La gazette
Plages du Débarquement : qui attire le plus les visiteurs ?
Par plagesdu6juin1944 | Le 27/03/2019 | Commentaires (0)
Le Calvados et la Manche regorgent de sites mémoriels sur le Débarquement du 6 juin 1944 et la Bataille de Normandie. Nous vous présentons le Top 10 concernant l'affluence en 2017 dans les sites normands relatifs à la Seconde Guerre Mondiale.
Le cimetière militaire américain d'Omaha Beach, fer de lance du tourisme de mémoire normand.
Les plages du Débarquement confirment leur attrait, enregistrant d'année en année une affluence croissante, au grand bénéfice des acteurs du tourisme local. Si en 1995, ce sont 2.9 millions de visiteurs qui se sont pressés en Normandie, ils étaient 4.3 millions en 2017. Nous vous présentons une infographie sur le Top 10 des lieux de mémoire de la Bataille de Normandie* dans le Calvados et la Manche.
A noter la première place, et de loin, du cimetière militaire américain et son Visitor Center sur Omaha Beach, avec 1.3 millions de visiteurs. Les cimetières militaires sont décidement en bonne place puisque la nécropole allemande de La Cambe arrive en deuxième position. Arromanches et Saint-Côme-de-Fresné tirent également leur épingle du jeu avec le Musée du Débarquement et le Cinéma Arromanches 360, qui accueillirent respectivement 290 000 et 241 000 personnes. Le secteur d'Omaha Beach et Arromanches s'affirment donc comme les locomotives du tourisme normand. Enfin mention spéciale au Dead Man Corner Muséum, qui, grâce notamment à l'édification du D-Day Expérience, est passé de 21 000 entrées en 2009 à plus de 124 000 en 2017 et s'adjuge la 10ème place de notre classement.
Infographie : Top 10 de la fréquentation 2017 des sites de mémoire en Normandie
Les autres musées ne sont pas en reste : 11/ Mémorial Pégasus 111 564 visiteurs, 12/ Musée de la Bataille de Normandie de Bayeux 92 710, 13/ Musée Omaha Beach 80 819, 14/ Centre Juno Beach 76 513, 15/ Musée de la Batterie de Merville 71 207, 16/ Musée D-Day Omaha Beach 22 138, 17/ Mémorial des civils dans la guerre de Falaise 22 058, 18/ Musée N°4 Commando 10 428, ...
Sources : Bulletin Ecodef N°115, Ouest France et Département du Calvados.
*Certains sites, comme la Batterie de Longues sur mer, n'ont pas communiqué leurs affluences lors de l'étude.
L'aumônier Sampson, la foi au milieu des combats.
Par plagesdu6juin1944 | Le 21/03/2019 | Commentaires (0)
L'aumônier Sampson fut un homme de paix au milieu de plusieurs guerres. Vétéran du D-Day, il faillit être exécuté, avant d'être fait prisonnier dans les Ardennes. Entre-temps, il croisa la destinée de quatre frères dont l'histoire inspira un film à succès à Steven Spielberg.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les hommes de la 101st US Airborne Division approchent du Cotentin. Dans le cadre de la Bataille de Normandie, les parachutistes américains doivent sécuriser les arrières du secteur Utah Beach où vont débarquer à l'aube les Gi's de la 4th US Infantry Division. Dans les C-47, des paras prient, espérant traverser les périls sans encombres et survivre à leur premier saut de combat. Cependant, parmi ces milliers de troopers qui pénétrent cette nuit normande préalable à notre libération, un parachutiste affiche sa foi plus que tous les autres. Lui n'emporte pas de Carabine US M1 ou de PM Thompson comme ses camarades. Non, lui est armé de sa bible et de son autel portatif.
A deux doigts d'être fusillé...
Françis Leon Sampson est l’aumônier du 501st Parachute Infantry Régiment. Aux premières heures de l'opération Overlord, ses heures de prêches dans le diocèse de Des Moines dans l'Iowa semblent bien loin face à la tension qui s’alourdit dans la carlingue. Tous attendent que la lumière verte donne le signal aux Screaming Eagles pour leurs sauts dans la pénombre constellée par les tirs de la Flak allemande.
La 101st doit atterrir sur trois drop zones placées dans la Manche entre Saint-Martin-de-Varreville et Saint-Côme-du-Mont. Bientôt, le Père Sampson se retrouve sur le plancher des vaches normandes, mais est délesté de son autel portatif perdu pendant sa descente. Dans le noir, il se lance à sa recherche et parvient à remettre la main sur le précieux objet. Quelques jours après le D-Day, il se trouve dans un poste de secours près de Saint-Côme-du-Mont. Il se tient au chevet des blessés, néanmoins les combats pour la maîtrise du secteur sont âpres entre les deux camps et l'homme d'église est bientôt capturé par deux soldats allemands. Plaqué contre un mur, l'issue funeste de cette rencontre ne fait aucun doute pour lui : l'aumônier va être fusillé.
Terrifié par cette mort imminente, il récite le bénédicité des repas au lieu de l'acte de contrition. Mais sa prière trouve peut-être écho auprès d'une oreille céleste puisqu'il est sauvé de justesse de l’exécution sommaire par le passage d'un sous-officier allemand catholique. Interrogé, Sampson est ensuite relâché car jugé inoffensif par l'ennemi. L'aumônier retourne alors à l’antenne médicale et apaise autant que faire se peut les blessés des deux camps, avant de voir les troupes américaines se rendre définitivement maîtres de la zone.
Passées ces péripéties derrière Utah Beach, le Père Sampson va s'illustrer autrement par un acte qui fera les beaux jours d'Hollywood des décennies plus tard.
Cimetière militaire provisoire de Hiesville le 10 juin 1944 : au premier plan, l'aumônier Catholique Francis L. Sampson bénit les corps de parachutistes tués au combat dont les corps sont enveloppés dans des parachutes.
Ramener le quatrième frère à ses parents.
Tonawanda, dans l’état de New-York, quelques semaines avant le 6 juin 1944. Augusta et Michael Niland vaquent à leurs occupations. Néanmoins leurs esprits sont tournés vers les dernières nouvelles venant du front. En effet en ce printemps 1944, les époux Niland ne sont pas tranquilles. Parents de quatre fils, leurs progénitures accomplissent leur devoir face aux velléités nazies et japonaises. Edward Niland vole sur un bombardier au sein de l’USAAF. Frédérick et Robert ont volontairement fait le choix de l’aéroportée. Quant à Preston, il a intégré l’infanterie et combat avec la 4th US Infantry Division.
Malheureusement, Mr et Mme Niland voient bientôt leur attente bousculée par la réalité de la guerre. Depuis le 16 mai, Edward est considéré MIA, Missing in Action. Son B-25 a été abattu au-dessus de la Birmanie. Depuis, son unité n’a plus de nouvelles du Sergent.
Le 6 juin 1944, le Sergent Frédérick Niland du 501st PIR, régiment du Père Sampson, et le Sergent Robert Niland du 505th PIR, 82nd US Airborne Divison, sont de la partie. Les deux parachutistes sautent sur le Cotentin. De son côté, le Lieutenant Preston Niland débarque à l’aube sur Utah Beach.
Les nouvelles venant de France sont encourageantes. Les alliés progressent, même si sur Omaha Beach, les pertes ont été terribles dans la matinée. Cependant la mort va venir frapper à la porte des Niland. Ils apprennent que leur fils Robert a été tué au combat, Killed In Action le Jour J. Au Nord de Sainte-Mère-Eglise, sa D Compagny se trouvait à Neuville-au-Plain. Les paras ont dû repousser plusieurs contre-attaques allemandes. Submergés par le nombre, les américains décidèrent de décrocher et de retraiter vers Sainte-Mère-Eglise. Le sergent Robert Niland couvrit le repli de son unité avec deux frères d’armes. Ces derniers rentrèrent sains et saufs, mais sans leur sous-officier.
Consumés par le chagrin, les parents n’ont aucun répit, car le deuil s’invite à nouveau sur le pas de leur porte : Preston est tombé au champ d’honneur le 7 juin.
La guerre présente sa facture macabre aux parents affligés. Deux de leurs fils ne reviendront pas vivants de Normandie. Le troisième a disparu, présumé mort dans le Pacifique. Reste le quatrième, Frédérick, semble-t-il toujours en vie, atterrit au Sud-Ouest de Carentan le Jour J.
L'aumônier Françis Sampson a vent du tragique destin des trois frères. Le chaplain entreprend alors les démarches pour que Frederick retrouve ses proches. Le lourd tribut payé par la fratrie Niland parvient ainsi à l’attention de l'état-major. En vertu de la Sole Survivor Policy*, Washington prend la décision de rapatrier le dernier fils aux Etats-Unis afin de l’incorporer dans une unité non combattante. Puis en 1945, le Sergent Edward Niland est retrouvé par les Britanniques dans un camp japonais de prisonniers, captif depuis près d’un an, mais vivant. Cette épopée des frères Niland inspira à Steven Spielberg l'histoire de son film aux cinq Oscars « Saving Private Ryan ».
Le Chaplain est prisonnier en Allemagne.
En septembre 1944, lors de l'opération Market Garden chapeautée par Montgomery, le père Sampson est encore aux côtés du 501st PIR en Hollande. Puis le 19 décembre pendant la Bataille des Ardennes, il est capturé près de Bastogne. Enfermé dans un wagon à bestiaux pendant six jours sans eau ni nourriture, il part pour l'Allemagne et le Stalag II au Nord de Berlin. Finalement, le camp est libéré le 28 avril 1945 à minuit par les chars russes. L'ouverture des portes met fin à quatre mois de détention pour l’aumônier américain.
Après-Guerre, en 1946, il œuvre pour l'autre division aéroportée américaine du Jour J, la 82nd Airborne et son 505th PIR. Puis il rempile en Corée, avant d'être nommé à la tête des aumôniers de l’armée américaine en 1967. Élevé au grade de Major Général, le Père Sampson avait reçu de nombreuses distinctions militaire pour son courage et sa résilience : Distinguished Service Cross, Bronze Star, Purple Heart, Presidential Unit Citation (with two bronze oak leaf clusters). De son vécu en temps de guerre, il en avait tiré deux livres : "Paratrooper padre" (1948) et "Look out below" (1958).
Françis Leon Sampson fit son dernier grand saut en 1996. Atteint d'un cancer, il mourut à 83 ans. Il est inhumé au cimetière St. Catharine de Luverne, dans le Minnesota. Sur sa pierre tombale, ces mots sont gravés : "Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix." Deux ans plus tard, un certain James Francis Ryan était sauvé sur grand écran....
(US Army)
* Ou DoD directive 1315.15, un ensemble de règlements militaires des Etats-Unis conçu pour protéger les membres d'une famille des missions de combat si ils ont déjà perdu des proches au front.