libération
Ici Londres. De Gaulle parle aux français.
Par plagesdu6juin1944 | Le 02/08/2019 | Commentaires (0)
A la Libération, les alliés comptent placer la France sous leur protectorat. Mais le général De Gaulle entend bien faire savoir aux français qu'il s'oppose à leurs projets. Le 6 juin 1944, il prend le micro de la BBC et débute une allocution radiophonique devenue mémorable.
Charles De Gaulle au micro de la BBC avant une allocution entre 1940 et 1943.
A l'approche du Débarquement allié en Normandie, la tension va crescendo à Londres. Le général Eisenhower, commandant du corps expéditionnaire allié, fait prendre connaissance au général De Gaulle de l'allocution qu'il prononcera le 6 juin 1944. Le Président du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) parcourt le document et s'oppose de suite à son contenu. Eisenhower va exiger du peuple français qu'il exécute ses directives, et qu'une fois venue leur libération, les Français pourront choisir eux-mêmes leurs représentants et leur gouvernement.
En clair, les alliés souhaitent mettre en place à la Libération le gouvernement militaire allié des territoires occupés (ou l'Allied Military Government of Occupied Territories : l'AMGOT). Ce potentiel gouvernement militaire d'occupation, constitué d'officiers américano-britanniques, serait chargé d'administrer les territoires libérés et ainsi assurer un fonctionnement de l'administration en attendant l'établissement d'un gouvernement légitime élu par le peuple.
Churchill plie face à De Gaulle.
Mais De Gaulle, qui a déjà créé en 1943 à Alger le Comité français de la Libération nationale (CFLN) avant de représenter le GPRF, ne l'entend pas de cette oreille et exige qu'Eisenhower modifie son discours, ce que ce dernier accepte.
De retour à l'hôtel Connaught, De Gaulle reçoit la visite de Charles Peak, envoyé par le Foreign Office. Peak explique au général que les chefs de gouvernements et les rois en exil à Londres prendront tour à tour la parole au micro de la BBC dans la matinée du 6 juin. Le roi de Norvège ouvrira le bal, puis la reine de Hollande, puis la grande-duchesse de Luxembourg. Ensuite viendront le Premier ministre belge puis le général Eisenhower. Enfin viendra le tour de De Gaulle. Mais le chef de la France Libre refuse ce protocole. Surtout, s'exprimer à la radio après Eisenhower reviendrait à cautionner la proclamation des Américains. De Gaulle exige donc de parler à un autre moment que les autres dignitaires. Averti, Winston Churchill s'emporte, mais même les plus grandes menaces ne font pas fléchir la volonté du français. Las, Churchill accepte que De Gaulle prenne la parole à 18h sur les ondes de la BBC.
Le Jour J, depuis la capitale anglaise, De Gaulle lance cet appel resté dans l'Histoire :
« La bataille suprême est engagée ! Après tant de combats, de fureurs, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. Bien entendu, c'est la bataille de France et c'est la bataille de la France ! »
Le 14 juin, après avoir débarqué à Courseulles-sur-mer, le général De Gaulle fait une entrée triomphale dans la ville de Bayeux. Il en profite surtout pour court-circuiter les projets alliés visant à mettre les territoires libérés sous le contrôle de l'AMGOT. Face aux Bayeusains, il nomme les premiers commissaires de la République provisoire, et rétablit ainsi l'autorité d'un gouvernement national.
Une ténacité et une influence qui fit dire au général Edward Spears, représentant du gouvernement britannique auprès de De Gaulle, ce bon mot attribué à tort à Churchill : « La croix la plus lourde que j’ai jamais eue à porter est la croix de Lorraine. »