guerre
Les frères Niland, l'histoire avant les oscars.
Par plagesdu6juin1944 | Le 17/07/2016 | Commentaires (0)
Quatre frères partirent en guerre en Europe et dans le Pacifique. Quatre soldats dont le sort mit les autorités américaines face à leurs responsabilités. Quatre destinés dont s’inspirèrent les studios hollywoodiens pour un film devenu mythique.
Tonawanda, dans l’état de New-York, quelques semaines avant le D-Day. Augusta et Michael Niland vaquent à leurs occupations. Néanmoins leurs esprits sont tournés vers les dernières nouvelles venant du front. En effet en ce printemps 1944, les époux Niland ne sont pas tranquilles. Parents de quatre fils, leurs progénitures accomplissent leur devoir face aux velléités nazies et japonaises. Edward Niland vole sur un bombardier au sein de l’USAAF. Frédérick et Robert ont volontairement fait le choix de l’aéroportée. Quant à Preston, il a intégré l’infanterie et combat avec la 4th Infantry Division.
Les 4 frères Niland (US National Archives)
Malheureusement, Mr et Mme Niland voient bientôt leur attente bousculée par la réalité de la guerre. Depuis le 16 mai, Preston est considéré MIA, Missing in Action. Son B-25 a été abattu au-dessus de la Birmanie. Depuis, son unité n’a plus de nouvelles du Sergent.
Le 6 juin 1944, l’opération Overlord débute, avec sa phase amphibie sur les côtes normandes, Neptune. Le Sergent Frédérick Niland du 501st PIR, 101st US Airborne Division, et le Sergent Robert Niland du 505th PIR, 82nd US Airborne Divison, sont de la partie. Les deux parachutistes sautent de nuit sur le Cotentin. De son côté, le Lieutenant Preston Niland débarque à l’aube sur Utah Beach.
Les nouvelles venant de France sont encourageantes. Les alliés progressent, même si sur Omaha Beach, les pertes ont été terribles dans la matinée. Cependant la mort va venir frapper à la porte des Niland. Ils apprennent que leur fils Robert a été tué au combat, Killed In Action le Jour J. Au Nord de Sainte-Mère-Eglise, sa D Compagny se trouvait à Neuville-au-Plain. Les paras ont dû repousser plusieurs contre-attaques allemandes. Submergés par le nombre, les américains décidèrent de décrocher et de retraiter vers Sainte-Mère-Eglise. Le sergent Robert Niland couvrit le repli de son unité avec deux frères d’armes. Ces derniers rentrèrent sains et saufs, mais sans leur sous-officier.
Consumés par le chagrin, les parents n’ont aucun répit, car le deuil s’invite à nouveau sur le pas de leur porte : Preston est tombé au champ d’honneur le 7 juin.
La guerre présente sa facture macabre aux parents affligés. Deux de leurs fils ne reviendront pas vivants de Normandie. Le troisième a disparu, présumé mort dans le Pacifique. Reste le quatrième, Frédérick, semble-t-il toujours en vie, atterrit au Sud-Ouest de Carentan le Jour J.
L'aumônier Françis Sampson, qui œuvre dans le 501st PIR, a vent du tragique destin des trois frères. Le chaplain entreprend alors les démarches pour que Frederick retrouve ses proches. Le lourd tribut payé par la fratrie Niland parvient ainsi à l’attention de l'état-major. En vertu de la Sole Survivor Policy*, Washington prend la décision de rapatrier le dernier fils aux Etats-Unis afin de l’incorporer dans une unité non combattante. Puis en 1945, Le Sergent Edward Niland est retrouvé par les Britanniques dans un camp japonais de prisonniers, captif depuis près d’un an, mais vivant.
Inhumés depuis juin 1944 en Normandie, il fut demandé aux époux Niland s’ils souhaitaient que les corps de leurs enfants leurs reviennent. Il fut décidé que Robert et Preston resteraient en France. Ils reposent côte à côte au cimetière militaire américain de Colleville-sur-mer, dans la parcelle F, rang 15. Deux croix en marbre blanc portant les numéros 11 et 12 marquent l’endroit de leur ultime demeure.
Bien plus tard, l’histoire des frères Niland saisit et inspire un autre américain. En 1998, le film « Saving private Ryan » de Steven Spielberg bouleverse les codes du film de guerre et s’octroie un énorme succès et 5 oscars. Le Capitaine John H. Miller, du 2nd Rangers (Tom Hanks) doit avec son escouade retrouver et ramener le soldat James F. Ryan (Matt Damon), dont les trois frères ont été tués au combat. Mais inutile aujourd’hui de chercher les tombes des frères de James Ryan où la sépulture du Capitaine Miller à Colleville-sur-mer. Ils n’ont combattu que sur grand écran…
Tombes de Preston et Robert Niland au cimetière militaire américain de Normandie.
* Ou DoD directive 1315.15, un ensemble de règlements militaires des Etats-Unis conçu pour protéger les membres d'une famille des missions de combat si ils ont déjà perdu des proches au front.
Sources :
Article "Saving private Ryan a real life drama", de Ron Churchill
Site Saving private Ryan encyclopédia online
T/Sgt Frank Peregory, Médal of Honor... puis Purple Heart.
Par plagesdu6juin1944 | Le 10/07/2016 | Commentaires (0)
Bloqué devant Grandcamp-Maisy, le 3/116th régiment subit le feu mortel des mitrailleuses en contrebas d’un point défensif allemand. Mais le courage d’un sergent va tout changer.
Technical Sergeant Frank D. Peregory, 29th US Infantry Division. (US Nationales Archives)
Frank Peregory s’engage en 1931 à 15 ans dans la Garde Nationale après avoir menti sur son âge. Le 6 juin 1944, la 29th Infantry Division est aux côtés de la 1st Infantry Division lors de l’attaque sur Omaha Beach. Cette première vague d’assaut comprend le 116th Régiment et sa K Compagny, unité dans laquelle évolue le Technical Sergeant Peregory. Malgré des pertes terribles chez les assaillants, le sous-officier survit au Débarquement, et s’avance vers un destin exceptionnel.
Ayant progressée vers l’Ouest, la 29th ID est aux portes de Grandcamp-Maisy le 8 juin. Néanmoins les mitrailleurs allemands embusqués sur les hauteurs occasionnent encore de lourds dégâts aux GI’s. Les blindés et l’artillerie arrosent les positions ennemies, sans succès. Bien que pris pour cible, Peregory commence l’ascension vers cette butte hostile. Il parvient à atteindre une tranchée et s’avance seul vers le cœur du système défensif.
Une première escouade de feldgraus lui fait face, obstacle qu’il neutralise à coups de baïonnettes et de grenades. Faisant 8 tués et 3 prisonniers, il poursuit sa progression et parvient aux nids de mitrailleuses. Il contraint alors 32 autres soldats à se rendre, et permet ainsi au 3rd battalion de pousser vers son objectif.
Pour sa bravoure et son esprit d’initiative au mépris du danger, le Technical Sergeant Frank D. Peregory se voit attribuer la Médaille d’Honneur du Congrès, plus haute distinction militaire américaine.
Malheureusement, le sergent Peregory ne pourra apprécier longtemps cet honneur. Il est tué le 14 juin près de Couvains au Nord-Est de St-Lô, à l'âge de 28 ans.
Medal of Honor et Purple Heart du Sergent Peregory exposées au Visitor Center. | Il repose au cimetière militaire américain de Colleville-sur-mer, plot G, rang 21, tombe N°7. |
Sources :
Livre La 29e division américaine en Normandie, de Joseph Balkoski, éd. Histoire et Collections
Site ABMC