La gazette
Le jour le plus long, un effort mondial.
Par plagesdu6juin1944 | Le 04/09/2018 | Commentaires (0)
Lorsque l'on parle du Débarquement allié en Normandie, on y inclut communément les Américains, Britanniques, Canadiens, et les Français du 1er BFMC du commandant Kieffer. Néanmoins, d'autres nations ont opéré un rôle non négligeable dans la réussite des opérations militaires du 6 juin 1944.
Reléguées au second rang de la photo de famille du Jour J, les troupes Grecques, Danoises ou Tchèques ont pourtant toute leur place dans la reconnaissance collective. Équipées et pourvues d'uniformes de l'un des trois grands pays de la coalition, leur identification sur les films ou photos d'époque est parfois ardue. En effet, l’État-major avait imposé le port d'un uniforme commun afin de ne pas ajouter à la confusion en plus de la barrière de la langue. Aujourd'hui heureusement, quelques monuments placés ici et là en Normandie rappellent toutefois aux passants que tous les vétérans étrangers du D-Day n'habitaient pas forcément derrière la Manche ou outre-Atlantique.
La Belgique
Treize navires marchands sont incorporés à la flotte alliée. Deux escadrilles de Spitfires, le 349th et 350th Squadrons, prennent pour cible les aérodromes d'Evreux et de Dreux. La chasse belge doit également surveiller le secteur Cabourg/Trouville, à l'Est de Caen. Le 8 août 1944, les 2 200 braves de la brigade Piron débarquent sur le port d'Arromanches. Ils vont se porter vers la Côte fleurie, libérant Cabourg, Trouville, Deauville et Honfleur. Le 4 septembre, la brigade Piron fait son entrée dans Bruxelles. Aujourd'hui, une vitrine présente au sein de la Batterie de Merville leur rend hommage.
Le Commonwealth
Les troupes océaniques vont surtout contribuer au D-Day dans les airs. Dix escadrilles de la Royal Australain Air Force, quatre escadrilles de la Royal New-Zealand Air Force, une provenant de Rhodésie ainsi qu'une unité venant de Terre-Neuve bataillent avec la RAF et la RCAF.
Le Flight Commander Keith Thiele (1921-2016), un des plus grands pilotes
Néo-Zélandais de la Seconde Guerre mondiale et vétéran du D-Day
Le Danemark
800 marins assurent un appui logistique en mer le Jour J. Un monument, érigé entre Sainte-Marie-du-Mont et Utah Beach, leurs rend aujourd'hui hommage.
La Grèce
Malgré leur défaite en 1941, les Grecques poursuivent la lutte, leur gouvernement et leur marine ayant trouvé refuge à Alexandrie. Les marins s'engagent dans la Royal Navy, et des navires marchands apportent également un soutien appréciable. Le 6 juin 1944, les Grecques assurent un appui en mer grâce aux corvettes RHS Kriezis et RHS Tombazis, ainsi que les navires marchands Agios Spyridon, Georges P, Ameriki et Hellas.
Le Luxembourg
Des Luxembourgeois comptent dans les rangs des commandos britanniques du Spécial Opérations Executive (SOE) afin de servir d'interprètes ou pour infiltrer les troupes allemandes. Le Jour J, des éclaireurs et une dizaine de soldats posent pied sur Sword Beach aux côtés des Français.
La Norvège
Des embarcations norvégiennes prennent part au Débarquement allié : un patrouilleur, trois vedettes rapides, les corvettes Acanthus, Eglantine et Rose, et les trois destroyers Glaisdale, Stord et Svenner. Venues du port du Havre, des vedettes allemandes parviennent à couler le Svenner. 32 marins norvégiens et un britannique perdent la vie lors du naufrage. Deux escadrilles, les 331st et 332nd Norvegian Squadrons, viennent grossir les rangs de la RCAF. Un monument érigé à Villons-les-Buissons dans le Calvados est dédié aux combattants norvégiens vétérans de la Seconde Guerre Mondiale.
Le HNoMS Svenner (IWM)
Les Pays-Bas
Le chalutier En Avant participe à l'opération Gambit, et remorque le sous-marin de poche X-23 jusqu'à Porstmouth.
Des pilotes Hollandais du 321st Squadron se battent au-dessus des plages aux côtés de la RAF. Les HNMS Flores et Soema, le mouilleur de mines HNMS Douwe Aukes et 31 bateaux de transport apportent leur pierre à l'édifice allié. Le navire-hôpital Batavias et le navire-magasin Empire sont aussi de la partie. Trois bateaux, le Sumatra, le Parklaan et le Parkhaven servent de blockships sur la digue artificielle de Sword et Gold Beaches.
La Pologne
Les marins polonais vont œuvrer le 6 juin à bord de 9 destroyers, 2 croiseurs, 5 sous-marins ainsi que plusieurs petits bâtiments. Pendant la nuit, les sous-marins Sokol et Dzik ont convoyé des nageurs de combat jusqu'au rivage afin qu'ils détruisent les obstacles de plage. Puis les submersibles se sont repliés en mer afin de montrer la voie aux convois. Au matin le croiseur Dragoon pilonne les batteries allemandes sur Juno et Sword Beaches. Quant au destroyers Krakowiac et Slazak, ils se positionnent devant Arromanches.
La Tchécoslovaquie
Trois escadrilles de chasse et une de bombardement prennent part aux opérations. Les 310th, 312th et 313th Squadrons sécurisent le ciel du Havre et de Saint-Aubin-sur-mer. A la fin du mois de juin, les pilotes tchécoslovaques ont réalisé 1 877 sorties.
La 22nd Independent Parachute Compagny
Cette compagnie intégrée à la 6th British Airborne a la particularité de compter dans ses rangs des germanophones, juifs et antinazis, originaires des pays d'Europe de l'Est sous contrôle allemand. Ces hommes ont un pseudo britannique, des faux-papiers, et ont appris une nouvelle biographie personnelle à réciter en cas de capture. Ses éclaireurs sautent à 0h20 le Jour J sur les DZ N, K, et V afin de les baliser.
Angleterre, 4 ou 5 juin 1944 : les pathfinders de la 22nd Independent Parachute Company sont briefés par le
Lt Bob Midwood avant leurs sauts sur la Normandie.(War Office photographe officiel/Malindine EG (Capt)/IWM)
Juno Beach : le veto de la méduse
Par plagesdu6juin1944 | Le 29/08/2018 | Commentaires (0)
D'Est en Ouest, les nombreux visiteurs arpentent trois secteurs du D-Day gravés à jamais dans l'Histoire : Sword, Juno et Gold Beaches. Mais cela aurait pu aussi être Sword, Jelly et Gold. Jelly, la gelée, comme code pour le deuxième secteur d'assaut, au grand dam de Winston Churchill et des canadiens.
Le 6 juin 1944, des milliers de canadiens et britanniques se pressent au large des côtes normandes. La force J, composée par les 3rd Infantry Division, 79th Armoured Division et 2nd Armoured Brigade, doit débarquer sur les plages allant de Graye-sur-mer à Saint-Aubin-sur-mer. En cette matinée du Jour J, peu avant 8h, les assaillants ont donc pour ligne de mire le secteur Juno Beach. Néanmoins si le terme « Juno » est depuis passé à la postérité, ce secteur a bien failli se prénommer autrement.
Des hommes du North Shore Regiment débarquent d'un LCA sur le sous-secteur Nan Red face à
Saint-Aubin-sur-Mer, alors sous le feu des allemands dans les maisons face à eux. (IWM)
Retour en temps de guerre, lorsque l’État-major allié est en pleins préparatifs de l'opération Neptune, le Débarquement en Normandie. Il lui faut nommer les cinq sites d'assaut amphibie. Omar Bradley, chef de la first US army, choisi pour ses deux secteurs les noms d'Omaha et Utah Beaches. Quant à Montgomery, pour ses trois zones d'attaque, il opte pour des termes plus piscicoles. Sa force G prendra pied sur le secteur Goldfish (poisson rouge), et la force S devra progresser sur Swordfish (espadon). Pour les canadiens, Monty souhaite les faire accoster sur Jellyfish, littéralement la méduse. Pire encore, le mot Jelly seul signifie gelée ou confiture. De mauvaise augure pour les troupes à l'approche de leur traversée de la Manche, et peu disposées à finir en marmelade au pied du Mur de l'Atlantique.
Médusé par cette proposition si peu appropriée dans le contexte d'alors, Churchill y met son veto : « Il faut être très attentif à ne pas choisir des noms qui ne conviennent pas à des opérations au cours desquelles un très grand nombre d'hommes peuvent perdre la vie. »
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Piqués dans leur orgueil, les canadiens ont également du mal à rester de marbre vis-à-vis de cette méduse, idée saugrenue du général anglais. La lumière vient finalement du Lieutenant-Colonel Dawnay, ou plutôt de sa femme. Il leur faut un nom commençant par la lettre J ? Et pourquoi pas Juno ? C'est le prénom de l'épouse de l'officier canadien. On soumet l'idée au chiffre, qui l'approuve, le terme n'étant pas assez explicite pour donner une quelconque indication à l'abwehr, les renseignements allemands.
C'est ainsi qu'aujourd'hui vous pouvez pousser les portes du Centre Juno Beach. Le musée rend hommage aux 45 000 Canadiens qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale, dont 5 500 lors de la Bataille de Normandie. Et dire que ce mémorial aurait pu s'appeler le Centre de la plage de la gelée, secteur ou 359 canadiens perdirent la vie le 6 juin...
Le Centre Juno Beach fondé en 2003 à Courseulles-sur-mer.
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