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Fred Glover, la voie de la Liberté.
Par plagesdu6juin1944 | Le 27/09/2019 | Commentaires (0)
Fred Glover, membre des troupes aéroportées Britanniques et vétéran du Jour J, va avoir une rue à son nom à Merville-Franceville.
Fred Glover en 2013 au cimetière militaire de Ranville.
Olivier Paz, Maire de Merville-Franceville, a annoncé sur les réseaux sociaux la nouvelle ce 27 septembre : une rue de la commune portera le nom de Fred Glover.
Engagé à 17 ans dans l'armée Britannique, il rejoint ensuite la 6th Airborne Division et son 9th Para Battalion. Le 6 juin 1944, son unité doit prendre d'assaut la Batterie de Merville. Arrivé dans le ciel normand à bord d'un planeur, le contact avec le sol français est rude. En 2016 pour le journal Ouest France, le vétéran avait confié : « Je me souviens de ces quelques minutes terrifiantes, où nous avons volé au-dessus de la Manche. (…) On s'est crashés, il fallait arriver au sol le plus rapidement possible pour éviter les tirs antiaériens. »
Le planeur Horsa atterrit avec fracas au bord d'un verger aux abords de la batterie. Sous la violence du choc, Glover, déjà blessé par des projectiles lors de la descente, est projeté dans un fossé. La Batterie de Merville enfin neutralisée, le bataillon doit progresser et Glover doit se résoudre à rester en arrière avec deux Allemands également blessés. Finalement capturé par une patrouille ennemie, il a la vie sauve pour avoir donné sa morphine à l'un des deux Allemands afin de soulager ses douleurs. Prisonnier de guerre, il se retrouve convalescent à Paris à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. Néanmoins, le Red Devil parvient à s'enfuir avec l'aide du personnel français de l'hôpital et de la résistance. De retour en Angleterre, il retrouvera les rangs de la 6th Airborne en octobre 1944.
Depuis, Fred Glover est un fervent défenseur de la lutte contre l'oubli, revenant chaque année en Normandie pour témoigner et se souvenir. Il a d'ailleurs réalisé un saut en parachute en 2016.
Comme pour son frère d'armes Gordon Newton*, disparu en 2018, le peuple normand reconnaissant a donc décidé de donner son nom à un bout de ce Calvados si cher à son cœur. La rue Fred Glover, nouvelle rue de la Paix...
Le post d'Olivier Paz, maire de Merville-Franceville (@paz_olivier/Twitter)
*Mardi 4 juin 2019, la rue Gordon Newton a été inaugurée à Merville-Franceville.
La Fière, "le meilleur endroit pour mourir..."
Par plagesdu6juin1944 | Le 21/08/2019 | Commentaires (0)
Pour garder leurs positions autour d'un petit pont vital pour l'avancée alliée dans le Cotentin, les troupes aéroportées américaines vont repousser les assauts féroces des allemands. Une résistance héroïque qui inspira une phrase culte à un officier, le Lieutenant Dolan.
10 juin 1944 : devant le pont de La Fière gisent les chars allemands neutralisés par les paras américains. (US Nationales Archives)
Le 6 juin 1944, le sergent Robert Murphy est parachuté avec l’avant-garde des troupes aéroportées américaines. Il est éclaireur dans le 505th Parachute Infantry Régiment. Il doit peu après minuit baliser la zone de saut aux abords de Sainte-Mère-Eglise pour le reste de la 82nd Airborne qui va le suivre peu de temps après. Près de la Drop Zone O se trouve le pont de La Fière. C’est un objectif vital pour les paras car il contrôle l'accès sur la rivière Merderet. La Fière doit être le point de passage vers l’Ouest pour les troupes débarquées plus à l’Est sur la plage d’Utah Beach. Ainsi les alliés pourront couper la presqu’île du Cotentin en deux et fondre sur le port de Cherbourg.
Qui plus est, pour les américains, tenir ce pont est primordial. Lui seul permet de rejoindre les deux autres régiments aéroportés de la 82nd largués plus à l’Ouest derrière les allemands, de l’autre côté de la rivière Merderet. Venant de la Drop Zone O au Nord et rejoints par des hommes égarés des 507th et 508th PIR, les parachutistes ont brisé les lignes allemandes au manoir de La Fière et tiennent le pont depuis 11h30. En face les allemands ont repris le hameau de Cauquigny. Ils vont alors concentrer leur attention vers l'Est, vers Sainte-Mère-Eglise. A quelques centaines de mètres de leurs lignes se tient le pont de La Fière, occupé par les parachutistes du 1er bataillon du 505th PIR.
La Bataille de La Fière, épisode sanglant de la Bataille de Normandie.
Dans l'après-midi, après seize heures, un bruit mécanique se fait entendre et approche. Trois blindés allemands venant de Cauquigny, suivis par 200 fantassins, s’avancent sur la route en direction des troopers. Devant les blindés, les allemands font avancer entre 12 et 15 prisonniers américains. Ces derniers doivent enlever les mines posées plus tôt par leurs camarades sur la chaussée. La tension est insoutenable, les allemands mettant à rude épreuve les nerfs des libérateurs.
N’y tenant plus, le Sergent Oscar L. Queen fait cracher sa mitrailleuse et abat le commandant du premier char. John B. Bolderson, Gordon C. Pryne, Lenold Peterson et Marcus Heim sont tapis devant le pont, de chaque côté de la chaussée. Ces deux équipes de Bazooka envoient leurs roquettes contre la colonne de blindés. Un canon de 57 mm fait feu à son tour sur le premier char qui s'immobilise. Cependant celui-ci tire toujours et fauche des parachutistes.
Joe Fitt, C/505th, sort alors à découvert et franchit le pont au milieu du claquement des balles. Puis il grimpe sur le blindé et lance une grenade à l’intérieur. L’explosion élimine les tankistes, le char ennemi se tait. Le lendemain les allemands réitèrent leurs assauts après une forte préparation d’artillerie. Mené par le Lieutenant Dolan, le 1/505th encaisse les coups mais conserve l’édifice.
Face à l’énorme pression ennemie autour du pont, Dolan lance à ses hommes cette formule mémorable :
« Nous tenons ici. Il n’y a pas de meilleur endroit pour mourir. »
John "Red Dog" Dolan, devenu Capitaine, 505th PIR Co A (photo : the 82nd airborne WWII)
Des propos que le Sergent Murphy reprit plus tard pour le titre de ses mémoires « No better place to die. » Aujourd'hui à La Fière, le tumulte des armes a laissé place à un calme seulement troublé par le clapotis des eaux du Merderet et des rares automobilistes. Et sur ce petit pont de pierre, placé en contrebas d'un espace constellé de monuments commémoratifs, il n'y a pas de meilleur endroit pour se souvenir...
Au petit matin derrière le mémorial de La Fière : le pont enjambant Le Merderet, au centre de l'image, soutient désormais la "voie Marcus Heim".