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Opération Gambit : la Royal Navy ouvre la partie !
Par plagesdu6juin1944 | Le 29/06/2015 | Commentaires (0)
Pavillon de la Royal Navy
Les britanniques usèrent de sous-marins de poche afin d’optimiser les chances de réussite d’Overlord. Lancés dans des conditions spartiates en territoire hostile, dix marins montrèrent la voie à 50 000 fantassins.
Faire un Gambit : "Expression utilisée aux échecs, désignant l’action de sacrifier volontairement un pion à l'ouverture d’une partie." C’est par ce terme très optimiste que les stratèges alliés désignèrent une mission à hauts risques du Jour J. L’opération Gambit fait partie du lever de rideau de l’opération Neptune, la phase aéronavale du Débarquement en Normandie. Les pions en question, deux sous-marins de poche, des X-Crafts, doivent traverser la Manche avant la flotte alliée et prendre position au large des côtes normandes. Munis de systèmes de repérage audio et visuels, ils guideront les milliers d'embarcations à bon port vers les secteurs Juno et Sword.
Born in the USA
Le premier sous-marin à usage militaire fut créé par un américain, David Bushnell, en 1775. Dénommé Turtle (photo de droite), il pouvait transporter une personne. De façon autonome, l’opérateur faisait fonctionner son hélice d’une main, et de l’autre son gouvernail. Son but était de s’approcher furtivement des bateaux ennemis afin d’y fixer des charges explosives.
Le 7 septembre 1776, le Turtle fut utilisé pendant la guerre d’indépendance contre le HMS Eagle, navire Britannique mouillant dans le port de New-York. Cependant cela se termina par un échec. |
Nous sommes le 2 juin 1944. Depuis le port de Portsmouth, les sous-marins HMS X-20 et X-23 prennent la mer à 21h30 remorqués par les chalutiers HM Sapper et Darthema. Chaque submersible embarque 5 hommes qui vont devoir cohabiter dans un espace exigu, cernés par la pénombre et l’humidité. Après deux jours en mer, dans la nuit du 3 au 4 juin, les chalutiers libèrent leurs hôtes. Le plus dur commence pour les commandants des deux appareils, les lieutenants de vaisseau Kenneth Robert Hudspeth et George Honour, et leurs équipages.
Après avoir traversé les champs de mines allemands, les sous-marins arrivent indemnes aux abords du littoral français, le X-23 face à Ouistreham, le X-20 devant Ver-sur-mer. Le 4 juin à midi, ils font surface afin d’observer leurs objectifs pour l’invasion prévue le lendemain. En fait, le Lt. Hudspeth connait déjà le coin. Le 16 janvier 1944 avec ses hommes, Ils étaient venus devant Luc-sur-mer, puis Omaha Beach et enfin devant l'estuaire de l'Orne. L'équipage devait établir une cartographie détaillée des fonds marins, des courants et des défenses de plage. Ils avaient même gagné la plage à la nage afin de récupérer des échantillons de sable. Le 21 janvier, épuisés, ils prirent le chemin du retour, ramenés par le HMS Dolphin (voir COPP, ci-dessous).
Cependant en ce début juin la météo est mauvaise et n’encourage pas les alliés à se lancer à l’assaut du Mur de l’Atlantique. Eisenhower prend donc la décision de reporter ses plans de 24 heures. Avertis par un message codé de la BBC, les lieutenants Hudspeth (X-20) et Honour (X-23) posent alors leur navire sur le fond et patientent.
X-24 présenté au Royal Navy Submarine Museum Longueur : 15m62/Largeur : 1m75 (photo: Geni) |
Intérieur du X-24 (photo : Geni) |
Le Lieutenant de vaisseau George Honour, DSC. (photo : Royal Navy Submarine Muséum) |
Matin du 6 juin 1944. Cela fait 74 heures que les marins cohabitent dans un espace mesurant un peu plus de 5 mètres cubes. Impossible pour eux de se coucher simultanement ou de se tenir debout, la hauteur sous plafond ne dépassant pas 1m50. A 4h45, les X-20 et X-23 font surface à un kilomètre et demi de la côte, à portée de tirs allemands. Grâce à cette sortie, ils captent le message « Padfoot ». C'est le feu vert qu'ils attendaient. Vêtus de leurs combinaisons étanches, les hommes se mettent à l’œuvre : Ils déploient des mâts télescopiques hauts de 5 mètres 50 sur lesquels ont pris place des lampes à éclats. Invisibles depuis la plage, ces phares à lumière verte permettent aux submersibles d’être repérés à 8 kilomètres depuis le large. Des balises radio sont également actionnées et faciliteront le guidage des bateaux vers les zones de débarquement. A 5 heures 20, tout le système est opérationnel, les marins ont rempli avec succès leur office.
Bientôt, l’imposante masse des forces navales anglo-canadiennes S et J pointe à l’horizon. Le lieutenant Honour n’oubliera jamais cette vision : « C'était incroyable. Même si je savais qu'ils étaient de notre côté, c'était encore un spectacle effrayant. On peut seulement imaginer ce que les ennemis ont dû ressentir, se réveiller face à ce spectacle impressionnant et savoir qu'ils en étaient les cibles.» Chaloupés par les vagues, les sous-mariniers sont survolés par les bombardiers partant toquer à la porte des allemands, leurs annonçant ainsi le début du D-Day. Risquant d'être heurtés par des mastodontes d'acier, les 10 marins assistent dans leurs frêles esquifs au plus grand feu d’artifices de leurs vies, puis aux premières vagues d’assaut. Enfin en cours de journée, ils font route vers le large afin de rallier les deux chalutiers qui les reconduiront en Angleterre. Pas mal pour ces deux petits pions qui, sur le grand échiquier de la Bataille de Normandie, ont donc aidé à mettre Hitler échec et mat.
Le COPP, Combined Operations Assault Pilotage Party
Bien avant le 6 juin 1944, les britanniques ont menés des opérations d’espionnage sur les côtes européennes. Dès 1940, des nageurs de combat viennent reconnaître les côtes potentiellement exploitables pour un débarquement massif. Ils sont 10 équipes de 2 commandos. Les binômes se composent d’un navigateur de la Royal Navy et d’un membre des Royal Engineers. Débarqués d'un sous-marin dans un canoë , ils glissent sur l’eau silencieusement dans la nuit. Un homme reste ensuite dans l’embarcation tandis que son camarade rejoint la rive à la nage pour effectuer divers prélèvements géologiques. A l’époque, ces hommes téméraires portent un simple pull-over et un caleçon long enduit de graisse. Puis à l’été 1942, le COPP est créé sous la direction d’un de ces 20 vétérans des premières heures, le Lieutenant Commander Nigel Clogstoun Wilmott. Le COPP fait ses armes en Méditerranée, en Europe, dont bien sûr la France pour la préparation de l’opération Neptune. Sa dotation a elle aussi évoluée. Les nageurs sont dorénavant équipés de grosses combinaisons plastifiées doublées de Kapok, de lampes et de montres étanches, et un colt 45. Ils peuvent également utiliser des appareils de respiration artificielle et de remontée en surface, le Davis Submerged Escape Apparatus (DSEA), contenant 56 litres d’oxygène comprimés permettant 30 minutes d'autonomie. |
Stephane Samson
contact@plagesdu6juin1944.com
Sources :
D-Day Documents, de Paul Winter.
Livre Gold Juno Sword, de Georges Bernage, éd. Heimdal
Livre Histoire des commandos 1944-1945, de Pierre Montagnon, éd. Pygmalion
On a dormi sur l'A-7 Airfield de Fontenay-sur-mer
Par plagesdu6juin1944 | Le 25/06/2015 | Commentaires (0)
patch 9th USAFF |
patch 4th ID |
La ferme médiévale servant de logis aux visiteurs.
La 4th ID a enduré de terribles combats en juin 44 pour sa capture.
La ferme du château de Fontenay se situe entre Saint-Marcouf et Montebourg. Au cœur d’un domaine boisé, annick Leblond, la souriante maîtresse de maison, nous fait faire le tour du logis. Sous les regards des placides ânes et d’un poney, nous profitons de la quiétude et du cadre rustique de cette chambre d'hôtes.
Au-delà de cette jolie carte postale, il faut savoir qu'à côté de la ferme, le château de Fontenay a accueilli en 1944 l’US Air Force. Auparavant le domaine abritait une batterie allemande de 4 canons de 105 mm, et les GI's du 22nd régiment, 4th Infantry Division venue d'Utah Beach, ont dû opérer plusieurs attaques avant de conquérir la place le 12 juin. Le château a été très durement touché par les combats et est aujourd’hui toujours en ruines.
Il fut ensuite établi sur le site l’A-7 Airfield destiné à la 9th USAAF. Dénommé A-7 Azeville par les alliés, il était cependant situé sur la commune de Fontenay-sur-mer.
L’aérodrome fut opérationnel le 23 juin et totalement achevé le 2 juillet. Ainsi les P-47 Thunderbolts du 365th Fighter Group pouvaient y étendre leurs ailes jusqu’au 15 août 1944. Puis ils laissèrent la place aux P-51B Mustang du 363rd Fighter Group, qui utilisèrent l’A-7 jusqu’au 15 septembre 1944. La piste se trouvait au Nord du Château, littéralement dans son parc.
Aujourd’hui, aucunes traces de l’aérodrome ne subsistent sur le domaine.
Le château de Fontenay-sur-mer de nos jours.
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Le même endroit en 1944. Le colonel James B. Tipton commande le 363rd FG et pose avec son P-51. |
Et les chambres dans tout ça ? Les chambres sont à l'image des lieux, authentiques. La bâtisse a été rénovée récemment, mais en conservant cette ambiance "vieilles pierres". Nous avions opté pour un gîte. Côté équipements de cuisine, tout est sain et fonctionnel (micro-ondes, machine à dosettes, lave-vaisselle, grand frigo). Et vous pouvez même faire un feu de cheminée. Pour les chambres, les draps sont propres, comme la grande salle de bains. Encore une fois les propriétaires privilégient l'authenticité, donc pas de télévision ou de radio, et pour la connexion Internet, cela se passe dans la salle à manger de la famille Leblond. Je vous conseille de prendre vos nuitées avec le petit-déjeuner, qui est .... Gargantuesque : viennoiseries, gâteaux, fromages, laitages à profusion, de quoi vous caler jusqu'au soir. Le tout servi dans la belle et grande cuisine de la ferme. Tarifs 2015 : de 45 à 65€/nuit suivant gîte ou chambre d'hôtes.
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Ferme du château de Fontenay
2, château de Fontenay
50310 Saint-Marcouf-de-l'Isle
Tel : 02 33 40 24 10 / 06 88 13 92 01
www.fermeduchateaudefontenay.com
Pour en savoir + =>
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Remerciements : François Robinard, et Patrick Elie du site www.6juin1944.com