La gazette
Film No better place to die, de Dale Dye
Par plagesdu6juin1944 | Le 27/09/2012 | Commentaires (0)
Depuis plusieurs années est en préparation un film sur la bataille de La Fière tiré du livre d’un vétéran américain de la 82nd Airborne Division, Robert M. Murphy, ayant pour titre No better place to die. Réalisé par un habitué des caméras, Dale Dye, le projet a été maintes fois retardé par manque de financement. Finalement, la production, via sa page Facebook, annonce le début du tournage pour le printemps 2013.
Le livre du sergent Murphy
Les films sur la seconde guerre mondiale ont toujours fait recette auprès du grand public. Du jour le plus long de Darryl F. Zanuck ( 12 millions de spectateurs français ), à Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg ( 4 millions d’entrées françaises ), en passant par la mini-série Band of brothers produit par Spielberg Himself et Tom Hanks, les téléspectateurs sont friands des grandes épopées militaires. Aujourd’hui une nouvelle adaptation cinématographique doit voir le jour, reprenant un livre à succès d’un para de la 82nd Airborne US, No better place to die.
"Nous tenons ici. Il n'y a pas de meilleur endroit pour mourir." Lt John Dolan, 82nd Airborne Division |
Le 6 juin 1944, le sergent Robert Murphy est parachuté avec l’avant-garde des troupes aéroportées américaines. Il est éclaireur dans le 505th régiment et doit peu après minuit baliser la zone de saut aux abords de Sainte-Mère-Eglise pour le reste de la 82nd Airborne devant le suivre peu de temps après. Près de Sainte-Mère-Eglise se trouve le pont de La Fière. C’est un objectif vital pour les paras car il contrôle le passage sur la rivière Merderet. La Fière doit être le point de passage vers l’ouest pour les troupes débarquées plus à l’est sur la plage d’Utah Beach. Ainsi les alliés pourront couper la presqu’île du Cotentin en deux et fondre sur le port de Cherbourg. Après avoir capturé le pont et pendant 3 jours, les paras vont devoir repousser les nombreuses et violentes contre-attaques d’infanterie et de blindés allemands. C’est ce que l’on appelle la Bataille de La Fière, un des épisodes les plus sanglants de la bataille de Normandie. Bien sûr, Murphy et ses camarades vont au prix de lourdes pertes s’acquitter de leur mission. Pour l’anecdote, c’est le Lieutenant John Dolan, commandant la compagnie A du 1er bataillon, qui dit à ses hommes soumis à l’énorme pression ennemie autour du pont du 6 au 9 juin : « Nous tenons ici. Il n’y a pas de meilleur endroit pour mourir. »
Un autre vétéran s’est intéressé au récit du sergent Murphy. Dale Dye connait l’épisode de la bataille de La Fière et sait lui aussi les dangers du combat. Car Mr Dye, ou plutôt le capitaine Dale Dye, est lui aussi un ancien combattant. Il a fait ses armes au Vietnam dans le corps des Marines ou il fut plusieurs fois décoré pour sa bravoure ( une Bronze Star et trois Purple Heart ). Retraité de l’armée il devient conseiller technique pour le cinéma. Son expérience sert sa crédibilité auprès des producteurs et on le retrouve au générique de films comme Platoon ( 1986 ), Mission Impossible ( 1996 ), ou le déjà mentionné Private Ryan ( 1998 ). Au fil des ans il est devenu un référant privilégié pour qui veut tourner un film de guerre. Il créé également Warrior inc, une organisation qui fournit des services consultatifs techniques à l'industrie mondiale du divertissement. Sa collaboration avec Spielberg semble lui avoir plu puisqu’il remet le couvert avec la série Band of brothers en 2001. Sous ses ordres, les acteurs subissent un terrible entrainement afin de ressembler à de véritables paras de la 101st. Il endosse le costume d’acteur puisqu’il interprète à cette occasion le rôle du colonel Sink ( une habitude pour celui qui joue régulièrement le rôle de gradés à l’écran, dont celui du capitaine Harris dans Platoon ).
Dale Dye campe le colonel Robert Sink, 506th rgt 101st Airborne,
dans la série Band of brothers produite par HBO en 2001 ( photo : site aveleyman )
Au début des années 2000, Dale Dye décide donc de porter au cinéma l’ouvrage à succès du sergent Murphy. D’acteur, il se mue en réalisateur et peaufine son scénario. En juin 2008, on l’aperçoit faisant ses repérages en Normandie près du pont de La Fière pour un tournage devant débuter en juillet. La presse locale s’enflamme pour le projet et des noms ronflants viennent garnir le futur casting. Ed Harris ( Rock, Stalingrad ) serait même de la partie d’après le journal Ouest France. Cependant il y’en a d’autres qui ne sont pas emballés. La crise explose aux Etats-Unis et les banquiers mettent leur véto. Faute de financement, les caméras restent éteintes. Quant au site web officiel du film, il disparait des moteurs de recherches.
Dale Dye ronge son frein pendant que sur le net les internautes se livrent à toutes les supputations. Le film va-t-il vraiment voir le jour ? Quid du casting ? La toile bruisse de commentaires et début 2011 le site Internet IMDB lâche enfin le casting du film. Surprise pas de grand nom à l’affiche mais sortie reconduite en 2012. Et puis à nouveau plus rien…. Crise quand tu nous tiens.
Cependant depuis quelques mois c’est le réalisateur qui multiplie les indices : d’abord une interview publiée le 23 mars dernier pour le site du magazine Armchair Général ou on apprend qu’il retravaille sur son film. Auparavant en janvier est apparu un compte Facebook ou surgit le 25 août le post tant attendu : avec son équipe, Dye prend la direction de Budapest en Hongrie pour commencer les préparatifs de No better place to die. Il annonce surtout que le tournage devrait enfin débuter en avril ou mai 2013 et que l’on risque d’être étonné par le casting. De son côté, IMDB rafraichit ses infos en juillet dernier et prévoit lui aussi une sortie pour 2013 et un budget estimé à 20 millions de dollars ( un peu plus de 15 millions d’euros ).
Au terme de sa publication sur le réseau social, Dale Dye nous demande de rester à l’écoute. Nous veillons depuis 5 ans, nous pouvons bien encore attendre. Espérons seulement que cette fois-ci la dernière mission du capitaine ne soit pas une nouvelle fois ajournée.
Livre "Histoire des commandos de 1944 à 1945"
Par plagesdu6juin1944 | Le 26/09/2012 | Commentaires (0)
Un nouveau livre arrive dans notre bibliographie : Histoire des commandos 1944-1945, de Pierre Montagnon.
Né en 1931 et saint-cyrien, Pierre Montagnon a fait le coup de feu en Algérie comme officier parachutiste dans la légion. Commandeur de la légion d’honneur, historien et conférencier, l’auteur a signé une imposante bibliographie dont « La guerre d’Algérie : genèse et engrenage d’une tragédie », titre remarqué par l’académie française.
Pierre Montagnon s’est intéressé au vécu des commandos et a publié 3 volumes sur ces troupes d’élite : Histoire des commandos de 1939 à 1943, de 1944 à 1945, et de 1945 à nos jours.
Que sont les commandos ? C’est une petite formation très entrainée opérant des coups de mains rapides contre l’ennemi.* Ou comment des hommes aguerris envoyés sur les arrières de l’ennemi doivent le harceler en lui infligeant un maximum de dégâts avec le plus faible engagement humain possible (destructions de réserves de carburants, d’avions, de ports, enlèvements de personnalités, ……). David Stirling, le père des commandos britanniques, disait en 1941 : « il y’aurait donc un avantage considérable à former une unité combinant le minimum d’effectif et le maximum de potentiel de surprise. »**
Nous nous sommes penchés sur le second titre de la trilogie traitant des coups de mains entre 1944 et 45. Dans ces pages se racontent les opérations pour la prise du pont de Bénouville et de la batterie de Merville par les paras britanniques le 6 juin 44, l’assaut des rangers américains sur la Pointe du Hoc et le débarquement des bérets verts français sur Sword Beach.
Outre ces épisodes bien connus par les amateurs de la libération de l’hexagone, on découvre d’autres actions bien plus méconnues mais cruciales pour les donneurs d’ordres : le premier commando héliporté en Birmanie en avril 1944, ou encore des allemands déguisés en américains avec pour objectif de semer le trouble dans les lignes alliées pendant la tentative d’Hitler de percée dans les Ardennes fin 44. Ou plus étonnant l’apparition des torpilles humaines allemandes Negers ou Bibers (l’une d’elle toucha d’ailleurs le croiseur HMS Dragon au large de Sword Beach le 8 juillet 1944).
Mise à l'eau d'un Neger ( photo site 2iemeguerre.com )
L’ouvrage de pierre Montagnon permet de revenir sur les opérations marquantes du D-day. Pour les lecteurs plus éclairés sur le jour J c’est peut-être l’occasion de découvrir des faits d’armes plus méconnus de ces soldats de l’ombre. En complément de l’excellent livre de Jean-Jacques Cécile, les SAS commandos secrets de sa majesté, l’histoire des commandos permet au lecteur d’appréhender toute la force de leur devise : Qui ose gagne !
Titre : Histoire des commandos 1944-1945, de Pierre Montagnon, aux éditions Pygmalion, 332 pages
* Dictionnaire du débarquement, éd. Ouest-France, p181
** Les SAS commandos secrets de sa majesté, de Jean-Jacques Cécile, éd. Histoire et Collections, p16