Opération Titanic : le grand bluff des Ruperts !
Par plagesdu6juin1944 | Le 16/06/2015 | Commentaires (0)
Face au Mur de l'Atlantique le 6 juin 1944, les Alliés vont faire feu de tous les artifices pour faciliter l'ouverture du second front. Et pour duper l'ennemi, la ruse, une armée de bonshommes en toile de jute et de courageux SAS ne seront pas de trop.
Afin d’accroître les chances de réussite du plan Overlord, les alliés doivent éloigner un maximum de divisions allemandes des côtes normandes. Jamais à court d’idées, le SHEAF valide plusieurs opérations d’intoxication. L’une d’elle, l’opération TITANIC, est donc destinée à mener en bateau les troupes du IIIème Reich et à leurs faire croire que des largages massifs de parachutistes ont lieu loin des secteurs de débarquement.
Cependant pour limiter les pertes humaines et éviter que TITANIC ne fasse naufrage, des artifices vont être employés. Des mannequins seront largués et feront office de vaillants parachutistes prêts à en découdre. Appelés Ruperts (ou Paradummies), ces poupées en toile remplies de sable ou de paille, et hautes de 50 cm, doivent leurrer l’infanterie ennemie. Pour parfaire la supercherie, les Ruperts sont munis de charges explosives à retardement simulant des coups de feu. Une fois au sol, ces paras factices doivent s'autodétruire pour éviter que les allemands ne comprennent trop rapidement l’illusion. Dans un dernier souci de réalisme, le Special Air Service est mis à contribution. Douze membres du SAS, dont le Capitaine Frederick James Fowles et le Lieutenant Norman Harry Poole, accompagnent les poupées. Ils sont répartis en deux groupes et transportent des haut-parleurs. Car pour renforcer le bluff, ils diffuseront pendant 30 minutes des jurons et des bruits de mitrailles et de mortiers.
Opération Clipper : SAS en Allemagne en novembre 1944
(collection of the Impérial War Muséum)
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, le spectacle commence. Deux escadrilles brouillent les radars allemands, tandis que 40 avions de la RAF chargés de 500 mannequins s’approchent du Nord-Ouest de la France. Ces appareils se dirigent vers 4 zones bien définies :
- En Seine-Maritime, près d’Yvetot, ou 200 Ruperts et une unité de SAS sont parachutés. Les SAS doivent attaquer les allemands mais aussi laisser des survivants qui propageront la nouvelle d’un parachutage allié massif en Haute-Normandie.
- 50 Paradummies sont largués à l’Est des zones d’atterrissage de la 6th Airborne, derrière la Dives.
- 50 mannequins sont parachutés au Sud-Ouest de la ville de Caen.
- La dernière Drop Zone est à Marigny, dans la Manche. 200 Ruperts et des SAS se chargent de distraire la garnison de St-Lô.
Capitaine Frederick James Fowles (photo : site specialforcesroh.com) |
Les largages s’opèrent bien, malgré deux avions abattus par la Flak ennemie. Du côté de St-Lô, à 00h10, le Lieutenant Poole et deux camarades touchent le sol. Ils précèdent de quelques minutes l'équipe du Capitaine Fowles. Les commandos se démènent avec leurs armes et leurs haut-parleurs pour piéger le plus possible d’allemands. Le Lieutenant Poole fut donc le premier soldat le Jour J à s'élancer au-dessus de la Normandie.
Et ça fonctionne ! La 7ème armée allemande est mise en état d’alerte vers 2h du matin. Sur ordre du Maréchal Von Rundstedt, la moitié de la 12ème Division de Panzers SS cherche en vain une division de parachutistes aux abords de Lisieux, tandis que des éléments de réserve de la 352ème Division d’infanterie fouillent les environs de Caen.
Cependant, pour les SAS, le tribut de ce succès fut lourd. Sur les 12 hommes, 8 furent tués ou faits prisonniers.
Stephane Samson
contact@plagesdu6juin1944.com
Sources :
Musée de la Cité de la mer de Cherbourg
Livre Minute by minute D-Day, de Miroslav Kucera
Livre Le Débarquement pour les nuls, First éditions
ouest france : article du 01/06/2014
site web http://www.specialforcesroh.com/
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