normandie
"J'ai fait une erreur et celle-ci est inexcusable."
Par plagesdu6juin1944 | Le 28/04/2018 | Commentaires (0)
Morley Piper, figure des commémorations normandes sur Omaha Beach, a reconnu avoir menti sur sa participation au Jour J. La fin d'une tromperie qui durait depuis près de 25 ans.
Morley Piper en 2014 (BBC.com)
Il disait avoir connu la boucherie d'Omaha Beach le 6 juin 1944. C'était faux. Il disait avoir reçu la Bronze Star pour ses faits d'armes. Encore faux. Acculé face à ses mensonges, Morley Piper, 93 ans, a dû avouer : non il ne faisait pas partie de la 29th US Infantry Division, et non, il n'a pas posé pied sur Omaha.
Mais comment en est-il arrivé là ? Retour en 1994 pour celui qui est alors une figure de la New England Newspaper & Press Association. Il y a travaillé pendant 47 ans, lui, le vrai vétéran du 459th Anti-Aircraft Artillery Battalion. Piper souhaite participer aux commémorations du 50ème anniversaire du D-Day et a besoin d'une accréditation. Afin de faciliter les démarches et augmenter ses chances d'obtenir le précieux sésame, il a alors l'idée de dire qu'il était parmi les braves qui avaient débarqué devant Vierville-sur-mer. L'administration ne vérifie pas ses états de service et l'autorise à commémorer en France son Jour J. Cependant, de retour aux Etats-Unis, l'homme continue de se draper dans la mythomanie, enchaînant les conférences et les réunions dans les écoles afin de raconter son débarquement. « J'aurais pu arrêter, mais je ne l'ai pas fait, a-t-il déclaré ces derniers jours, c'est quelque chose qui a échappé à tout contrôle. »
Les années passent et les honneurs continuent d'être rendus au héros Piper. En juin 2014, pour le 70ème anniversaire du Jour J, il prononce un émouvant discours avant de serrer la main du président américain Barack Obama. Arborant à Saint-Laurent-sur-mer le calot frappé de l'insigne Blue & Grey de la division, il lance au journaliste de Ouest France : "Bien sûr, toutes ces maisons n'étaient pas là, mais croyez-moi, je reconnais très bien la plage et les collines." Lâchant même le cri de ralliement de la 29th : « Let's go ! »
Néanmoins la vérité rattrape le vétéran. Un informateur contacte son ancien employeur et dévoile la supercherie. Interrogé, Piper reconnaît ses torts et s'excuse le 25 avril dernier : « Je ne voulais pas faire de mal. J'ai fait une erreur et celle-ci est inexcusable. »
Les précédents Cook, Manoian et Klein
L'affaire de Morley Piper n'est malheureusement pas un cas isolé. Avant lui, d'autres vétérans ont été démasqués. On se souvient d'Eugène A. Cook Jr, faussement membre du 502nd PIR, et révélé par l'historien Brian Sidall. Ce dernier avait déjà confondu Howard Manoian, faux para de la 82nd US Airborne mais vrai combattant en Normandie.
Plus récemment, c'est George Klein, membre de la 5th US Infantry Division prétendant avoir participé au D-Day avec les Rangers, qui a tombé le masque. Un autre mensonge mis au jour l'année dernière par Gary Sterne, Marty Morgan et l'Association D-Day Overlord. On peut effectivement se demander comment des vétérans peuvent pendant des années échafauder de faux faits d'armes, participer à des réunions officielles et recevoir des distinctions sans que leur dossier militaire ne soit vérifié au préalable. Sans néanmoins oublier qu'ils restent des soldats qui ont combattu et risqué leurs vies pour la libération de l'hexagone.
Pour Morley Piper, l'acte de contrition ne fait que commencer après des décennies d'affabulations : « Je suis profondément désolé de devoir vous dire que je suis un de ces vieillards tristes avec des états de services modifiés. C'est une erreur terrible qui n'aurait jamais dû arriver. »
Sources :
Décès de Ron Tucker, 9th Para Battalion
Par plagesdu6juin1944 | Le 26/04/2018 | Commentaires (0)
Ron Tucker, vétéran du D-Day et de la 6th British Airborne, est décédé le 25 avril.
(photo : Teesside Branch of the Parachute Regimental Association)
Engagé à 16 ans, il intègre le 9th Para Battalion, C Compagny, et participe à 18 ans à l'assaut victorieux sur la batterie de Merville. Chanceux, il échappe à la mort lorsque le crucifix qu'il porte contre sa poitrine dévie la balle d'un tireur allemand.
Habitué des commémorations normandes, il était régulièrement présent à Merville et à Ranville. En 2007, ses exploits furent publiés dans le livre « A Teenager's War: The Harrowing World War II Story of a Young Parachute Soldier ». Puis il reçut la Légion d'Honneur en 2016 avec son frère d'armes Phil Ward.