infantry division
Livre La 29e division américaine en Normandie
Par plagesdu6juin1944 | Le 22/12/2013 | Commentaires (0)
Un nouveau livre débarque dans notre bibliographie : La 29ème division américaine en Normandie, de Joseph Balkoski.
Le 6 juin 1944, la 29th ID doit mener à bien une mission périlleuse et capitale. Les GI’s doivent arriver sur Omaha Beach aux abords des villages de Saint-Laurent-sur-mer et Vierville-sur-mer. La plage est entourée de hautes falaises et très bien défendue par de nombreux bunkers et nids de mitrailleuses. Cependant la 29th, conduite par le bouillonnant général Charles H. Gerhardt*, compte dans ses rangs des hommes bien entrainés.
Réactivée en 1941, La Blue and Grey est une unité issue de la garde nationale dont les membres proviennent de Virginie, du Maryland et de Pennsylvanie. Cependant suite à cette reformation le moral dans les cantonnements est bas et l’équipement vient à manquer. La 29th rejoint alors le Royaume-Uni en septembre 1942 à bord du Queen Mary et commence ses entrainements en vue du futur débarquement en Normandie. Le manque d’entrain des hommes est patent mais Gerhardt va y remédier. Le général prend son commandement en Angleterre et insuffle la discipline à ses troupes, soutenu par le compétent Brigadier Général Norman Cota. Spécialiste de l’assaut amphibie, Cota améliore la cohésion entre ses subordonnées et rehausse la confiance dans les objectifs à atteindre. Contrairement à la first ID ( 1ère division d'infanterie ) qui va débarquer à ses côtés sur Omaha le Jour J, la 29th n’a encore pas connu l’expérience du feu dans cette seconde guerre mondiale. L’auteur dépeint le contexte : « Les deux unités formaient un couple mal assorti. Bien que leur mission semblât identique, elles étaient dissemblables. La première trouvait ses origines dans l’armée d’active et comportait un noyau dur d’anciens au cuir tanné, la seconde ( la 29th ) comptait des soldats-citoyens. ( …) La première pouvait compter sur 27 ans d’existence, la seconde avait été activée depuis 3 ans seulement et n’avait pas fait ses preuves. Mais elles avaient une certitude en commun, elles croyaient dur comme fer en leurs capacités. » Le Jour J, son 116th régiment fait partie de la première vague d’assaut. Ses pertes sont terribles, 1 000 hommes du régiment sont perdus lors de cette attaque. Mais guidés par le général Cota et soutenus par les canons de marine, les GI’s progressent vers les hauteurs et annihilent la résistance allemande. Ainsi le 8 juin, les américains font leur jonction avec les Britanniques débarqués sur le secteur voisin de Gold Beach, avant de serrer le 11 juin la main des paras de la 101st airborne venus d’Utah Beach.
Le Major Général Charles Gerhardt ( 1895-1976 )
« Moins de 2 mois après le Jour J, sept des neuf commandants de bataillon avaient été tués, blessés ou relevés de leur commandement. » |
Les hommes piquent alors vers le sud, direction Saint-Lô. Mais la route est périlleuse, les allemands utilisant habilement les abondantes haies pour harceler les GI’s. Un rapport alarmant arrive sur la table de l’Etat-Major : un chef de section a peu de chances de servir plus de 3 semaines en Normandie sans être tué ou blessé. Les commandants de bataillons sont eux aussi très exposés « Moins de 2 mois après le Jour J, sept des neuf commandants de bataillon avaient été tués, blessés ou relevés de leur commandement. » La bataille des haies contre les Fallschirmjäger ( paras ) et les SS fait rage mais les américains atteignent finalement Saint-Lô le 18 juillet. Depuis le 6 juin, la division a perdu 7 000 hommes, dont plus de 2 000 morts.** La Blue and Grey poursuivit encore son effort avant d’être retirée du front le 15 août.
Publié en 1989, avec pour titre original Beyond the beachhead, the 29th Infantry Division in Normandy, le livre est enfin traduit en français cette année. Historien officiel de la Maryland National Guard, Joseph Balkoski livre ici un manuscrit saisissant par la qualité de sa narration. Les personnalités de l’énergique général Gerhardt ou du charismatique Norman Cota se dévoilent au fil des pages. Rehaussé de nombreuses cartes, les 370 pages du récit exposent de poignants témoignages de vétérans, notamment le débarquement des GI’s sur Omaha Beach. L’ouvrage fait comprendre au lecteur le danger irrespirable qu’ont connu les américains face aux allemands pendant les 2 mois ou ils ont progressé dans l’enfer normand. L’éditeur Histoire et Collections livre ici une petite perle, un témoignage du lourd tribut payé par les Etats-Unis pour la libération de l’hexagone. Une étude pouvant aussi expliquer au plus grand nombre pourquoi les vétérans peuvent revenir du front psychiquement très marqués. Joseph Balkoski explique : « En 1945, quand la 29th se retrouva provisoirement en réserve, le 115th Infantry fut choisi pour l’attribution d’une distinction collective, la Distinguished Unit Citation. Le général Gerhardt souhaita que le fanion de chaque compagnie soit porté par un soldat qui avait débarqué le 6 juin. La moitié des compagnies n’en produisit qu’une poignée, et les autres – des compagnies de fusiliers - n’en comptaient plus aucun. Tout leur personnel avait rejoint postérieurement au débarquement. » Par delà leur bravoure, ces hommes ont fait honneur à la devise de la 29th Infantry Division inspirée par le fougueux Gerhardt : "Twenty-nine, let's go !" ( 29ème, on y va ! )
Livre La 29e division américaine en Normandie, aux éditions Histoire et Collections, 406 pages
*Né en 1895 et fils d’un officier de carrière, il sort de West Point en 1917 et prend part à la grande guerre. En 1939, il commande la 51st Cavalry Brigade au Texas, puis la 91st Infantry Division en Oregon. Il prend ensuite en main la 29th ID jusqu’à la fin de la guerre.
**Dictionnaire du débarquement p259