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Rencontre avec Vénus, modèle photo et fan des années 40/60
Par plagesdu6juin1944 | Le 24/11/2015 | Commentaires (0)
Les femmes en tenue d'époque sont de plus en plus nombreuses lors des commémorations du D-Day. Nous avons rencontré Vénus, habituée des séances photos et fan des années 40 à 60.
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Aujourd'hui, le Vintage fait un retour fracassant. Les friperies ou autres brocantes fleurissent en ville, et les vieux jeans usés sont vendus au prix du luxe. Les peoples s'emparent du phénomène et s'affichent en style années 50, quand d'autres comme Dita Von Teese en font leur fonds de commerce. Bref, c'était mieux avant...
Avant, c'était pendant la seconde guerre mondiale, quand les Pin-Up se pavanaient sur le nez des avions, se moquant ainsi des dangers des combats. Avant, c'était les années 50, véritable âge d'or de la haute couture et l'arrivée de la société de consommation post-guerre. Taille de guêpe et poitrine conquérante, la femme continue de s'affirmer et affiche son assurance dans son vestiaire. Avant, les années 60 et ces messieurs n'avaient d'yeux que pour la mini-jupe. So Shocking, les femmes montrent leurs genoux ! Mode aux couleurs vives ou à motifs, vive la robe à pois !
De nos jours, les commémorations liées à la Bataille de Normandie n'échappent pas à cet intérêt. Les personnels féminins en tenues d'époque sont de plus en plus présents lors des cérémonies. Dans les camps de reconstitution, les femmes ont su faire leur place entre les bardas des soldats. Et lors des bals, tenue correcte et robe ample à mi-mollet exigées. Cheveux ondulés ou bouclés, rouge à lèvres de sortie, ces dames égayent la piste de danse.
Parmi elles se trouve Vénus. Tourangelle et modèle photo depuis 2006, elle apprécie les années 40 à 60. Entre deux shootings, portrait d'une passionnée pour qui le vintage n'est pas qu'un cliché.
Pourquoi cet intérêt pour les années 40/60 ?
Vénus : Mon véritable prénom est Maryline car mes parents étaient des fans de Marilyn Monroe. J'ai donc été bercée dans la culture des années 40 à 60. J'avoue apprécier la mode et le respect de cette époque ainsi que le côté naïf du monde des pin-up. Les femmes étaient toujours bien apprêtées, bien coiffées, bien maquillées et je trouve cela dommage que ce ne soit pas le cas aujourd'hui. Même les hommes prenaient le temps de s'habiller, se coiffer...
Combien de tenues possèdes-tu ?
Je ne les compte plus. Je dirais qu'elles remplissent la plus grande partie de mon armoire maintenant. Le rétro est devenu mon style de tous les jours.
Et sinon dans ta vie de tous les jours, tu vis façon Vintage ou fais-tu la part des choses ?
Heureusement que je sais faire la part des choses même si pour beaucoup je suis "old shool". Par exemple, je suis connectée au net tous les jours, j'ai de l'électroménager moderne dans ma cuisine; bref, je ne dis pas non au confort de notre époque et j'aime beaucoup prendre ce qu'il y a de meilleur dans chacune des périodes.
Retrouvez plus de photos de Vénus sur Behance et suivez la sur son Facebook
Mode des années 40, mode d'emploi
Vous avez réservé votre soirée pour le prochain Bal de la Libération de Carentan en juin prochain, mais vous ne savez pas comment adopter le style années 40 ? Vous vous demandez comment avoir la cote sans sombrer dans la ringardise ?
*Etre Swag : manière de se présenter au monde avec confiance et avec style. Pour plus d'infos demandez à vos ados. |
Photos : By Nico, Gregory Palmer, Ingrid
Propos reccueillis par Stephane Samson
contact@plagesdu6juin1944.com
Robert Capa fige la mort sur Omaha
Par plagesdu6juin1944 | Le 06/06/2015 | Commentaires (0)
11 photos, pour l'Histoire.
Robert Capa en 1937 (Gerda Taro) |
Omaha Beach. 6 juin 1944. 6h30.
Robert Capa, 30 ans, débarque avec la première vague d’assaut américaine, face à Colleville-sur-mer sur le sous-secteur Easy Red. Le correspondant de guerre s’avance dans la boucherie du Jour J avec pour seules armes ses trois appareils photos. Tremblant, il fige la mort qui l’entoure et le frôle. Dans cet enfer ou chaque homme est seul au monde et ou chaque photo peut être la dernière, il martèle dans sa tête ces mots comme une prière : « C’est une affaire très sérieuse. »
Avant le Débarquement, Capa est déjà un vieux routard. Né Endre Friedmann à Budapest en 1913, il arrive en 1931 à Berlin pour devenir journaliste. Cependant, étant juif et gauchiste, la prise de pouvoir d’Hitler l’oblige à d’abord se réfugier à Vienne, puis Paris en 1933. En 1936 pour favoriser la vente de ses photos et impressionner les éditeurs, Endre Friedmann devient Robert Capa et part suivre la guerre civile en Espagne. Il y obtient la renommée et gagne ses galons de grand reporter avec sa photo capturant la mort d’un soldat républicain frappé d’une balle. En 1938, il couvre ensuite la guerre sino-japonaise pour le magazine Life.
En 1939, on le retrouve sur le Tour de France, mais il doit ensuite quitter Paris. Il traverse l’Atlantique et se pose à New-York. Accrédité par l’armée américaine, il part photographier le front en Afrique du Nord, en Sicile, en Italie, et donc en Normandie.
Pour Life, il fait la traversée vers Omaha Beach avec la E Compagny du 16th Regimental Combat Team, first Infantry Division. Sa péniche accoste et la Big Red One s’élance. Lui s’attarde sur le bastingage, ce qui n’est pas du goût d’un matelot le prenant alors pour un froussard. Un coup de pied aux fesses le ramène à la réalité et il rejoint la plage. Il raconte : « Les balles font des ronds dans l’eau autour de moi (…). Une nouvelle sorte de peur secoue alors mon corps des cheveux aux orteils et tord mon visage. » Face au WN 62, sous la mitraille, il réalise 106 clichés. Puis ivre de trouille et d’horreur, le reporter rebrousse chemin et réussi à monter sur un chaland LCI. Il connait une dernière frayeur lorsqu’un obus frappe son embarcation. Il est ensuite pris en charge sur un navire-hôpital, ou après examen il reçoit l’étiquette « cas d’épuisement, pas d’identification ».
"Pour expliquer la piètre qualité des photos prises le 6 juin, Life se défausse en accusant Capa d’avoir eu la main tremblante." |
Bien que choqué, Capa ne lâche pas sa précieuse cargaison. Car pendant sa traversée et dans la fournaise d’Omaha Beach, il a pris au total 226 clichés. Revenu en Angleterre, le coursier de Life lui propose de le conduire à Londres. Seulement l’intrépide Capa choisi de repartir pour les plages normandes et lui confie son travail. C’est l’effervescence dans les bureaux londoniens. Le bouclage du journal a déjà démarré et dans leur précipitation, les laborantins massacrent le développement. Seules 11 photos, floues, sont exploitables. Qu’importe, même floues, elles sont inestimables. Elles deviennent les Magnificent Eleven.
une des 11 magnifiques
(ROBERT CAPA/MAGNUM PHOTOS) via Wikipédia
Pour expliquer la piètre qualité des photos prises le 6 juin, Life se défausse en accusant Capa d’avoir eu la main tremblante. Pour le reporter, qui estime que si une photo est ratée, c’est que l’on n'est pas assez près de l’action, cette pilule est dure à avaler. En 1947, il intitulera avec ironie ses mémoires de guerre Slightly Out of Focus (Juste un peu flou)….
Capa débarque une seconde fois plus sereinement le 8 juin 1944. Il trace sa route dans la progression des alliés, entrant dans Chartres, Paris, en Belgique et enfin en Allemagne. En 1947, il fonde avec d'autres collègues la coopérative photographique Magnum. Malheureusement la faucheuse rattrape ce trompe-la-mort pendant la guerre d’Indochine. Alors qu’il effectue un reportage auprès de l’armée française, il saute sur une mine le 25 mai 1954. A 40 ans, l’aventureux reporter s’en est allé faire son dernier voyage, au Panthéon du photo-journalisme.
Sources :
Livre Omaha Beach, de Georges Bernage, éd. Heimdal
Dictionnaire du Débarquement, Claude Quétel, éd. Ouest France
Le Débarquement pour les Nuls, de Claude Quétel, First éditions
Site Bibliothèque nationale de France