travaux
Le char Tigre de Vimoutiers
Par plagesdu6juin1944 | Le 16/02/2013 | Commentaires (1)
En très mauvais état, la question de la restauration du char Tigre de Vimoutiers se pose. Mais tout le monde n’est pas d’accord.
Après 30 ans passés en bord de route, le Tigre a été installé sur une aire de repos
Fin août 1944, les restes la 7ème armée allemande battent en retraite vers la Seine et tentent de se soustraire à l’encerclement des libérateurs. Afin de retarder leurs poursuivants, les allemands encombrent les routes de divers matériels et véhicules. Près de Vimoutiers dans l'Orne, ce sont ainsi 5 chars Tigre qui vont jouer les obstacles de fortune. Mais il en faut plus pour stopper le rouleau compresseur allié et les blindés se retrouvent rapidement dans le fossé.
La guerre terminée, ce sont des milliers d’éléments abandonnés par les belligérants qui jonchent le sol français. L’administration entre en scène et tout ce que les bas-côtés de l’hexagone comptent de canons ou chars vont faire le bonheur des ferrailleurs. L’un d’eux prend donc possession des 5 tanks de Vimoutiers et commence leurs désossements. Cependant un blindé est plus difficile d’accès, et seuls la boîte de vitesse et le moteur lui sont soustraits pendant que ses 4 autres camarades sont recyclés. Dès lors, jusque dans les années 70, le Tigre de 57 tonnes, devenu terrain de jeu pour les enfants, coule sa tranquille retraite aux abords de la nationale 179 et surprend nombre d’automobilistes sortant du virage.
Un ancien combattant croise un jour sa route et observe que des ouvriers s’affairent à le découper à coups de chalumeaux. Le maire de Vimoutiers est mis au courant du désossage. Il s'y oppose et sauve ainsi la peau du Tigre. La commune achète l’engin 6 000 francs et entreprend en 1975 sa restauration. Classé depuis monument historique, le char trône sur une aire de repos et attire toujours plus de curieux.
Seulement le temps fait son œuvre et ce témoin de la bataille de Normandie souffre de son âge et de la corrosion. Le conseil municipal a ouvert le débat sur de nouveaux travaux de sauvegarde de l’engin. Mais ce projet, et surtout son coût, divise les élus. Dix milles euros sont déjà nécessaires pour étudier la carcasse du char. Une facture indécente compte-tenu de la situation économique actuelle pour Patrick Monnier, conseiller de l’opposition. L’actuel maire Guy Romain ne partage pas cet avis et dans l’édition du journal Ouest France du 1er janvier 2013, il se dit favorable pour une intervention des techniciens : « le char Tigre constitue un patrimoine classé, et il est de notre devoir de le remettre en état. Il n'en reste que deux exemplaires, le second se trouve à Saumur. Au moins, sauvons-le ! Il représente un intérêt touristique indéniable. » Le 16 janvier toujours dans Ouest France, selon Jacques Van Djike ( ancien ingénieur dans l'armement ) la remise en état couterait 300 000 euros. Et jusqu'à un million d'euros si les élus souhaitent que le char refonctionne, mais se serait techniquement impossible.
Nouvel épisode le 18 janvier, puisque c’est Laurent Beauvais, président de la région Basse-Normandie qui apporte également son soutien au sauvetage du char. Il espère pouvoir trouver un financement afin que le Tigre restauré soit présentable pour le 70ème anniversaire du D-Day, en 2014. Les propositions d’aides françaises et étrangères affluent sur le bureau du maire Guy Romain, mais ce dernier précise que l’on ne peut pas faire n’importe quoi avec ce monument classé. Le chantier doit être assuré par un architecte en chef des Monuments historiques sous le contrôle du ministère de la Culture.
Quant au char, loin des enjeux politiques et touristiques, il continue de faire s’arrêter les passants. Une seconde vie paisible en attendant une seconde jeunesse.
Sources : Ouest France
Site de la commune de Vimoutiers
Site Normandie 44
Extension du musée Airborne de Sainte-Mère-Eglise
Par plagesdu6juin1944 | Le 29/04/2012 | Commentaires (1)
Sur fond d'une longue guerre interne, le projet d'extension du musée Airborne de Sainte-Mère-Eglise doit enfin pouvoir passer au stade de la mise en chantier. Car la nouvelle mouture doit être prête pour les commémorations du 70ème anniversaire du D-Day en 2014.
Dans la nuit du 6 juin 1944, des milliers de parachutistes sont largués autour de Sainte-Mère-Eglise. Ce sont les hommes de la 82nd Airborne US commandée par le général Gavin. Leur mission est de prendre possesion de la commune et de cloisonner la zone, secteur qui deviendra dans quelques heures Utah Beach et ou leurs camarades de l'infanterie prendront pied. Seulement les largages sont aléatoires et les paras de la 82nd se retrouvent mêlés aux troupes de la 101st Airborne, censées atterrir plus au sud autour de Sainte-Marie-.du-Mont. Des paras tombent au centre de Sainte-Mère-Eglise, sur la place de l'église. Entre allemands et américains la lutte est acharnée. Après quelques heures de rudes combats, les troupes aéroportées se rendent maîtres du village et le drapeau étoilé peut flotter à 5h30 sur le fronton de la mairie.
Après-guerre, la commune entretien les liens avec les vétérans et nombreux sont ceux qui reviennent se souvenir dans les rues du village qu'ils ont libéré. Mais c'est en 1962 que le bourg connait une renommée mondiale avec la sortie du film « Le jour le plus long « de Darryl Zanuck, histoire tirée du livre à succès de Cornélius Ryan ( voir blog ).
Les visiteurs affluent, et en 1964, un musée voit le jour. Le général Gavin pose la première pierre et la collection est ébauchée grâce aux dons des habitants témoins du D-Day et des vétérans. Situé au centre du village, le site s'articule autour de deux bâtiments :
- Le premier en forme de parachute abrite un planeur Waco et des objets d'époque
- le second contient un C-47 qui participa au largage le 6 juin 1944
Seulement depuis son inauguration, le musée Airborne a peu évolué. Ce qui n'est pas le cas des autres sites du débarquement qui ont réussi à se renouveler comme le mémorial Pégasus de Ranville en 2000, le centre Juno à Courseulles en 2003, le musée Utah Beach et son extension livrée en juin 2011 ). Sainte-Mère-Eglise ne pouvait pas rater le train du nouvel engouement du public pour la bataille de Normandie.
Fin 2008, la direction du musée décide de créer une extension munie d'un simulateur. L'engin à taille réelle reproduira la cabine d'un C-47 et permettra au visiteur de vivre l'épopée des parachutistes américains. Un autre édifice regroupant d'autres collections doit venir l'épauler et l'ensemble doit être inauguré courant 2012.
Malheureusement tout n'est pas rose sous le soleil normand et des dissensions internes plombent le projet et l'ambiance dans les couloirs du musée. Aucun mur ne s'est élevé aux abords de l'accueil du mémorial. Car depuis 2010, c'est une bataille d'influence qui se joue dans ses murs et retarde l'arrivée des engins de construction. Le directeur Patrick Bunel quitte son poste en mars 2011 agacé par les luttes de pouvoirs, mais reste membre de l'association. A cette époque, le président Jean d'aigneaux, et Marc Lefèvre, maire de Sainte-Mère-Eglise,se disputent la présidence du musée et l'atmosphère est au règlement de comptes. Finalement et après intervention de la justice, Marc Lefèvre obtient la pleine présidence en novembre dernier et l'on pensait que la mise en chantier du troisième site du musée pouvait commencée.
Le 26 avril, le journal Ouest France annonce la couleur : le permis de construire sera enfin déposé en juin 2012. L'assemblée générale de l'association s'est vu présenter le projet moins ambitieux qu'à l'origine et le coût de 7 millions d'euros est revue à la baisse. La première idée en 2008 visait deux nouveaux bâtiments à édifier. L'architecte a refait sa copie et une seule extension verra le jour. A l'unanimité moins une voix, l'assemblée a entériné le projet.
Côté facture, le coût est de 6 345 000 euros |
Une salle immersive de 1 000 m2 sera mise en place ou le visiteur embarquera d'un aérodrome anglais et emboitera le pas des paras américains. Côté facture, l'enveloppe est de 6 345 000 euros, dont 4 200 000 seront financés par un emprunt. Le musée apportera 337 000 euros et le conseil général 120 000 euros, quand l'autofinancement a déjà amené une base de 1 688 000 euros. Les ouvriers devraient commencer les travaux en janvier 2013 pour pouvoir livrer l'extension en mars 2014.
La cabine de C-47 dans laquelle l'immersion sera possible
C'est une bonne nouvelle pour le Cotentin et les passionnés du jour J. Le musée est vieillissant et commence à souffrir de la comparaison avec d'autres sites du débarquement en Normandie. La direction du musée va pouvoir axer sa politique vers la pédagogie et peut-être mettre un peu d'ordre dans l'agencement de sa collection. Car il est vrai que les reliques des vétérans et les objets exposés sont placés pêle-mêle dans les vitrines. Il serait bon qu'un fil conducteur puisse guider le public et faciliter sa compréhension des enjeux et des évènements qui se sont déroulés sur le littoral normand il y'a maintenant 68 ans.
En attendant, les tensions sont encore vives dans les réunions de l'assemblée du musée Airborne. En marge du vote pour l'acceptation du projet, Patrick Bunel a été mis en demeure de restituer l'avion Piper Club offert par un américain.... Finalement à Sainte-Mère-Eglise, la guerre ne s'est pas encore achevée.
Sources : ouest france, la manche libre, site web du musée airborne