La libération de Caen lors de la Bataille de Normandie.
Les alliés espèrent libérer la ville le 6 juin.
Ville de 62 000 âmes située dans le Calvados à 15 kilomètres du littoral, Caen est occupée en juin 1944 par la 716. Infanterie-Division. Cette dernière est renforcé par un atout blindé de poids placé plus au Sud : la 21. Panzerdivision. Dans l’attente d’un potentiel Débarquement en Normandie, les Caennais n’ont pas été ménagés, subissant durant la guerre plus de 1 000 alertes aux raids aériens.
Pour les alliés, Caen et ses ponts sur l’Orne devront être pris dès le 6 juin 1944. Charge aux Britanniques et à leur 3rd Infantry Division de s’acquitter de cette tâche. Après avoir posés pieds sur Sword Beach, les hommes du Général Rennie font face à la résistance tenace des allemands autour de Colleville-sur-Orne. Le matin du 6 juin, l’aviation alliée tente de détruire les ponts de la ville, sans succès.
Afin d'échapper aux bombardements, une famille a trouvé refuge dans l'une des églises de la ville. (IWM)
En début d’après-midi, un déluge de feu s’abat sur le quartier Saint-Jean. Pour échapper aux flammes, 10 000 personnes quittent la ville, notamment en direction des carrières de Fleury-sur-Orne. Ils évitent ainsi les nombreux bombardements ciblant les quartiers Saint-Julien et Saint-Louis. 300 caennais trouvent la mort sous les bombes le 6 juin 1944. Profitant de ponts intacts, les blindés de la 21. Panzer traversent les décombres en direction du Nord, certains éléments parvenant le soir même aux abords de la plage, entre Luc-sur-mer et Lion-sur-mer. Dans le même temps à l’Ouest, la 12. SS-Panzerdivision prend position. Pour Eisenhower, il faut se rendre à l’évidence : Caen restera sous pavillon nazi le Jour J.
Funèbre oraison à la prison
Du côté de la prison de Caen, un épisode macabre se prépare. Harald Heyns, chef de la Gestapo locale, passe le pas de la porte. Ce matin du 6 juin, l’établissement pénitentiaire comporte des dizaines de résistants, des terroristes pour les allemands qui en cas d’alerte doivent être convoyés vers l’Allemagne. Mais la gare est hors d’état et aucuns camions ou effectifs ne sont disponibles pour cette extraction. Heyns vient en fait signifier à l’Hauptmann Hoffmann, commandant du quartier allemand du site, que les prisonniers doivent être passés par les armes. Toute la journée, 87 détenus sont conduits par groupe de 6 dans une cour. Ils sont fusillés et leurs corps ensevelis dans des trous recouverts de chaux. Fin juin les coupables reviendront effacer les preuves de leurs crimes. Les corps seront exhumés puis à nouveau inhumés dans un lieu encore inconnu aujourd’hui.
Les civils sous le feu des bombes
Les alliés poursuivent leurs pilonnages toute la nuit. La caserne des pompiers est pulvérisée, tandis que 7 000 réfugiés trouvent un abri au lycée Malherbe. Finalement les ponts sont détruits ou endommagés, néanmoins le génie allemand parvient à les réparer. Les canons de marine tonnent aussi vers la préfecture du Calvados. Le 9 juin, un obus du HMS Rodney explose le clocher de l’église Saint-Pierre. Au Nord-Est autour de Bréville, les diables rouges de la 6th British Airborne contiennent les contre-attaques ennemies.
Juillet 1944 : Caen, après les bombes... (IWM) | 9 juillet 1944 : un soldat est à l'affût de snipers allemands dans les ruines de Caen. (IWM) |
Une semaine après le Débarquement, seuls 20 000 habitants subsistent encore dans la ville martyre. Ils se sont pour la plupart regroupés dans le lycée Malherbe et du Bon Sauveur. Pour éviter un désastre, les toits des bâtiments sont recouverts de grandes croix rouges.
Cependant le front se rapproche et les alliés passent la vitesse supérieure. Le 26 juin, Montgomery lance le 8th British Corps dans l’opération Epson. L’attaque débute à l’Ouest avec 60 000 hommes, 600 chars et 700 canons. L’objectif des Britanniques est de contourner Caen pour s’emparer de Bretteville-sur-Laize au Sud. Mais même si l’opération échoue, elle permet de fixer les troupes et les renforts allemands sur le secteur, facilitant la percée américaine à l’Ouest. Car pour Montgomery, Caen est la clef de Cherbourg.
Le 7 juillet débute l’opération Charnwood. Un tapis de de 7 000 tonnes de bombes s’abat de 21h50 à 22h30 sur le Nord de Caen. Les 115 000 hommes et les 500 chars du 1st British Corps partent à l’attaque des villages en périphérie, puis le 9 juillet, des membres de la 3rd ID atteignent la place Courtonne. Quant à la 3rd Canadian Infantry Division, elle progresse rue de Bayeux. Vers 13h30 sur les quais de l’Orne, les deux unités se rencontrent, la rive gauche est libérée. Mais avec tous les ponts détruits, la traversée sera périlleuse, d’autant que les allemands tiennent fermement l’autre rive.
La situation se débloque le 18 juillet à l’Est de la ville avec l’opération Goodwood. 75 000 hommes, 1 350 blindés et 750 canons sont mobilisés pour l’offensive. A Vaucelles, les Canadiens, aidés par la résistance, parviennent à faire une percée au-delà du cours d’eau.
S’en est trop pour l’ennemi qui quitte définitivement Caen le 19 juillet. Pour ses habitants le prix de la Libération est lourd : 2 000 caennais ont été tués et 75 % de la ville sont détruits. Quant aux forces Anglo-canadiennes, elles déplorent la perte de 30 000 soldats au terme de 6 semaines de bataille.
Le Mémorial de Caen explique la Seconde Guerre Mondiale
Aujourd'hui, il est nécessaire de se rendre au Mémorial.
Érigé à l’endroit ou se tenait le QG de la 716. Infanterie-Division du Général Richter, il retrace depuis 1988 les différentes étapes de la Seconde Guerre Mondiale et porte son regard jusqu’à la guerre froide. Sur la façade du bâtiment, on peut lire : La douleur m’a brisée, la fraternité m’a relevée, de ma blessure à jailli un fleuve de liberté.
L’espace de 14 000 m2 est très bien organisé et permet de comprendre facilement les différents enjeux politiques et économiques du XXe siècle. Dès l’entrée, on est accueilli par la maquette d’un Typhoon à l’échelle 1/1. Des milliers de documents, cartes, maquettes, tenues, engins et 2 films nous donnent une idées des objectifs stratégiques mondiaux depuis des décennies et des moyens mis en œuvre pour les atteindre. Une galerie de Prix Nobel de la paix est exposée, et pour les plus studieux, une médiathèque bien fournie est disponible.