normandie
Livre Le Débarquement pour les Nuls
Par plagesdu6juin1944 | Le 21/04/2014 | Commentaires (0)
Un nouvel ouvrage parait dans notre bibliographie : Le Débarquement pour les Nuls, de Claude Quétel.
Il fallait bien que cela arrive. La collection jaune et noire se penche maintenant sur le Débarquement en Normandie. Après des titres comme « La conception des pièces moulées par injection » ou « je repasse le bac », Les Nuls, spécialistes de l’informatique dans les années 90, s’intéressent aujourd’hui au Jour J. Pour ce titre, on retrouve Claude Quétel à la narration. Déjà connu dans notre blog pour son Dictionnaire du Débarquement (éditions Ouest France ), ou Le larousse de la seconde guerre mondiale (éditions Larousse), cet historien, ancien instituteur normand, reprend les grandes phases du Quand, du Comment et du Pourquoi de l’opération Overlord.
Illustré par 13 cartes du front et 4 organigrammes, ce Débarquement pour les Nuls rend accessible l’histoire militaire même aux plus novices. En introduction, Claude Quétel espère avoir réussi le pari de raconter le quotidien des soldats et des civils sans rentrer à l’excès dans une explication technico-tactique d’Overlord. Pari réussi, les habitués des éditions pour les Nuls retrouveront donc un récit clair et pédagogique, ponctué d’anecdotes parfois savoureuses. Comme page 307, ou les manuels de bonne conduite distribués avant l'invasion aux soldats Britanniques leurs conseillent de ne pas parler de religion ou de politique avec les français…
A noter le chapitre 30 du livre, consacré à la mémoire de ce Jour J. Une partie qui revient entre autres sur les cimetières militaires, propices à la mémoire du silence, ou sur les péripéties depuis 70 ans des commémorations, comme en 1964 lorsque le président de la République Charles de Gaulle refusa d’assister aux célébrations.
L'histoire des livres pour les Nuls Nous avons tous dans notre bibliothèque ou vu en magasin ces livres aussi discrets que de porter un costume jaune à pochette rose à son mariage. Il faut traverser l’Atlantique pour comprendre l’épopée des Nuls. Sous l’appellation « For Dummies », le titre a su profiter de l’explosion des nouvelles technologies aux États-Unis. En 1987, les manuels d’informatique sont compliqués et les débutants sont vite découragés lorsqu’il s’agit de paramétrer leur nouveau PC. Un client d’un magasin d’informatique, frustré par tant de complexité, cherchait un livre simple pour enfin s’en sortir face à son bel mais indomptable ordinateur. « Il me faudrait quelque chose comme Dos pour les Nuls » disait ironiquement ce client. La remarque, si elle fit sourire le vendeur, fut révolutionnaire. En 1991 sort DOS for Dummies, rendant immédiatement Windows et Internet accessible à des millions d’utilisateurs n’ayant pas Bac+5 en ingénierie numérique. Cependant l’accueil reçu en magasin par l’éditeur est mitigé. Les distributeurs et autres libraires craignent que leurs clients ne se sentent insultés, traités ainsi de boulets. Mais chacun comprend que le terme « nuls » est plus affectif que péjoratif et les ouvrages sont mis en rayon. Le succès est considérable, le lecteur peut alors comprendre de façon simple, rapide et amusante le plus compliqué des concepts. Le filon est trouvé et les déclinaisons vont pulluler de façon exponentielle. Depuis 25 ans tous les sujets y passent, du « E-Bay pour les Nuls » à « Les gestes de la manipulation pour les Nuls » permettant ainsi à 1 800 titres d'être vendus à 250 millions d’exemplaires à travers le monde. Et ce phénomène traduit en plus de 30 langues n’est pas près de s’estomper. Source : www.fordummies.com |
Ainsi, le lecteur non familier de la seconde guerre mondiale ou de l’histoire du D-Day peut aisément comprendre les enjeux et la nécessité pour les alliés de faire débarquer plus de 150 000 hommes sur le littoral normand. Pourquoi fallait-il l’ouverture d’un second front pour soulager les Russes ? Pourquoi la Normandie ? Claude Quétel fait un large tour de l’horizon attenant au Jour J, sans oublier de répondre à la question première mais souvent oubliée, qu’est-ce qu’un débarquement ? Plus que le D-Day, l’auteur nous emmène par-delà la Bataille de Normandie, jusqu’en septembre 1944 et la prise de la ville du Havre. En conclusion un livre utile pour découvrir un fondement de notre histoire contemporaine, refaire vos gammes sur le 6 juin 1944, ou briller en société.
Le Débarquement pour les Nuls, de Claude Quétel, éditions First, 380 pages
Hors-série 39-45 : le commando Kieffer
Par plagesdu6juin1944 | Le 13/04/2014 | Commentaires (1)
Le magazine 39-45 sort son Hors-Série trimestriel N°78 : Ouistreham 6 juin 1944, Commando Kieffer, les français débarquent en Normandie.
Alors correspondant de guerre et officier pendant la seconde guerre des Boers (1899-1902), Winston Churchill montre un vif un intérêt pour les actions coup de poing de petits groupes d’hommes appelés Kommandos. Sachant manier l’effet de surprise et la rapidité d’action, ils ont marqué le futur premier ministre Britannique. La guerre étant déclarée à L’Allemagne, Churchill met donc sur pied la Speciale Service Brigade formée de volontaires et pouvant infliger au régime nazi un maximum de dégâts partout en Europe. Mais leur première mission le 23 juin 1940 menée sur les côtes françaises, nom de code Collar, n’est pas une grande réussite. Cependant l’expérience s’accumule pour les commandos Britanniques et les raids s’enchainent, augmentant inexorablement la popularité auprès du peuple de ses hommes de l’ombre.
En mars 1941 au sortir d’une gare de Londres, un homme au gabarit imposant découvre leurs exploits dans les journaux et est de suite séduit. Cet ancien banquier trépigne en parcourant l’article vantant les exploits des commandos après le raid sur les iles Lofoten. Cet homme, Philippe Kieffer, devenu officier de réserve dans la Marine française, est déterminé à créer un contingent de commandos. Appuyé par le commandant des forces maritimes de la France Libre, l’amiral Muselier, il convainc les autorités Britanniques d’accéder à son souhait.
Réunis en janvier 1942 au camp de Chamberley, les 16 premiers volontaires français font leurs gammes et accueillent au fil des semaines d’autres hommes avides d’action, dont une bonne part de bretons pur jus. Leur ténacité et leurs résultats sont salués par leurs hôtes anglais et le groupe de Kieffer va alors devoir passer à l’étape supérieure. Fin avril, ce dernier prend la direction des montagnes d’Ecosse et le camp d’Achnacarry, passage obligé pour tout combattant désirant porter le fameux béret vert et le nom de commando.
Sous la houlette de l’exigeant lieutenant-colonel Charles Vaughan, les candidats français subissent le terrible entrainement des instructeurs aboyeurs. Tout se fait en courant, du matin au soir. Les tombes fictives à l’entrée du camp rappellent que toute erreur aux exercices peut leur être fatale. Premiers volontaires étrangers à intégrer Achnacarry, ses français enchainent le Close-Combat, le tir, l’escalade, le maniement des explosifs, les parcours d’obstacles, les sauts depuis l’arrière d’un camion roulant à 40 Km/h, et les redoutables Speed March (par exemple 11.2 km à couvrir en une heure avec le barda règlementaire pouvant peser 40 kilos).
10 semaines d’entrainements ont rejeté les plus faibles et les moins déterminés, et en cet été 1942, les français repartent victorieux d’Ecosse. Le commando Kieffer est né, versé dans la Troop 1 du n°10 inter-allied Commando. La troupe du commandant Kieffer s’étoffe et contribue ensuite à l’effort de guerre allié jalonné par les succès et les échecs parfois tragiques. En attendant le débarquement en Europe, elle participe à des raids sur les côtes françaises, rapportant de ses expéditions des échantillons de sols, de métaux et des croquis des points d’appuis allemands. Autant de précieuses informations pour la réussite de la future opération Overlord.
Philippe Kieffer Né à Port-au-Prince en Haïti le 24 octobre 1899 dans une famille française d’origine alsacienne, il étudie ensuite à l’école des hautes études commerciales (HEC) de Paris. Il travaille dans le milieu de la finance au Canada et aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs à New-york qu’il apprend la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne. Il s’engage alors dans la marine et sert sur le cuirassé Courbet. L’armistice de 1940 l’envoie en Angleterre ou il rejoint les Forces navales Françaises Libres. Il constitue le premier groupe de volontaires français qui est breveté commando en 1942 au camp d’Achnacarry et gagne le droit de porter le béret vert. Kieffer est promu capitaine de Corvette à la veille du D-Day. Blessé 2 fois le 6 juin 1944 il est fait Compagnon de la Libération, Croix de guerre et Commandeur de la Légion d’Honneur. La guerre terminée, Philippe Kieffer quitte l’armée et est élu conseiller général du Calvados en septembre 1945 cependant il démissionne le 2 juin 1946 après son échec aux élections législatives. Il est également conseiller municipal de Grandcamp-les-Bains. Il est nommé capitaine de frégate en 1954.Philippe Kieffer est décédé le 20 novembre 1962 à Cormeilles-en-Parisis et est inhumé à Grandcamp-Maisy dans le Calvados. |
En avril 1944 le 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos est intégré au Commando Britannique n°4 chapeauté par le colonel Dawson. Pour le Jour J, le n°4 est reversé dans la 1ère Speciale Service Brigade de Lord Lovat. Ainsi cette brigade forte de 3 000 hommes, avec les commandos n°3, 4, 6 et le 45th Royal Marines Commando, constitue le fer de lance contre la résistance allemande sur le futur secteur Sword. Car à l’étude des cartes sans noms de leur secteur d’assaut, les havrais du commando reconnaissent l’embouchure de l’Orne et le canal de Caen. Ils comprennent alors qu’ils vont débarquer en Normandie, et que la commune normande de Ouistreham est leur porte d’entrée pour libérer l’hexagone.
A bord des 2 LCIS (Landing Craf Infantry Small) n°523 et 527, 177 commandos français progressent le 6 juin dans la Manche tandis que l’Etat-Major s’attend à plus de 50% de pertes dans cette première vague d’attaque.
Car Ouistreham, station balnéaire prisée avant-guerre, est devenue une place forte pour l’ennemi avec notamment son casino transformé en site fortifié, ou encore le poste de tir haut de 17 mètres. Le lieu précis de débarquement du commando n°4 se situe plus à l’ouest, à La brèche, près de Colleville-sur-Orne (aujourd’hui Colleville-Montgomery). La mise à terre vers 7h30 est difficile sous la grêle de balles et d’obus allemands. A 8h15 au sortir de la plage, Kieffer dénombre déjà 3 morts et 26 blessés. Les français s’engagent alors vers l’est et doivent parcourir 2 kilomètres pour rejoindre Ouistreham. La confrontation urbaine entre les bérets verts et les allemands est violente. Il faut éviter les tirs des snipers ou d’être fauché par les obus des canons de 88. Le Casino fortifié résiste puis commence à plier. Et il faut l’aide d’un vétéran de 14/18, Marcel Lefèvre, et l’appui d’un char mené par kieffer lui-même pour que les défenseurs cèdent.
Le grand Bunker de Ouistreham, haut de 17 mètres sur 5 niveaux est aujourd'hui devenu un musée.
Galvanisés par ce succès, les commandos piquent ensuite vers le sud ou les attend la seconde étape de la journée : rejoindre Bénouville et Ranville et leurs 2 ponts d’une importance stratégique capitale. Les paras de la 6th Airborne qui se sont emparés des 2 sites dans la nuit les y attendent en renforts. Les français traversent le pont de Bénouville sous le feu ennemi, puis se mettent en position défensive sur les hauteurs d’Amfreville.
Au soir du 6 juin 1944 le commando Kieffer a rempli sa mission avec succès mais le prix payé est lourd, car une soixantaine de camarades ont été blessés, et dix sont morts au combat. Unique unité française à avoir participé au débarquement terrestre le 6 juin 1944, le 1er BFMC va poursuivre son effort jusqu’au 6 septembre 1944 avant de mettre l’arme au pied à Saint-Maclou au sud-est de Honfleur.
Léon gautier au cimetière militaire de Ranville en 2012
Avec ce Hors-Série N°78, le magazine 39-45 offre un focus incontournable sur l’esprit et l’action des bérets verts français pendant le second conflit mondial. Pédagogique, le récit de Jean-Charles Stasi inclus en fil conducteur le témoignage de Léon Gautier, vétéran du Jour J. Les pages sont également rehaussées de plusieurs croquis des opérations très explicites et sont donc à mettre entre toutes les mains. Autre pépite, les exceptionnelles photos de l’entrainement et de l’avancée des commandos dans les terres normandes. Ces clichés rares furent entre autres l’œuvre d’un photographe de Ouistreham, Jean Lesage. Enfin Léon Gautier s’entretien avec Johannes Börner, vétéran parachutiste allemand du 5ème régiment Fallschirmjäger. Les deux hommes habitent Ouistreham. Après-guerre le français a épousé une anglaise, Dorothy, rencontrée avant le D-Day. L’allemand est quant à lui devenu français. Il s’est marié avec une normande puis le couple a ouvert un restaurant. Les 2 ennemis d’hier sont devenus amis, depuis Léon Gautier et Johannes Börner tentent ensemble d’éveiller les consciences des jeunes générations. Aujourd’hui l’héritage des Kieffer est encore tenace dans la Marine Nationale. En effet 2 des 6 commandos portent le nom d’un officier du 1er BFMC mort au combat pendant la seconde guerre mondiale : le commando Hubert (tué le 06/06/1944) et le commando Trepel (tombé en février 1944). En 2008, un sixième commando fut créé par la défense, désigné comme une unité de commandement et d’appui opérationnel, il porte le nom du père des bérets verts français, le commando Kieffer.
Magazine 39-45 Hors-Série n°78 : Ouistreham 6 juin 1944, Commando Kieffer, les français débarquent en Normandie, 80 pages.
Le béret vert se porte à gauche Dans l’armée française, les soldats portent leur béret avec l’insigne du côté droit. A l’exception des commandos de marine, qui eux le porte du côté gauche. Une manière de rappeler l’origine Britannique de cette unité d’élite. |
Insigne du 1er BFMC, créé par Maurice Chauvet
Voir le diaporama sur le N°4 Commando |
Bibliographie pour en savoir + sur les commandos :
Histoire des commandos, de Pierre Montagnon, éd.Pygmalion
Les SAS, de Jean-Jacques Cécile, éd. Histoire et Collections
Les français du Jour J, de Georges Fleury, éd. Grasset
Les bérets verts français du 6 juin 1944, de Philippe Kieffer, éd.france empire
Gold Juno Sword, de Georges Bernage, éd. Heimdal
Autres sources => site web de la Marine Nationale