvert de la falaise, quelques minutes après leur arrivée, les rangers font les comptes : il n’y a plus que 29 hommes valides sur les 65 de la compagnie ! Au-dessus d’eux se trouve une maison fortifiée, le WN 73. Les assaillants trouvent un passage dans les hauteurs, à 300 mètres vers l’Ouest. La lutte qui s’engage alors est féroce et la position ne sera réduite qu’en fin d’après-midi, grâce aux renforts de la compagnie B du 116th régiment arrivés vers 7h. Au soir du 6 juin, seuls 26 rangers sont encore debout sur les 65 initialement débarqués au matin. Quant à la compagnie A du 116th régiment, elle n’a plus d’officiers et seuls 60 hommes sont encore valides sur les 180 veinards de la première vague.
Sur ce secteur, comme sur les autres composant Omaha Beach, la situation n’a pu se décanter que grâce à l’appui de l’artillerie navale, qui, s’approchant au plus près, a effectué des tirs tendus sur les défenses allemandes. Sans appui blindé important, l’infanterie a ainsi pu reprendre mètre après mètre l’initiative et parvenir à se frayer enfin un chemin à l’abri, hors de la plage.
L’agonie d’Harold Baumgarten
Le 6 juin 1944, Harold Baumgarten se dandine dans sa péniche avec ses 29 compagnons d’arme. Le jeune homme de 19 ans est membre de la B Compagny, 116th régiment, 29th Infantry Division. A l’approche de la plage, les périls sont partout. Les balles et les obus allemands accueillent les assaillants. Terrassé par la peur et pressé de s’en retourner, le marin anglais qui les conduit veut abaisser précipitamment la rampe protectrice dans 6 mètres d’eau. Un lieutenant et son colt 45 le persuadent de continuer sa route au plus près de la côte.
Le groupe débarque à la limite du sous-secteur Charlie, face à Vierville-sur-mer. Dès leur arrivée, les GI’s sont fauchés dans l’eau puis sur le sable. Sitôt sorti de son embarcation, le casque d’Hal Baumgarten est frappé par une balle. C’est le premier avertissement. La seconde alerte arrive juste après. Harold raconte : « Mon fusil fut touché et vibra dans mes mains. Mon fusil avait un trou net dans le chargeur, devant la queue de détente. Les sept balles avaient arrêté la balle allemande qui en pénétrant dans le fusil, n’avait pas atteint ma poitrine. »
Cependant sa chance va tourner et son calvaire commencer :
- Un éclat de 88 lui transperce la joue gauche, endommageant ses gencives, ses dents, sa langue et son palais,
- A 10h, des éclats d’obus le blessent à nouveau à la tête,
- Dans l'après-midi, une balle lui troue le pied gauche,
- Vers minuit, un autre éclat d’artillerie lui laboure la lèvre gauche et la mâchoire supérieure,
- Le matin du 7 juin, il prend une balle dans le genou droit.
Abasourdi de douleurs et de morphine, Hal Baumgarten est miraculeusement découvert à moitié-mort par une ambulance et évacué par bateau. Après 32 heures de combat, de survie et 5 blessures dans le chaudron d’Omaha, la mort le relâche. Pour réparer son corps meurtri, il endura 23 opérations chirurgicales. Après-guerre, peut-être en hommage aux infirmiers qui le sauvèrent le Jour J, Hal passa ses diplômes et devint médecin, notamment pour les vétérans. Il coucha également sur le papier ses mémoires : « Témoin sur Omaha Beach ».
A flanc de falaise se trouve le Wn 73 qui constitua un terrible obstacle pour la 29th ID et les rangers le D-Day. |
Le sous-secteur Dog Green d’Omaha Beach vu des hauteurs du Wn 73. |
Dans l’après-midi le mur antichar entre la plage et le bourg est détruit et la commune est libérée par les troupes appuyées par les blindés. Le PC de la 29th Infantry Division du général Gehrardt s’installe dans la nuit. Le 7 juin au matin une contre-attaque allemande est repoussée et les ultimes foyers de résistance allemande éteints par le biais d’un bombardement d’artillerie, mais au prix de nombreuses pertes civiles. L’église est partiellement endommagée suite à des tirs allemands vers 20h mais est depuis restaurée.
De nombreux témoignages de la Bataille de Normandie.
Vous pouvez retrouver sur la route de Grandcamp-Maisy le musée D-day Omaha, installé dans un ancien mess américain utilisé entre juin et décembre 44 : mis en valeur par Mr Brissard, de nombreux équipements sont répertoriés sur fond musical (machine Enigma, radio, optique, matériels du génie, engins et tenues des 2 camps, char goliath, une péniche de débarquement, une tourelle allemande de défense côtière de 60 tonnes).
Monument dédié à la garde nationale américaine, placé au sommet d’une casemate du WN 72. | A l'intérieur se trouve toujours un canon de 88 mm allemand d’une portée de 15 km. |
La commune abrite aussi un élément du port flottant (Mulberry A) détruit lors de la tempête du 19 juin. Ce port artificiel, semblable à celui d’Arromanches, avait été mis en chantier dès le 7 juin et opérationnel le 16. Sa structure s’étendait sur 4.5 km, de Vierville-sur-mer à Saint-Laurent-sur-mer. Après la tempête qui dura 3 jours, les réparations furent sommaires, mais le port continua son office jusqu’en février 1945. Il permit l’acheminement de près de 600 000 soldats et 100 000 engins sur la plage. 24 000 prisonniers allemands et 43 000 blessés l’empruntèrent dans l’autre sens en direction de l’Angleterre.
Statue en mémoire du 116th Regimental Combat Team. | Plaque en mémoire de la 2nd Tactical Air Force. | Monument en l'honneur de la 29th US ID. |