utah
Veste de saut de M. Hegel, 506th PIR 101st AB
Par plagesdu6juin1944 | Le 11/02/2015 | Commentaires (0)
Voici un nouveau volet dans notre musée virtuel des vétérans : l’histoire du para Marvin W. Hegel, Co I 3/506th PIR 101st Airborne, qui fut largué aux abords de Saint-Côme-du-Mont le 6 juin 1944. Témoin exceptionnel du D-Day, sa veste de saut M42 nous est aujourd’hui parvenue et s’expose devant vous.
Livre Les cimetières provisoires américains de Ste-Mère-Eglise
Par plagesdu6juin1944 | Le 19/07/2014 | Commentaires (1)
Un nouveau livre arrive dans notre bibliographie : Les cimetières provisoires américains dans le canton de Sainte-Mère-Eglise, 1944-1948, d’Antonin Dehays.
Le 6 juin 1944, les parachutistes américains ont un objectif prioritaire : Brooklyn. Brooklyn ? L’un des cinq arrondissements de la ville de New-York ? Non, les paras vont bien sauter au-dessus du Cotentin. Plus précisément sur Sainte-Mère-Eglise, village de 1 200 âmes, codé « Brooklyn » par les stratèges alliés. Situé derrière la plage d’Utah Beach, Sainte-Mère-Eglise constitue un nœud routier vital pour la progression américaine vers la capture du port en eaux profondes de Cherbourg. La prise de cet objectif est dévolue à la 82nd Airborne. Dès le 6 juin, les américains réussissent à s’en emparer, et les contre-attaques allemandes vont pendant 4 jours se fracasser contre les défenses acharnées des libérateurs, également aidés par des membres de la 101st largués par erreur sur leur secteur. Ces faits d’armes feront alors dire au maire de l’époque, Alexandre Renaud, que Sainte-Mère-Eglise fut à juste titre « la première tête de pont américaine en France. » Mais les habitants payèrent cher leur libération. Pour la seule journée du 6 juin, 25 personnes perdirent la vie. Puis au fil des jours, les alliés entreprennent leur marche implacable vers l’ouest et surtout le nord de la péninsule, direction donc Cherboug. Le tonnerre des combats s’éloigne. Après 4 années d’occupation, vient alors le temps de la reconstruction pour les normands. Mais aussi de la cohabitation avec l’hôte américain. Le choc des cultures s’invite dans cette Normandie rurale, ou l’Amérique dépose à grands coups de Jeeps son modernisme et son abondance.
Antonin Dehays, doctorant en Histoire et chercheur indépendant, s’intéresse ici à la destinée locale de cette commune de la Manche. Comment se déroulait la cohabitation avec l’occupant allemand ? Comment Sainte-Mère-Eglise a-t-elle été libérée ? Comment s’est déroulée la bataille de La Fière ? Comment les américains se sont-ils intégrés à la libération dans le quotidien champêtre des Manchois ?
Surtout, Antonin Dehays met en avant dans son livre un point essentiel mais très rarement traité dans les ouvrages sur la seconde guerre mondiale : la mort. Aujourd’hui la Normandie est constellée de cimetières militaires, calmes prés courus par les touristes les jours de commémorations. En 1944, l’armée américaine a dû faire face à des milliers de morts dans ses rangs, et elle s’y attendait. Comment l’Etat-Major a-t-il anticipé les pertes ? Comment les corps des soldats ont-ils été pris en charge ?
Ainsi autour de Sainte-Mère-Eglise 3 cimetières militaires provisoires ont vu le jour afin d’accueillir quelque 13 000 sépultures. Abondamment illustré de photos d’époque, de témoignages, et de documents d’archives, le travail de l’auteur est remarquable. Il démontre un souci des autorités américaines de préserver le souvenir des combattants, mêmes allemands. De 1944 à 1948, des milliers de soldats ont ainsi reposé dans le canton de Sainte-Mère-Eglise. Puis les familles des morts furent questionnées : Fallait-il rapatrier aux Etats-Unis leur fils, leur mari ? 60% en firent la demande. Les autres corps demeurèrent en France, répartis dans 2 cimetières définitifs : à Colleville-sur-mer sur Omaha Beach, et à Saint-James dans la Manche. L’année 1948 sonna le glas des cimetières provisoires.
Ces fermetures furent un crève-cœur pour les Sainte-Mère-Eglisois. Car ces cimetières provisoires étaient un véritable coin d’Amérique pour les locaux, « The place to be » pour la sortie du dimanche, la communion ou même les photos de mariages. Les autochtones devinrent de véritables gardiens du souvenir, au premier rang desquels Simone Renaud, la femme du maire. Car Sainte-Mère-Eglise ne se résume pas à John Steele, parachutiste resté accroché au clocher de l’église. Daryl Zanuck et son film Le Jour le plus long firent en 1962 une célébrité mondiale de cette localité normande. Mais ce mannequin pendu depuis 1975 du mauvais côté de la place et de l’Histoire, toisant les milliers de visiteurs venus en contre-bas l’immortaliser sur leurs appareils, est un raccourci trop facile sur la notoriété de Sainte-Mère. Car la commune était connue en Amérique bien avant les exploits sur grand écran de John Wayne et consorts. Le livre démontre comment les normands ont exprimé leur reconnaissance dès 1945 et le 1er anniversaire du D-Day. Comment ils ont choyé ces sanctuaires et entretenus le lien douloureux, compréhensif et nécessaire avec les familles des hommes confiés à leur terre. De fait cette lutte contre l’oubli souleva un vent considérable de sympathie aux Etats-Unis.
Avec cet ouvrage, Antonin Dehays répond aussi à des questions discrètes, mais fondamentales en temps de guerre : Comment traiter durablement et dignement les pertes humaines ? Par-delà la logistique qui en découle, les regards et les réactions des civils sont aussi disséqués. Comment cohabiter avec la mort d’étrangers ? Comment les normands ont-ils accepté ces espaces hérissés de croix blanches à deux pas de leurs domiciles ? Toutes les réponses sont dans cet ouvrage sérieux, respectueux, pertinent, et jamais morbide.
Livre Sainte-Mère-Eglise un sanctuaire américain en Normandie 1944-1948, aux éditions OREP, 224 pages
De gauche à droite : Antonin Dehays, Jean-Baptiste Feuillye et Jacques Pignot, lors de la présentation du livre le 25 octobre
2013 à Sainte-Mère-Eglise.Ces 2 derniers ont participé aux inhumations des soldats américains entre 1944 et 1948.