Livre "Ils arrivent" de Paul Carell
Par plagesdu6juin1944 | Le 28/03/2011 | Commentaires (1)
Notre bibliographie regorge de dizaines d’ouvrages ou de nombreux points de vue y sont exprimés. Ceux des alliées, des historiens et autres passionnés éclairés, voir des civils normands. Aujourd’hui, entrez dans les casemates et frottez vous au quotidien des défenseurs allemands des prémices du déclenchement d’Overlord jusqu’au dernier coup de canon germain en Basse-Normandie le 21 août 1944. Un livre, c’est aussi un titre fort. Avec Ils arrivent ! le lecteur, appâté par cette couverture, est servi : Vous allez vivre la bataille de Normandie avec les gars du camp d’en face. 80 jours dans la fournaise normande à tenter de repousser une défaite qui devient vite inéluctable. Cependant, votre lecture devra observer une certaine hauteur par rapport aux situations narrées dans ce diaporama historique ( voir en bas de page ).
Depuis la plage d’Utah Beach, vous collerez aux casques des diables verts de Carentan. Vous retiendrez votre souffle devant la forteresse de Cherbourg puis assisterez à la chute de Caen, prélude au désastre de la poche de Falaise. Vous ferez connaissance comme ils disaient avec les Tommies et autres « Amis ».
Vous allez ainsi comprendre comment l’armée allemande va se saborder elle-même et devenir un acteur inattendu pour la réussite du débarquement allié en France. Au fil des pages, vous serez témoins d’une série d’invraisemblances à tous les étages de l’édifice nazi. De nombreux jets d’incompétences qui vous laisserons circonspect : Vous découvrirez pourquoi une grande partie du commandement allemand en Normandie n’était pas à son poste alors que l’invasion alliée avait débuté. Pourquoi leurs services de renseignements étaient au courant du débarquement avant son déclenchement mais n’ont pas cru nécessaire d’en avertir les défenses au sud de la Seine. Pourquoi les divisions blindées, qui auraient pu refouler les alliés à la mer, ont dû toute la journée du 6 juin composer avec les changements d’humeur de leur Etat-major. Pourquoi les fantassins allemands ont dû se battre sans leur aviation, la Luftwaffe ( ce qui donna lieu à une blague dans les abris germaniques … Allez, je vous la raconte : « si tu vois un point bleu dans le ciel, c’est un avion américain. Si c’est un point gris, c’est un anglais. Et si tu ne vois rien, c’est la Luftwaffe » Preuve qu’ils savaient garder leur sens de l’humour ).
Et au milieu des manquements coupables de leur commandement, vous découvrirez surtout le quotidien de l’officier dans sa lutte face à un ennemi techniquement et numériquement supérieur. On mesure aussi en tournant ces pages la pleine puissance américaine, véritable hydre inépuisable qui surprit et découragea nombre de poches de résistance. Alors qu’Hitler, persuadé que l’invasion réelle le frapperait dans le nord de la France, ordonna de se battre jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière cartouche. Il ressort de sa lecture que l’armée allemande fut pendant 4 ans une redoutable machine offensive, qui pu étendre sa domination sur l’Europe, en Afrique, jusqu’aux portes de Moscou. Mais une fois en position défensive, le monstre statique s’enraille. Malgré les mises en garde du Maréchal Rommel et deux sérieux avertissements ( 1942, débarquement allié en Afrique du nord, suivi en 1943 de celui en Sicile ), les hésitations d’Hitler et de ses proches conseillers qui centralisèrent le pouvoir furent tragiques pour le soldat en faction sur le mur de l’Atlantique. Le désarroi des généraux face au manque de moyens et aux atermoiements de Berlin est palpable. Les lignes de Paul Carell reflètent la ténacité mêlée d’impuissance de l’officier allemand, et qui dû finalement plier face au rouleau compresseur allié. Publié en 1962 et édité en France et en Allemagne, cet ouvrage fut le premier à donner la parole aux allemands. Une fois le livre fermé, on reste pensif au regard de l’incroyable série d’erreurs de cette armée allemande pourtant d’habitude si rigoureuse. Comme si tous les succès auparavant amassés avaient enquilosé son jugement et fait perdre au führer sa vista légendaire. Ce dernier et sa garde rapprochée en prennent pour leurs grades au fil des pages, tandis que les troupes allemandes sont glorifiées, parfois à l'excès.
Attention ! L'auteur raille donc la stratégie d'Hitler et met sur le devant de la scène le courage du soldat teuton. Il faut savoir que Paul Carell, de son vrai nom Paul Karl Schmidt était membre du NSDAP ( le parti national socialiste des travailleurs ) en 1931, SS en 1938, puis porte-parole de Von Ribbentrop, ministre allemand des affaires étrangères en 1940. Il était alors un rouage actif de la propagande nazie en temps de guerre, véritable expert en communication, et intervenant majeur dans l'édition du magazine d'extrême-droite Signal. Il fut arrêté le 6 mai 1945 et emprisonné pendant 30 mois avant d'être cité comme témoin à charge au procès de Nuremberg. Dans les années 50, il travailla pour le magazine Kristall et prendra alors son pseudonyme. En 1965, une enquête fut ouverte par le procureur allemand de Verden sur son passé de SS, mais aucune charge ne pu être retenue contre lui. Parallèlement, il poursuivit sa carrière d'auteur à succès avec d'autres éditions sur la seconde guerre mondiale. Il défraya la chronique par ses prises de position contestables ( par exemple la négation des crimes de guerre par la Wechmacht en Union Soviétique, ou la "disparition" dans ses livres de certains faits ), avant de décéder en 1997. Ses oeuvres sont par conséquent sujetes à controverse, comme son manque d'objectivité par rapport aux faits qu'il a exposé.
Livre "Ils arrivent", de Paul Carell, aux éditions Robert Laffont, 327 pages
Commentaires (1)
- 1. | 30/03/2020
Et, avec le confinement mundial. Je desirerai lire a nouveaux le libre "ILS ARRIVENT", lu il y as 45 an chez mes parent en Belgique. Livre qui n a pas été retrouvé.