La gazette
La tapisserie échappe aux nazis.
Par plagesdu6juin1944 | Le 27/10/2018 | Commentaires (0)
La célèbre Tapisserie de Bayeux était convoitée par les services d'Himmler et a bien failli se retrouver en Allemagne. Un livre de Jean-Charles Stasi met en lumière cet événement méconnu.
Détail de la tapisserie de Bayeux montrant Odo, demi-frère de Guillaume le Conquérant. (photo : LadyofHats)
Longue de 68 mètres sur 50 centimètres de haut, ce vestige du XIè siècle pèse pas moins de 350 kg. Elle raconte la conquête du trône d'Angleterre par Guillaume le Conquérant, de 1064 jusqu'au dénouement de la bataille d'Hastings le 14 octobre 1066. Perle historique de la Normandie, La Tapisserie de la reine Mathilde est inscrite au Registre Mémoire du Monde de l'UNESCO.
Néanmoins la broderie a bien failli se retrouver en Allemagne pendant la Seconde Guerre Mondiale. Du moins a-t-elle été déplacée jusqu'à Paris. Ce fait méconnu ressort des cartons grâce à l’enquête menée par Jean-Charles Stasi dans son dernier livre Le Vol de la tapisserie de Bayeux, aux éditions Tallandier.
Pour comprendre l'affaire, il faut revenir avant-guerre, dans les années 30. Himmler, chef suprême de la SS, est persuadé qu'il existe en Europe des traces éclatantes de la présence de la civilisation indo-germanique d'origine nordique. Obsédé par la pureté aryenne et le vieil ordre des chevaliers teutoniques, Himmler créé en 1935 une structure pseudo-scientifique, l'Ahnenerbe (Héritage ancestral). La mission de cette dernière est d'étudier les artefacts témoins d'une présence nordique sur le continent, et ainsi justifier la présence des allemands dans des pays étrangers.
De fil en aiguille, on comprend mieux pourquoi la tapisserie de Bayeux, qui raconte l'invasion de L’Angleterre par les Normands descendants des Vikings, était dans le viseur des nazis.
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En 1939, la France perd la guerre et les allemands viennent occuper la place. Herbert Jankhun, archéologue dépêché par Himmler, arrive enthousiaste en juin 1941 à l'Abbaye de Mondaye près de Bayeux afin d'examiner la fameuse tapisserie. En compagnie d'un peintre, d'un photographe, d'un dessinateur et d'un expert en tissage, Jankhun salive devant l'imposante relique. Il faut dire que pour le scientifique, elle serait loin de faire tapisserie dans une grande exposition à Berlin...
Alertés, les Bayeusains réagissent afin d'éviter un exode du patrimoine national. L'équipe de l'Ahnenerbe partie, la broderie est exfiltrée et transférée à Sourches dans la Sarthe.
Les années passent, puis les alliés finissent par débarquer en Normandie le 6 juin 1944. Les allemands reculent, mais n'ont pas oublié le trésor de Bayeux. Fin juin, sur ordre d'Himmler, ils remettent la main sur la tapisserie et la convoient à Paris, au Louvre. Le 20 août, deux SS se présentent au général Von Choltitz, gouverneur militaire du « Grand Paris », afin de récupérer la broderie. Le gradé leur propose d'aller la récupérer au Louvre. Sauf que le bâtiment est depuis tombé aux mains des parisiens insurgés.
Le chef-d’œuvre est exposé au musée en novembre et décembre, puis fini par regagner sa terre normande en mars 1945 avant que le IIIè Reich ne se retrouve au tapis.
Arromanches, l'appel d'offres à bon port.
Par plagesdu6juin1944 | Le 21/10/2018 | Commentaires (0)
Les élus d'Arromanches ont donné le feu vert pour la rénovation et l'extension du Musée du Débarquement. Un appel d'offres a été lancé pour redonner une seconde jeunesse à l'édifice créé il y'a bientôt 65 ans.
Comme dit le vieil adage, mieux vaut tard que jamais. Car cela faisait un moment que le programme de rénovation et d'extension du musée d'Arromanches était dans les tuyaux municipaux. On se disait que le projet devait lentement mûrir, aussi lentement que les lourds caissons Phoenix prirent leur temps pour traverser la Manche en 1944. Les caissons sont toujours là, aux abords de Gold Beach, plantés en mer à deux kilomètres du musée inauguré en 1954 par le président René Coty.
L'édifice explique aux visiteurs la mise en place et l’utilisation du port artificiel par les alliés grâce à différentes maquettes, une animation audiovisuelle et un film de 15 minutes. Il permet aussi de comprendre les différentes phases de la Bataille de Normandie qui se sont déroulées jusqu’au crépuscule du mois d’août 1944. Une visite guidée est proposée par des accompagnateurs très disponibles. Etant l’un des premiers musées sur le D-Day, la collection qu’il recèle réserve quelques belles surprises, comme la veste et le béret vert du commandant Kieffer.
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► L'Overlord Muséum, musée en voie d'extension.
De part sa localisation et ses artefacts, le musée du Débarquement est donc une étape attachante du parcours de mémoire normand, attirant près de 300 000 curieux chaque année. Néanmoins le vénérable bâtiment commence à faire son âge et à souffrir de la comparaison avec les autres musées plus récents du Calvados et de la Manche. Qui plus est, l'afflux croissant des visiteurs sur les plages normandes impose une mue nécessaire. En effet, d'après le comité régional de tourisme, les sites de mémoire comptabilisaient 2,9 millions de visites en 1995. Alors qu'en 2017, ce sont 4,6 millions de personnes qui se sont pressées en Normandie.
Enfin, le jeudi 18 octobre, la nouvelle est tombée : la parution de l’appel d’offres pour la reconstruction et l'extension du musée, incluant la restructuration de la scénographie. Les candidats ont jusqu’au 22 novembre 2018 pour se faire connaître. Et ainsi permettre à l’aîné des musées du Débarquement de raconter encore longtemps la grande histoire du port artificiel impulsé par Winston Churchill.