Pointe du Hoc : travaux pour la sauvegarde du PDT
Par plagesdu6juin1944 | Le 26/02/2011 | Commentaires (0)
Entre Omaha et Utah Beach, le poste de tirs de la pointe du Hoc était fermé depuis 2001 au public. Sauvé du danger de chuter de sa falaise grâce au financement américain, il a réouvert ses portes le 05 mars 2011.
L'entretien et la mise en valeur du patrimoine normand continue sur les plages du D-Day. Le mémorial Utah Beach se refait une beauté et s'agrandit. Non loin de là, c'est un lieu emblématique qui s'apprête à revivre une seconde jeunesse grâce aux concours de l'American Battle Monument Commission ( l'ABMC ) et du conservatoire du littoral : le poste de tir de la pointe du Hoc, haut fait d'armes des rangers américains le 6 juin 1944. L'édifice était fermé depuis des années, car situé au bord d'une falaise haute de 30 mètres, l'érosion naturelle de la roche menaçait la sécurité des 500 000 visiteurs annuels. En effet, depuis la fin du second conflit mondial, le recul de la falaise était devenu significatif, et la dizaine de mètres gagnés par la mer au fil du temps semblait sonner le glas du poste de tirs de la batterie. L'ABMC, agence du gouvernement américain qui gère 24 cimetières et 25 monuments ou sites historiques dans le monde, a donc décidé de voler au secours de ce paisible témoin du D-day et lui éviter une chute malheureuse sur les galets en contrebas. Fidèle à la devise de son représentant feu le général Pershing, " le temps n'effacera pas la gloire de leur action", l'ABMC a donc cassé sa tirelire et alloué 6 millions de dollars ( 4.8 millions d'euros ) afin de renflouer la falaise et sauver le blockhaus parvenu aujourd'hui à 3 petits mètres du vide. Il faut savoir que depuis 1956 et un traité franco-américain, le conservatoire du littoral français est propriétaire du site, mais sa gestion est confiée aux bons soins de la commission US. Dans son projet, l'agence américaine s'est adjoint les services de la société ANTEA, assistant maître d'ouvrage apportant son expertise concernant l'ingénierie des travaux sur la célèbre pointe. Commencé en février 2010, le chantier est porteur d'enjeux importants sur le long terme et suscite l'engouement des passionnés du jour J.
Le fameux poste de tirs de la pointe du Hoc avant travaux. Notez la proximité du bord de la falaise
( photo : Atelier studio Gaudin Ramet / conservatoire du littoral )
Il faut dire que la pointe du Hoc est un site poignant et incontournable du passant sur le littoral normand, une véritable fenêtre ouverte sur le devoir de mémoire depuis 66 ans. Le 6 juin à l'aube, les 225 rangers américains du colonel Rudder se sont lancés à l'assaut de la falaise sur laquelle était posée une batterie de défense allemande armée de 6 canons de 155 mm et défendue par 125 fantassins et 80 artilleurs. Cette fortification constituait donc une belle épine dans les plans d'invasion alliés et un danger pour les troupes arrivant sur Omaha et Utah Beach. Les rangers ont donc lancé leurs grappins, posé leurs échelles et escaladé la paroi sous la mitraille germanique. Un furieux corps à corps s'est alors engagé sur la pointe, dans un paysage lunaire causé par le bombardement naval des navires alliés mouillant au large. Et surprise ! Point de canons dans les casemates ! Soit celles-ci sonnent creux, soit elles renferment un simple madrier de bois ! Finalement les canons seront découverts plus en arrière dans un verger et détruits. Les américains, seuls sur la falaise pendant 2 jours, devront survivre et repousser de nombreuses contre-attaques d'un ennemi supérieur en nombre. Les renforts de la 29th DI arrivant d'Omaha Beach découvriront incrédules le 8 juin les 90 rangers encore en état de combattre. Ces derniers, exténués et à cours de munitions, se servaient d'armes allemandes ! ( voir page sur la pointe du Hoc )
Les ouvriers déménagent avec précaution la stèle de 5,5 mètres postée au sommet du PDT avant le début des travaux
( photo : Atelier studio Gaudin Ramet / conservatoire du littoral )
Plusieurs décénies et quelques tempêtes côtières plus tard, L'ANTEA, entourée des entreprises GTS, EGIS et GEOLITHE, s'est donc mise au travail début 2010 grâce aux fonds américains, en confortant d'abord la falaise. Il lui fallait dans l'ordre:
- combler les cavités en contrebas
- conforter les pentes médianes
- stabiliser les terrains sur les hauteurs
- drainer les eaux en surface
Confortement de la falaise en juillet 2010
( photo : Atelier studio Gaudin Ramet / conservatoire du littoral )
Il a fallu ensuite muscler les bases du poste de tirs en incrustant ses sols de longues tiges en acier de 24 mètres afin de maintenir l'ouvrage. Plusieurs sondes et capteurs ont été placés afin de contrôler les attaques du temps sur le blockhaus et le terrain. Toutes ses actions se faisant dans le respect méticuleux de l'environnement historique de la pointe et de ses cratères ou reposent toujours sous les gravats des combattants des 2 camps. Suite a l'intervention de l'ABMC, le paysage a retrouvé son aspect d'origine et les traces de la grue de 130 tonnes et les infrastructures de soutien de la crête ont alors disparu. Qui pourra dire que 800 tonnes de ciment et 4 km de métal font maintenant partie intégrante de la pointe du Hoc ?
Sécurisation du poste de tirs à l'aide de barres d'acier de 24 mètres
( photo : Atelier studio Gaudin Ramet / conservatoire du littoral )
Voici donc une nouvelle bonne raison de découvrir ou redécouvrir ce lieu mythique du débarquement en Normandie, et de se rappeler l'action héroïque des rangers sur cet appendice haut perché et désigné imprenable par mer en 1944 par les allemands et de nombreux officiers alliés. Les rangers ont tenté le coup et ont réussi. L'ABMC a tenté un autre pari, et elle l'a elle aussi gagné...
Voici une vidéo sur le déroulement des opérations en Mai 2010
( éditeur : GTS )
Remerciements à Regis Leymarie, délégué adjoint Normandie au conservatoire du littoral
Plus d'infos sur le site : http://www.travaux-pointeduhoc.fr/
Photographies publiées grâce à l'aimable autorisation du conservatoire du littoral