Le cimetière militaire allemand de La Cambe
Le 6 juin 1944 les américains mènent une lutte acharnée afin de s’accrocher à la plage d’Omaha Beach. Malgré la redoutable résistance de la 352 Infanterie-Division, les GI’s s’emparent des villages de Vierville-sur-mer, Colleville-sur-mer et Saint-Laurent-sur-mer. Les troupes alliées portent alors leur effort vers le Sud en direction d’Isigny. La 29th Infantry Division, représentée par son 175th régiment, arrive le soir du 7 juin aux abords de La Cambe, village posé au bord de la RN13. Accompagnés du 747th Tank Battalion, les fantassins libèrent la place au matin du 8 juin. Le 10 juin, le génie commence la construction de l'A-2 Airfield ou stationneront les pilotes du 367th Fighter Group pendant le mois d’août.
Un sanctuaire en Normandie.
A 15 kilomètres d’Omaha beach, les Etats-Unis créent également le cimetière militaire provisoire de La Cambe afin de donner une sépulture décente à leurs morts, ainsi qu’aux combattants ennemis, les autorités allemandes ne pouvant plus assurer cette charge en juin 1944. A compter du 17 juin, les dépouilles sont transférées en GMC. Les pieds et les mains des morts dépassent des véhicules, diffusant une odeur pestilentielle dans les villages traversés. A leur arrivée sur place, les corps sont disposés en croisillons puis les fossoyeurs les recouvrent d’une bâche. Ensuite disposés dans des draps blancs puis dans des grandes tranchées, les allemands sont recouverts de chaux puis de terre. Plus tard, ils sont déterrés pour récupérer leurs effets personnels et leurs plaques d'identités. 60% du terrain sont alloués à l’inhumation de 4 534 américains, les 40% restants étant réservés à 8 574 allemands. Puis à partir de 1947, les Etats-Unis demandent aux familles américaines si elles désirent rapatrier leurs proches morts au combat. Environ 70% choisissent que leur fils, oncle ou père revienne reposer outre-Atlantique. Les autres partent rejoindre le cimetière militaire de Colleville-sur-mer. Quant aux allemands, ils restent sur place.
Le cimetière de La Cambe pendant la Bataille de Normandie.
Cependant la rancœur et le poids de l’occupation laissent des traces tenaces et les normands sont réfractaires à l’idée de cohabiter avec cette nécropole érigée pour l’historique ennemi d’outre-Rhin. Dépourvu d'entretien, le site offre avec le temps un triste spectacle aux visiteurs. En 1954, pour respecter l'accord franco-allemand relatif aux tombes de guerre, il est décidé d'aménager La Cambe pour en faire l'un des six cimetières de regroupement allemand en Normandie. Cette tâche incombe au Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (Service pour l'Entretien des Sépultures Militaires Allemandes). Pour La Cambe, le Volksbund reçoit plus de 12 000 morts supplémentaires provenant des cimetières provisoires des champs de batailles dans plus de 1 400 communes des départements du Calvados et de l'Orne. De nos jours, des corps de soldats allemands sont encore découverts en Normandie (plus de 700 depuis la fin du second conflit mondial).
Michael Wittmann, le tankiste d’un autre calibre
Né en 1914, il rejoint l’infanterie allemande en 1934. Puis en 1937, il devient membre des SS et intègre la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte-SS-Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre Mondiale. Lors des campagnes de France et de Pologne il dirige une voiture blindée, puis un canon d’assaut en Grèce et en Yougoslavie. Enfin en 1941, il commande son premier char et combat sur le front de l’Est. Face aux russes, notamment lors de la Bataille de Koursk, il commence à établir sa réputation et obtient une Croix de fer. Ses résultats lui valent plus tard d’être l’un des premier commandant de char Tigre et d'être décoré de la Croix de Chevalier avec feuilles de chêne. Promu Capitaine (SS-Hauptsturmführer), il arrive en Normandie en avril 1944 au sein du Schwere SS-Panzer-Abteilung 101. Il s'illustre contre une colonne de chars britanniques le 13 juin 1944 à Villers-Bocage. Cependant il est tué avec son équipage le 8 août 1944 près de la ville de Cintheaux, au Sud de Caen, lors de l'opération Totalize. Son corps, probablement inhumé rapidement à proximité de l'épave de son blindé, n'a été retrouvé qu'en , lors de la construction d'une route. Transféré à La Cambe, il repose dans le carré 47, rangée 3, tombe 120, avec les quatre autres membres de l'équipage du Tigre 007. Redoutable chasseur de chars, il comptait 138 tanks ou canons d’assaut et 132 canons antichars ennemis détruits. Un palmarès inégalé en temps de guerre.
Sous le gazon ras, des croix brunes marquent la dernière demeure de 21 200 soldats germaniques. 207 soldats inconnus et 89 morts ayant pu être identifiés gisent sous le tumulus central couronné par une croix de granit de plus de 5 mètres de haut. Une chapelle se situe à l’entrée, derrière un imposant mur. Devant cet accès se situe un espace d’accueil ou le visiteur peut comprendre via de nombreuses photos le travail d’entretien de ce lieu de souvenirs par les camps de jeunesse.
La Cambe, aujourd’hui. | Au centre, un tumulus haut de 6 mètres où reposent 296 soldats. |
Les commémorations en 2013. | Tombe de Michael Wittmann et son équipage. |