Johannes Börner, le "frenchy" diable vert
Par plagesdu6juin1944 | Le 22/05/2018 | Commentaires (0)
Johannes Börner, vétéran allemand et résidant en Normandie, est décédé dimanche 20 mai à 92 ans.
Il était une figure locale, bien connue des habitants de Ouistreham et des lycéens de la région. Lui qui prônait la paix et l'amitié franco-allemande, avait depuis longtemps joint les actes à la parole. Lors de la cérémonie internationale du 70ème anniversaire du D-Day en 2014, l'assistance s'était émue de son étreinte avec un ancien ennemi, Léon Gautier, devenu ami de toujours.
Johannes racontait aux écoliers son histoire et le tournant de la guerre. Lui, le natif de Döben, est enrôlé chez les paras en 1943 et intègre la IIIe Fallschirmjäger-Division. A l'été 1944, les alliés poussent inexorablement vers l'Est, les troupes allemandes retraitent. Beaucoup se retrouvent acculées dans la Poche de Falaise. Le 21 août, son unité dépose les armes face aux Canadiens à Saint-Pierre-sur-Dive. A l'arrivée à St-Lô, sa compagnie était forte de 120 hommes. Lors de leur réddition, ils ne sont plus que 9 encore en vie. Pour Johannes le combattant vient alors le temps de la détention. Pour éviter de se retrouver à oeuvrer dans les périlleuses troupes de déminage, il se porte volontaire pour travailler à la ferme près de Falaise. Puis vient la libération en 1947. Ses parents l'incitent à ne pas rentrer chez eux, car la région est passée sous contrôle soviétique. Il devient un travailleur libre, mais soumis à des contrôles réguliers des autorités.
Le vétéran reste très attaché à la France, pays qui lui a donné sa belle blonde, thérèse, qui deviendra sa femme. Il obtient en 1956 la nationalité française. A compter de 1969, les Ouistrehamais peuvent s'assoir aux tables de son restaurant, le Chateaubriand. Pendant 30 ans, le diable vert accueille les visiteurs de tous horizons, et notamment ses anciens frères d'armes, étonnés de retrouver un compagnon si à son aise sur Sword Beach. Ils se remémorent alors le front et les terribles heures de souffrance près de Chambois : les innombrables cadavres, la faim, la crainte des attaques des avions ennemis. De ces heures difficiles il garda une profonde aversion pour la guerre, et trouva écoute et soutien auprès de Léon Gautier, membre du 1er BFMC du commandant Kieffer. La guerre les fit s'affronter, mais la paix scella leur amitié.
Aujourd'hui, plus qu'un fils adoptif, Ouistreham a perdu un de ses plus beaux représentants.
Témoignage de Johannes Börner : De Leipzig à Ouistreham (Philippe Minot - Créacom)
Sources :
ODT de Caen la mer
39/45 Hors Série Historica N°120 Ouistreham 6 juin 1944
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