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Livre "Histoire des commandos de 1944 à 1945"
Par plagesdu6juin1944 | Le 26/09/2012 | Commentaires (0)
Un nouveau livre arrive dans notre bibliographie : Histoire des commandos 1944-1945, de Pierre Montagnon.
Né en 1931 et saint-cyrien, Pierre Montagnon a fait le coup de feu en Algérie comme officier parachutiste dans la légion. Commandeur de la légion d’honneur, historien et conférencier, l’auteur a signé une imposante bibliographie dont « La guerre d’Algérie : genèse et engrenage d’une tragédie », titre remarqué par l’académie française.
Pierre Montagnon s’est intéressé au vécu des commandos et a publié 3 volumes sur ces troupes d’élite : Histoire des commandos de 1939 à 1943, de 1944 à 1945, et de 1945 à nos jours.
Que sont les commandos ? C’est une petite formation très entrainée opérant des coups de mains rapides contre l’ennemi.* Ou comment des hommes aguerris envoyés sur les arrières de l’ennemi doivent le harceler en lui infligeant un maximum de dégâts avec le plus faible engagement humain possible (destructions de réserves de carburants, d’avions, de ports, enlèvements de personnalités, ……). David Stirling, le père des commandos britanniques, disait en 1941 : « il y’aurait donc un avantage considérable à former une unité combinant le minimum d’effectif et le maximum de potentiel de surprise. »**
Nous nous sommes penchés sur le second titre de la trilogie traitant des coups de mains entre 1944 et 45. Dans ces pages se racontent les opérations pour la prise du pont de Bénouville et de la batterie de Merville par les paras britanniques le 6 juin 44, l’assaut des rangers américains sur la Pointe du Hoc et le débarquement des bérets verts français sur Sword Beach.
Outre ces épisodes bien connus par les amateurs de la libération de l’hexagone, on découvre d’autres actions bien plus méconnues mais cruciales pour les donneurs d’ordres : le premier commando héliporté en Birmanie en avril 1944, ou encore des allemands déguisés en américains avec pour objectif de semer le trouble dans les lignes alliées pendant la tentative d’Hitler de percée dans les Ardennes fin 44. Ou plus étonnant l’apparition des torpilles humaines allemandes Negers ou Bibers (l’une d’elle toucha d’ailleurs le croiseur HMS Dragon au large de Sword Beach le 8 juillet 1944).
Mise à l'eau d'un Neger ( photo site 2iemeguerre.com )
L’ouvrage de pierre Montagnon permet de revenir sur les opérations marquantes du D-day. Pour les lecteurs plus éclairés sur le jour J c’est peut-être l’occasion de découvrir des faits d’armes plus méconnus de ces soldats de l’ombre. En complément de l’excellent livre de Jean-Jacques Cécile, les SAS commandos secrets de sa majesté, l’histoire des commandos permet au lecteur d’appréhender toute la force de leur devise : Qui ose gagne !
Titre : Histoire des commandos 1944-1945, de Pierre Montagnon, aux éditions Pygmalion, 332 pages
* Dictionnaire du débarquement, éd. Ouest-France, p181
** Les SAS commandos secrets de sa majesté, de Jean-Jacques Cécile, éd. Histoire et Collections, p16
Livre Vanguard of the crusade de Mark Bando
Par plagesdu6juin1944 | Le 05/08/2012 | Commentaires (0)
Un nouveau livre apparait dans notre bibliographie : "Vanguard of the crusade, la 101st Airborne Division dans la seconde guerre mondiale", de Mark Bando aux éditions Heimdal.
L’auteur voit le jour à Détroit en 1949.Passionné de sciences humaines, il effectue des études d’histoire à la Wayne State University située dans sa ville natale. Après son cursus universitaire, il s’engage dans la police. Retraité en 1999, il peut dès lors s’atteler à l’écriture. Car depuis 1969, Bando s’est fixé comme objectif de rencontrer un maximum de vétérans de la 101st airborne. De ces réunions accouchent plus d’un millier de confessions formant le socle de cet ouvrage. Déjà auteur de 7 livres, Vanguard of the crusade est le premier de Bando traduit en français.
La 101st va connaitre son baptême du feu en Normandie. Créée le 15 août 1942 sous le commandement du général Lee, elle est stationnée à Fort Benning en Géorgie. Après un dur entrainement, les volontaires effectuent leurs sauts de qualification afin d’être brevetés parachutistes. L’Etat-Major allié a de grands projets pour les Screaming Eagles. En septembre 1943, les hommes s’embarquent à bord des navires SS Strathnaver et SS Samaria, direction l’Angleterre. Dans les plaines Britanniques, les paras entretiennent leur condition physique avant le grand saut. Le 4 juin 1944, les soldats préparent leur barda pouvant peser plus de 40 kilos et attendent l’embarquement. Leur point de chute est la Normandie, plus précisément la façade Est du Cotentin. Le lendemain, l’infanterie américaine représentée par le 7ème corps du général Collins doit débarquer sur le secteur codée Utah Beach. Du côté de la 101st, le général Taylor a remplacé le général Lee. L’aéroportée doit pendant la nuit sécuriser les terres autour de Sainte-Marie-du-Mont, village stratégique placé en arrière d’Utah Beach. Les paras doivent également arraisonner la batterie de Saint-Martin-de-Varreville et contrôler les 4 chaussées partant des plages afin que les renforts blindés puissent faire mouvement vers l’intérieur.
Cependant la météo est exécrable et le commandant suprême de l’expédition, le général Dwight Eisenhower, retarde l’échéance de 24 heures. A l’annonce de cet ajournement, l’agacement souffle dans les aérodromes. Les hommes retournent tuer le temps en jouant aux dés ou au poker dans l’attente d’un nouvel appel.
"On se sentait comme si nous allions jouer le Super Bowl et qu'on allait gagner" Lt Clair Hess, 501st régiment |
Le 5 juin au soir, l’heure H retentie, les hommes prennent place dans les C-47 pour leur premier saut de combat. Les premiers à toucher le sol sont les pathfinders. Ces éclaireurs balisent les zones de sauts A,C, D et E pour les planeurs. Peu après minuit le 6 juin, la bataille de Normandie débute dans le ballet aérien allié chassé par la flak allemande.
Mark Bando décrit avec minutie les péripéties des américains pendant l’invasion : Ravenoville, Sainte-Mère-Eglise, Le Holdy, Carentan… Une vingtaine de lieux se racontent à travers les yeux des vétérans. Paris libéré, le Field Marshall Montgomery décide en septembre 1944 de tester les défenses ennemies au nord. L’opération Market Garden est lancée. Les 12 000 hommes sautent avec leurs nouveaux parachutes T7 sur la Hollande, entre Son et Vehgel, afin d’ouvrir un couloir pour permettre au 30ème corps Britannique de se frayer un chemin vers le pont d’Arnhem. Une fois le pont franchi, les Britanniques doivent obliquer vers l’Est afin de contourner la ligne Siegfried et filer droit vers la Ruhr. Ainsi, Hitler devra s’être rendu avant Noël.
Image célèbre de James Flanagan , 502nd rgt, exposant sa prise de guerre à la ferme Marmion de Ravenoville
Le 17 septembre 1944 vers 14 heures, les Screaming Eagles sont largués au nord d’Eindhoven avec pour mission de s’emparer de 5 ponts sur les canaux de Wilhelmine et Zuid-willemsvaart. Les 5 édifices sont pris par la 101st. Après avoir le lendemain libéré Eindhoven, les paras repoussent les contre-attaques allemandes. Cependant au nord, les blindés du 30ème corps ne réussissent pas à rejoindre la première division aéroportée Britannique qui tient l’entrée Nord du pont d’Arnhem. L’opération est un échec, le cœur industriel allemand derrière le Rhin reste un but inaccessible.
Le fusil M-1 Garand peut transpercer une planche de pin de 45cm à 250 mètres, ou 3 soldats SS à 25 mètres... |
"A l'attention du commandement allemand : NUTS !" (Des clous ! ) Le commandement américain, le Général McAuliffe ( répondant à Bastogne à la demande de réddition de l'ennemi ) |
Fin janvier, les allemands produisent leur effort vers le sud de l’Alsace. Les alliés stoppent cette nouvelle poussée avant de faire une pause au camp de Mourmelon. Un évènement rare s’y produit : le 14 mars, le général Eisenhower vient remettre à la 101st airborne la Distinguished Unit Citation pour action héroïque au combat. La DUC est exceptionnellement décernée à une division, et est l’équivalent de la DSC pour un soldat.
En avril, les paras franchisent le Rhin et progressent dans la région de la Ruhr. Près de Landsberg, ville de 30 000 âmes au sud de Munich, le 506th régiment découvre un camp de concentration. Pour certains paras, c’est une révélation, ils savent désormais pourquoi ils ont enduré tant de souffrances. Une vision brutale de ses ombres squelettiques avant l’entrée en Autriche et la prise du nid d’aigles à Berchtesgaden. C’est l’âge d’or pour tous les survivants, et le 8 mai 1945 résonnent les lettres VIE, Victory In Europe.
Le 30 novembre la 101st est désactivée à Auxerre. Réactivée en 1949 comme unité d’entraînement, elle redevient une troupe combattante en 1956. Elle fera à nouveau le coup de feu au Vietnam, pendant les guerres du golfe et en Afganisthan.
Patch de la 101st
On ne peut que saluer le travail de longue haleine mené par Mark Bando. Les pages fourmillent de photos inédites. Une partie des clichés sont l’œuvre des deux photographes officiels du 501st et 502nd, Albert Krochka et Mike Musura ( malheureusement les 327th et 506th régiments n’avaient pas de photographes attitrés ). Le fil conducteur de l’épopée des Sceaming Eagles à travers l’Europe est respecté ( Angleterre, France, Hollande, Belgique, Allemagne, Autriche ). Les anecdotes sont légions et viennent rehausser un récit dénué de fioritures. Les passionnés par l’arme aéroportée y trouveront leur lot d’évènements insolites et d’histoires rattachées aux personnalités de la 101st ( les généraux Taylor, Mc Auliffe, les colonels Sink et Johnson ).
Pour les autres, c’est un plongeon sans concession dans l’univers d’une troupe délite ou la cohésion d’hommes rudes se confronte aux périls du combat. A la différence d’autres ouvrages sur le sujet, la bataille est racontée par les participants avec un langage parfois fleuri mais authentique. L’écriture non romancée de Bando peint un florilège d’histoires personnelles qui façonnent le prestige de la 101st airborne.
Ce qui frappe aussi le lecteur, ce sont les annotations des photos. Nombre de paras représentés portent les mentions POW ( prisoner of war / prisonnier de guerre ), MIA ( missing in action/ porté disparu ) ou KIA ( kill in action / tué au combat ). Trois lettres comme autant de médailles qui témoignent de la dangerosité des missions.
Vanguard of the Crusade est un livre fort qui vous fera comprendre pourquoi cette division inexpérimentée en 1943 est depuis entrée dans la légende.
"La 101st Division Airborne n'a pas d'histoire, mais elle a rendez-vous avec le destin" Général W. C. Lee, 1942 |