normandie
Le cimetière militaire américain de Saint-James
Par plagesdu6juin1944 | Le 31/10/2013 | Commentaires (0)
27 soldats américains tombés le 6 juin 1944 ne reposent pas aux Etats-Unis. Par choix de leurs familles, ils sont restés en France, comme 40% de leurs*. Mais leurs noms ne figurent pas parmi les allées du cimetière militaire de colleville-sur-mer. Ils sont gravés sur 27 croix en marbre blanc, au sud d’Avranches, au cimetière militaire américain de Saint-James. Son conservateur, Jeffrey Aarnio, nous a confié sa fierté d’œuvrer pour la mémoire de ses compatriotes.
Géré par l’American Battle Monuments Commission ( ABMC ), le cimetière marque l’endroit de la percée américaine entre le 25 juillet et le 7 août 1944 pour sortir de la Normandie et repiquer à l’ouest vers la Bretagne et au sud vers la Loire. Saint-James fut libéré par la troisième armée du général Patton le 1er août. D’abord provisoire, la nécropole fut définitive en 1949. L’herbe et les haies finement taillées annoncent l’entrée principale. En arrière, on distingue un haut mémorial en granit de style roman élevé par William T. Aldrich, avec son carillon dominant les 14 hectares du site. En portant son regard du haut de cette tour le Mont-Saint-Michel se devine au loin. A l’intérieur du bâtiment se trouve une salle de plans et une chapelle surmontées par la devise de l’académie de West Point « Duty-Honor-Country ». Devant ce mémorial, gardé par deux hauts-mâts d’où claquent les drapeaux étoilés, une voie pavée centrale convie les visiteurs aux 4 410 pierres tombales. Ainsi, face aux 498 noms de disparus inscrits sur le mur de soutènement de la terrasse, 4 329 croix latines et 81 étoiles de David dévisagent les passants.
L’ABMC L’American Battle Monuments Commission est une agence du gouvernement américain ayant la charge et l’entretien de 24 cimetières et 25 monuments aux morts répartis dans 15 pays. Elle s’évertue à honorer la devise de son premier président le général de Corps d’Armée John J. Pershing « le temps n’effacera pas la gloire de leurs actions ». Concernant le cimetière militaire de Saint-James, la France a concédé un droit perpétuel de jouissance aux Etats-Unis, sans frais ni impôts. |
Pour les Etats-Unis d’Amérique, ériger des croix latines ou des étoiles de David constitue une pratique spécifique à leurs cimetières situés outre-mer. De plus, après-guerre, les familles pouvaient être surprises lorsqu’elles demandaient à rapatrier le corps de leur fils ou de leur frère. En effet, parfois lorsque les parents d’un soldat tué souhaitaient que celui-ci soit inhumé outre-Atlantique, ils pouvaient découvrir qu’il s’était marié à leur insu avec une britannique. Et que sa veuve avait depuis exigé que la dépouille de son défunt mari repose en terre française.
Ernest W. Prussman, Pfc, 13th Infantry Regiment, 8th Infantry Division Le 8 septembre 1944, en Bretagne près de Loscoat, la résistance allemande est acharnée. Deux bataillons américains sont bloqués par le feu nourri surgissant des fortifications. Faisant fi du danger, le 1ère classe Prussman se lance au-delà des haies et parvient à désarmer deux ennemis. Il repart à découvert, neutralise un canon en capturant ses servants et deux autres tireurs. Il est ensuite mortellement touché. A terre, il parvient à lancer une grenade en direction de son agresseur et le tue. Son courage et son abnégation ont permis de démoraliser ce qui restait d’allemands et les deux bataillons ont ainsi pu progresser. Pour sa bravoure, il s’est vu attribuer la médaille d’honneur du Congrès. Il est inhumé à Saint-James, plot A, rangée 12, stèle 14. |
Joseph Smolik, 507th PIR 82nd Airborne. Vester Millard, 506th PIR 101st Airborne. Keith Bryan, également du 506th. Tous trois ont été tués le Jour J. Comme leurs 24 comparses tombés ce jour, ils reposent à l’ombre des châtaigniers. Plus restreint et moins couru par les touristes que son grand frère d’Omaha Beach distant de 150 kilomètres, Saint-James est veillé avec attention par son responsable, le superintendant Jeffrey Aarnio. Ancien membre des troupes aéroportées et marié à une française, il cultive rigoureusement le souvenir de ces hommes restés jeunes à tout jamais.
Jeffrey Aarnio veille respectueusement sur l'ultime demeure de ses compatriotes
En tant qu’américain et passionné d’histoire, qu’est-ce que cela représente pour vous d’accueillir les visiteurs et de gérer le cimetière militaire de Saint-James ?
Jeffrey Aarnio : Cela représente une énorme responsabilité. C’est une grande fierté de faire ce métier. Tout d’abord parce que je viens d’une famille ou pas mal de membres ont porté l’uniforme pendant la seconde guerre mondiale, au Vietnam, et moi-même plus tard. Je sais à quel point c’est important pour les familles de s’occuper des leurs et de leurs montrer que le gouvernement américain n’a pas oublié ses soldats qui sont enterrés en outre-mer, en dehors des Etats-Unis.
Il y’a un moment particulier qui vous a marqué lors d’une visite d’une famille ?
Beaucoup de familles m’ont marqué lors de leurs visites. Il y’en a deux particulièrement : le neveu d’un soldat noir américain qui a été décoré de la médaille d’honneur en 1992 par le président Bush père. C’était la mère de ce neveu qui avait fait le déplacement depuis la Caroline du sud pour recevoir la médaille attribuée à son frère. Et ce après une longue enquête pour savoir qui méritait la plus haute distinction militaire américaine, car après la première guerre mondiale il y’avait beaucoup de racisme. Cela a empêché certaines catégories de soldats de recevoir cette distinction. Cet homme était le premier soldat noir à recevoir cette médaille d’honneur. L’autre rencontre marquante était avec une nièce d’un soldat de la première guerre mondiale enterré à côté de Verdun ( Jeffrey Aarnio était auparavant superintendant du cimetière militaire de Seringes-et-Nesles dans l’Aisne ). Originaire du Nebraska, elle était centenaire, dans un fauteuil roulant. Lorsque je lui ai demandé l’autorisation pour la prendre en photo à côté de la stèle de son oncle, elle s’est mise debout, son regard plongé dans le mien, et m’a dit avec une grande fierté : « si le fauteuil n’est pas dans la photo, allez-y. » C’était très émouvant.
Qu’avez-vous prévu pour les célébrations du 70ème anniversaire du D-Day en 2014 ?
Pour l'instant nous avons juste fixé la date du 26 mai pour le Mémorial Day mais pas encore l'heure dans l'après-midi. Autrement, nous sommes en train de planifier une cérémonie le 1er juin pour un concert, puis le 5 juin avec entre 500 et 800 musiciens présents au cimetière. Enfin une cérémonie se tiendra surement pour les paras mais la date pour l'instant reste à déterminer.
Propos recueillis par Stephane Samson
contact@plagesdu6juin1944.com
Voir le diaporama du cimetière militaire de Saint-James
* voir article sur les cimetières militaires provisoires américains du 27 octobre 2013
BRITTANY AMERICAN CEMETERY
50 240 Saint-James
Tel : 02 33 89 24 90
http://www.abmc.gov
Décès de Frank Perconte, Easy Compagny
Par plagesdu6juin1944 | Le 27/10/2013 | Commentaires (0)
Frank Perconte, membre de la Easy Compagny, 2/506th PIR 101st US Airborne, est décédé le 24 octobre 2013, à l'âge de 96 ans.
Né en 1917 dans l'Illinois puis volontaire pour les troupes parachutistes dès 1942, il était l'un des piliers de la Easy commandée par Richard D. Winters. Il avait participé aux campagnes de Normandie et de Hollande. Il avait tenu bon pendant le siège de Bastogne mais fut blessé à Foy en janvier 1945. Rétabli, il entra en Allemagne avec la compagnie E et découvrit lors d'une patrouille un camp de concentration.
Après-guerre, il retrouva la ville de Joliet dans l'Illinois avec sa femme et son fils et devint facteur.
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Source : site The Herald News