sainte mere eglise
Joe Fitt, C/505th PIR, Silver Star à La Fière
Par plagesdu6juin1944 | Le 28/05/2015 | Commentaires (0)
Et Joe C. Fitt s'élança sur le pont sous la mitraille...
Avant le D-Day, Joseph Cyril Fitt a déjà participé à toutes les campagnes militaires précédentes avec la compagnie C du 505th PIR.
A 22 ans le 6 juin 1944, la campagne de Normandie constitue donc son troisième saut de combat avec la 82nd Airborne. Il est largué peu après deux heures du matin aux alentours de Neuville-au-Plain. Le Capitaine Anthony Stefanich, CO C Compagny, parvient à regrouper 70 hommes et tous filent en direction de leur objectif, le pont de La Fière près de Sainte-Mère-Eglise.
Arrivés sur zone vers sept heures, ils participent avec des éléments du 507th PIR à la capture du Manoir près du pont. Le Capitaine Stefanich, suivi par Joe Fitt et un autre para, essaie en se faufilant dans un fossé de déborder une mitrailleuse ennemie postée dans un des bâtiments. Soudain Fitt bondit hors de son abri et traverse la route sans tirer. Il plonge dans l'allée d'un champ voisin et arrose ensuite les allemands avec un fusil-mitrailleur BAR. Le manoir passe bientôt entre les mains de la 82nd. Puis les paras se mettent en position défensive autour de l’édifice et attendent la réaction ennemie. Sur les hauteurs du manoir, en direction de la chaussée, ils ont disposé un canon de 57 mm.
Après seize heures, 3 blindés allemands venant de Cauquigny, suivis par 200 fantassins, s’avancent sur la route en direction des parachutistes. Devant les blindés, les allemands font avancer entre 12 et 15 prisonniers américains. Ces derniers doivent enlever les mines posées plus tôt par leurs camarades sur la chaussée. La tension est insoutenable, les allemands mettant à rude épreuve les nerfs des libérateurs.
N’y tenant plus, le Sergent Oscar L. Queen fait cracher sa mitrailleuse et abat le commandant du premier char. John B. Bolderson, Gordon C. Pryne, Lenold Peterson et Marcus Heim sont tapis de chaque côté de la chaussée. Ces deux équipes de Bazooka envoient leurs roquettes contre la colonne de blindés. Le canon de 57 mm fait feu à son tour sur le premier char qui s'immobilise. Cependant celui-ci tire toujours et fauche des parachutistes.
Fitt sort alors à découvert et franchit le pont au milieu du claquement des balles. Puis il grimpe sur le blindé et lance une grenade à l’intérieur. L’explosion élimine les tankistes, le char allemand se tait. Pour sa bravoure, Fitt reçoit la Silver Star, mais à titre posthume. En effet il est tué par un tir de sniper le 13 juin aux abords de la gare de Montebourg.
Il repose aujourd’hui au Mémorial Park de Taylorsville, dans le comté de Salt Lake City dans l’Utah.
=> Récit complet de la bataille de La Fière dans le Livre Sainte-Mère-Eglise un sanctuaire américain en Normandie 1944-1948, d'Antonin Dehays, éd. OREP
Egalement à lire : The american GI in Europe in World War II de J. E. et H. W. Kaufmann
On a dormi à La Fière
Par plagesdu6juin1944 | Le 07/11/2013 | Commentaires (0)
De passage dans le Cotentin on aurait pu dormir dans un hôtel. Mais comme dit l’adage, il faut essayer de joindre l’utile à l’agréable. On a donc dormi au manoir de La Fière, objectif prioritaire près d'Utah Beach de la 82nd Airborne le Jour J. Un lieu marquant, couvé par son propriétaire Mr Poisson. Un homme attentionné avec ses visiteurs qui nous a réservé une surprise. Ou comment joindre l'utile à l'exceptionnel.
Au petit matin derrière le mémorial : le pont enjambant Le Merderet est au centre de l'image.
La ferme-manoir de Mr Poisson se trouve à gauche du bâtiment masqué par la statue Iron Mike.
« Vous venez pour le débarquement ? » A voir notre sourire en coin devant le portrait de Bob Murphy* du 505th PIR, Yves Poisson s’interroge pendant la visite de notre chambre. En effet, venus pour une conférence à Sainte-Mère-Eglise, nous avons décidé de poser nos bagages chez lui, à 4 kilomètres du village. Il propose ses chambres d’hôtes du manoir de La Fière, ou il met à disposition de ses pensionnaires trois chambres proprement meublées et parées des couleurs de la 82nd. Car nous sommes sur un lieu particulier, une ferme du XIVème siècle située à quelques mètres du pont chèrement défendu par les parachutistes américains du 6 au 7 juin 1944.
L’édifice, face au mémorial des paras ou se dresse fièrement la statue Iron Mike, respire la tranquillité. Car le sentiment est troublant. Le silence du matin inonde l’atmosphère, simplement troublé par les clapotis du Merderet et les quelques véhicules qui circulent sur la petite route. 69 ans auparavant, une des batailles les plus sanglantes de la seconde guerre mondiale s’est déroulée ici pendant 3 jours. Aujourd’hui, la bataille de la Fière s’est tut, mais ce pont continue d’attirer les pèlerins et en journée le parking du mémorial est rarement désert.
La ferme-manoir de La Fière
Ci-dessus à gauche : Le foxhole ( trou défensif ) du général Gavin** a été conservé, visible en bord de route à une centaine de mètres du pont.
Ci-dessus à droite : Depuis le mémorial des parachutistes on aperçoit la chapelle de Cauquigny distante de 500 mètres environ, objectif de la 82nd le 9 juin 1944.
"J'ai quelque chose à vous montrer, restez là." |
Dans sa demeure, Yves Poisson devient disert lorsqu’il s’agit d’aborder les paras, ces anciens combattants qu’il accueille régulièrement. Membre de l’association US Normandie, il s’épanche volontiers sur les actions des hommes de la 82nd Airborne et leur devenir. Chaque commémoration du Jour J est pour lui propice pour retrouver ses hôtes, en témoignent les nombreuses photos de vétérans accrochées aux murs de son séjour ou dans les chambres. Des murs qui en juin 1944 ont bien souffert. Yves Poisson nous replonge dans ces évènements : « A la tombée de la nuit, Mme Leroux ( l’ancienne occupante du manoir ) a aperçu des parachutes qui sont tombés là derrière. Dans la nuit, on a frappé à la porte. Mr Leroux a ouvert. C’était un officier allemand. Arrivé avec un camion de blessés, il a réquisitionné la ferme et a mis les blessés dans la cuisine. Les autres allemands ont pris position dans le grenier et autour de la ferme. Quelques snipers se tenaient dans les arbres ». Plusieurs américains arrivent ensuite aux abords du domaine mais ne peuvent progresser face à la résistance ennemie. Les renforts affluent pour conquérir la position vitale qu’est le pont de La Fière. Les groupes d’assaut avancent en files le long des dépendances, usant de leurs grenades vers le manoir.
Pendant l’affrontement, la famille Leroux va se mettre à l’abri dans la cave et tombe nez à nez avec le para Lee Frigo, du 508th PIR. « Ils ont eu de la chance, précise Yves Poisson, car Lee Frigo était d’origine Canadienne et parlait très bien le français. Les parachutistes sont arrivés en nombre et ont évacué la famille Leroux. Les combats ont repris mais très vite, les allemands retranchés dans les étages ont pris des taies d’oreillers blanches et les ont agité aux fenêtres en signe de reddition ». Ainsi, les parachutistes ont pu prendre position autour du pont et attendre les contre-attaques allemandes.
"D’ailleurs, j’ai quelque chose à vous montrer, restez là." Mr Poisson part un moment nous laissant en plan dans sa cour et revient avec un paquet blanc. On dirait une toile. On n’ose demander de quoi il s’agit craignant d’apprécier sa réponse. Mais il faut vite se rendre à l’évidence : c’est bien un parachute, lui aussi vétéran du 6 juin. Ensemble nous déployons la large corolle. La voile immaculée se gonfle, et une ouverture en son centre apparait. Il explique : « Cette ouverture permet à l’air de s’échapper et évite au parachutiste d’osciller pendant sa descente ».
Ci-dessous : Le parachute tombé le 6 juin 1944 et récupéré plus tard par Yves Poisson ( en pull rayé ).
Ci-contre : Après leur libération, les normands ont trouvé plusieurs utilisations aux parachutes.
Ici, un morceau s'est transformé en tablier.
Et les chambres dans tout ça ? Elles sont homologuées Gites de France, classées 2 épis. La salle de bains et les sanitaires sont propres. Autre bon point, le petit déjeuner, copieux et agrémenté de confitures faites maison, est inclus dans le prix de la nuitée. Au cœur des marais, vous ne serez pas dérangé par le bruit ( à part si vous y séjournez le 6 juin ). Vous pouvez dormir dans les chambres Sullivan ou Murphy, à l’extérieur dans l'ancienne boulangerie du domaine. Une troisième chambre est disponible dans le manoir. Côté tarif, comptez entre 38 et 69 euros ( tarif 2013 ). Préférez donc si possible la ferme-manoir de Mr et Mme Poisson à un hôtel. Vous pouvez le matin autour du café faire connaissance avec vos voisins de chambre. C’est bien plus sympa, dépaysant et vous êtes au cœur du D-Day. |
Ferme manoir La Fière
Chantal et Yves Poisson
Face au mémorial des paras
50480 Sainte-Mère-Eglise
Tel : 02 33 41 31 77
Email : poisson.yves2@wanadoo.fr
www.chambrenormandie.fr
*Auteur du livre No better place to die
**Né en 1907, il est le plus jeune général américain de la seconde guerre mondiale. Il est à 37 ans le Jour J le commandant adjoint de la 82nd Airborne Division.