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Décès d'Yves Meudal, commando Kieffer
Par plagesdu6juin1944 | Le 10/09/2016 | Commentaires (0)
Yves Meudal, badge N°59 et vétéran du D-Day, est décédé le 9 septembre 2016 à 93 ans.
Le commando Meudal (photo : Le Télégramme)
Né en 1923 et orphelin à 11 ans, il s’embarque en 1939 dans la marine marchande. A la défaite française, son commandant choisi de rester fidèle au régime de Vichy. En 1942 lors d’une halte à Dakar, il réussit à s’échapper puis monte à bord d’un navire de la France Libre et rejoint le Royaume-Uni.
A Londres, il s’engage dans les FNFL puis dans les Commandos et reçoit son béret vert. Intégré à la Troop 8 du Lieutenant Lofi en 1943, il débarque le 6 juin 1944 en Normandie avec les 176 autres commandos français du commandant Kieffer. Arrivé sur Sword Beach avec le 1er Bataillon de Fusiliers Marins commandos, il pose pied face à Colleville-sur-Orne. En 2014 pour le journal Ouest France, il revient sur ce jour historique : "Pas le temps de regarder le paysage ! Bien que surpris, les Allemands tiraient de partout et la plage était minée. On nous avait appris qu'il fallait suivre le fil blanc déroulé par les démineurs, mais on n'a pas eu le temps d'attendre. Sous les balles, on a foncé, traversé les 400 m de sable à découvert et on s'est regroupé dans la ruine prévue. Sauf cinq ou six camarades déjà tués sur la plage."
A l’issue de la campagne normande, il est l’un des 24 commandos à ne pas avoir été blessé depuis le Jour J.
Aux Pays-bas en novembre 1944, il est dégradé pour avoir abandonné son arme en secourant un camarade blessé. Redevenu matelot de 1ère classe et rapatrié en Angleterre, il devient instructeur avant d’être démobilisé en 1945.
Pour ses faits d’armes, il portait l'Ordre National du Mérite et fut fait Officier de la Légion d’Honneur en juillet 2014.
A ce jour, il reste 5 survivants du commando Kieffer.
Extraits du documentaire "6 juin 1944, le Commando Kieffer" de Stéphane Rybojad.
Sources :
Le monde
Musée des fusiliers marins et commandos
Livre Bye Bye Geneviève !
Par plagesdu6juin1944 | Le 02/08/2015 | Commentaires (0)
Un nouveau livre apparait dans notre bibliographie : Bye Bye Geneviève !, de Geneviève Duboscq.
La routine va bon train au passage à niveau 104 près de Sainte-Mère-Eglise. Cette maison de garde-barrière est occupée par la famille Duboscq : Papa Maurice, sa femme, leur fils Claude et sa grande sœur Geneviève. Les journées sont rythmées par le braconnage dans le marais ou la traite des vaches. Geneviève, 11 ans, comble ses heures avec l’école et les corvées, mais doit aussi subir les coups d’un père souvent abruti par l’abus de Calvados. Tout juste leur quotidien dans cette Normandie rurale est-il troublé par les tours de garde ordonnés par l’occupant allemand à Papa Maurice.
Cependant cette vie champêtre va être bouleversée un soir de juin 1944, lorsqu’un grondement se fait brusquement entendre dans le ciel du Cotentin. Le 5 au soir, c’est la Libération, leur libération qui est en marche. La Bataille de Normandie s’annonce et les emporte, sous la forme d’un immense et étrange soldat au visage noirci qui d’un coup rempli l’encadrement de leur porte d’entrée.
C’est un parachutiste américain. Mais il n’est pas seul, ils sont des dizaines, des centaines à se balancer dans la nuit vers le sol. Vers le sol ? Pas pour tous. Car pour contrecarrer l’invasion alliée, les allemands ont inondé les marais. Beaucoup de paras risquent donc de se noyer, alourdis par leurs bardas et emmêlés dans les suspentes.
Papa Maurice l’a vite compris et sa barque sillonne rapidement les eaux noires à la recherche des naufragés. Embarquée dans le grand tournant de l’Histoire, la famille Duboscq va ainsi sauver, recueillir, réconforter, orienter et ravitailler les parachutistes. Les blessés, alliés et allemands, vont aussi peupler leur demeure. Ainsi, entre 350 et 500 paras des 82nd et 101st Airbornes auraient été sauvés par les Duboscq dans le marais.
Dans cette vie devenue extraordinaire, ou la mort rôde et frappe, les Duboscq vont alors apprendre à se connaitre vraiment. Car quand chacun peut être à tout moment fauché par une balle ou une bombe, les rancœurs, les non-dits, mais aussi le courage se révèlent. Pour Geneviève, au-delà de ces vérités, c’est aussi le choc des cultures avec un nouvel occupant. Car les américains débarquent avec leur modernisme à profusion et bousculent le paysage local. Pour la petite normande, la Libération sonne le glas de son enfance. Portée par une foi et un volontarisme inoxydables, elle va connaitre la bravoure, la peur, la trahison, le trépas, l’amour et la survie. Au crépuscule de son innocence, ces épreuves feront vite de la gamine une jeune femme.
Bien plus tard, les vétérans passés par le PN 104 n’ont pas oublié cette famille. Le 5 juin 1977, lors des commémorations du D-Day à Sainte-Mère-Eglise, les Etats-Unis remirent à Papa Maurice, sa femme, et à leur fille la médaille de la valeur militaire américaine.
De son vécu, Geneviève Duboscq écrivit le livre Bye Bye Geneviève !, qui sera tiré à 250 000 exemplaires. Elle participa à des conférences et des plateaux télé (voir ci-dessous l'extrait de l'émission Apostrophes avec Bernard Pivot). Elle reçut également la médaille du courage d'Israël et la Légion d'honneur française. Bye Bye Geneviève ! est un écrit romancé, le regard d'une enfant sur des évènements qui la dépassent. Et le chiffre de 350 soldats secourus dans le marais fit beaucoup parler dans le Cotentin. Loin des débats sur la véracité historique et les bilans comptables, que ce soit 500, 20 ou un seul para réellement sauvé par les Duboscq, l'humanité se fit une place au coeur de la guerre. Et c’est bien là l’essentiel.
Livre Bye Bye Geneviève !, de Geneviève Duboscq, aux éditions Robert Laffont, 286 pages.
Emission Apostrophes du 29 septembre 1978 : Les oubliés de l'Histoire (ina)