Les Code Talkers d'Utah Beach
Par plagesdu6juin1944 | Le 03/05/2015 | Commentaires (0)
Pendant la seconde guerre mondiale les allemands se servaient de la machine Enigma pour coder leurs transmissions. Mais le Jour J sur Utah Beach, les américains avaient eux aussi leur botte secrète afin de crypter leurs messages.
9 juin 2014. 70ème anniversaire du D-Day. Sur le site de La Madeleine giflé par les vents trône aujourd’hui le musée Utah Beach. A proximité, des visiteurs étrangers s’avancent face à l'assistance et entament une danse et des chants traditionnels. Ces hommes et ces femmes sont des Comanches. Ils ont traversé l’océan pour commémorer le souvenir de leurs aïeux qui ont jadis rempli une mission méconnue mais essentielle.
Car le 6 juin 1944, des amérindiens font partie des premières vagues d’assaut sur le secteur Utah. Ils sont treize parmi plus de 23 000 combattants américains. Treize membres de la 4th Signal Compagny comme Charles Chibitty ou Roderick Red Elk à parler le Comanche. Ils se nomment les Numurekwa’etuu et utilisent un langage incompréhensible pour les centres d’écoutes allemands.
Les chars sont des tortues
Dix-sept Comanches venus de l’Oklahoma sont sélectionnés en 1941 par l'armée. 70 ans après les persécutions de l'US Army contre leur peuple*, ces indiens suivent pendant trois ans une formation pour s'adapter et sécuriser les transmissions de l'infanterie. Trois ans pour résoudre un problème, les indiens n'ayant pas l'habitude d'user de termes militaires dans leur langue. Les recrues créent leur code à Fort Benning. « Nous avons compilé 100 mots de notre vocabulaire en des termes militaires pendant la formation », déclara Charles Chibitty en 1999. Ainsi dans leurs communications, le char est par exemple symbolisé par le mot tortue, et l'avion devient un oiseau. Devenus en 1944 les Code Talkers, ils assurent un rôle primordial pour la réussite du Débarquement allié dans le Cotentin. Deux Comanches sont affectés à chacun des régiments de la 4th Infantry Division. Ils transmettent des messages codés à partir de la ligne de front jusqu'au siège de la division, où d'autres Comanches transcrivent les billets. Leur premier message pour l'état-major est celui-ci : « Tsaaku nunnuwee », ce qui une fois traduit donne « Nous avons bien débarqué. »
Code talkers de la 4th Signal Compagny
Pendant le conflit certains Code Talkers furent blessés, mais tous survécurent à la guerre. Quant au code, il ne fut jamais cassé malgré les efforts d'Hitler, que les amérindiens appelaient l’homme blanc fou.
Honorés par leur pays 69 ans plus tard
En 1989, le gouvernement français honora les Code Talkers Comanches en les faisant Chevaliers de l'Ordre National du Mérite. Puis en 2013, les Etats-Unis octroyèrent à leurs 17 vétérans la médaille d'or du Congrès, la plus haute distinction civile. Cette récompense fut à titre posthume, le dernier survivant de l'équipe, Charles Chibitty, étant décédé en 2005. Trois ans avant de disparaitre, ce dernier eut ces mots : "C'est étrange, mais enfant, on m'avait interdit de parler ma langue maternelle à l'école. Plus tard, mon pays me l'a demandé. Ma langue a aidé à gagner la guerre, j'en suis très fier."
Charles Chibitty en 2002
(photo : Rudi Williams/American Forces Press Service)
Les 17 Code Talkers Comanches de la seconde guerre mondiale : Cpl. Charles Chibitty T/4 Haddon Codynah T/5 Robert Titulaire Cpl. Forrest Kassanavoid T/5 Wellington Mihecoby Pvt. Albert (Edward) Nahquaddy, Jr. Pvt. Perry Noyabad T/5 Clifford Otitivo T/5 Simmons Parker Pvt. Melvin Permansu Pvt. Elgin Red Elk Pfc. Roderick Red Elk Pfc. Larry Saupitty Anthony Tabbytite T/4 Morris Tabbyetchy Pfc. Ralph Wahnee T/5 Willis Yackeschi |
Pour aller + loin :
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*Entre 1874 et 1875 eut lieu la guerre de la rivière rouge. L’US Army mena campagne contre les tributs Comanche, Kiowa, Cheyenne et Arapaho du sud du territoire afin de les forcer à quitter les grandes plaines et à rejoindre les réserves.
Sources :
site web du département de la défense américaine
Livre Histoires insolites du Débarquement, de Frédéric Veille et Frédéric Leterreux, éd. City
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