La gazette
Décès de Stephen Barney, vétéran de St-Nazaire et du D-Day
Par plagesdu6juin1944 | Le 27/09/2017 | Commentaires (0)
Stephen Barney , vétéran Britannique de l'opération Chariot et du D-Day, est décédé le 23 septembre à 95 ans.
Stephen Barney (FLP/presse océan)
À 20 ans en 1942, il avait embarqué sur un destroyer afin d'escorter le Campbelton. En effet, ce dernier était voué à détruire des infrastructures du port de St-Nazaire où devait être réparé le cuirassé allemand Tirpitz. En 2008 pour le site Maville, il était revenu sur cette périlleuse mission : « J'étais timonier sur le HMS Atherstone, un destroyer qui était positionné à l'arrière du convoi. Notre rôle consistait à récupérer un maximum d'hommes une fois la mission accomplie. Mais, après que le Campbeltown a percuté la porte de la forme Joubert, seulement deux vedettes étaient au rendez-vous... Une douzaine de soldats ont été hissés à bord. Il y avait de nombreux blessés parmi eux et plusieurs étaient très choqués après l'attaque, raconte-t-il. Le salon des officiers a dû être transformé en salle d'opération, car il fallait amputer certains gars. »
Bourré d'explosifs , le Campbelton sera pulvérisé plusieurs heures après s'être encastré dans le port. Quant au Atherstone, il échappera aux représailles allemandes et rejoindra l'Angleterre.
Puis Stephen participa au D-Day en juin 1944 lorsqu'il se trouva devant Arromanches à bord du HMS Urania, avant d'aller plus tard combattre les Japonais dans le Pacifique.
En 2016, il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur.
Sources :
Musée des Fusiliers Marins Commandos
Ouest france
4/5 Les fortes têtes du D-day : Jake McNiece
Par plagesdu6juin1944 | Le 22/08/2017 | Commentaires (2)
Alcoolique, insolent, bagarreur, indiscipliné, coureur de jupons. Tel est le para Jake McNiece. Un homme qui a aussi effectué 4 sauts de combats pour la 101st US Airborne Division. Un meneur d’hommes atypique à la tête d’un escadron de 12 durs à cuire immortalisé dans la revue Stars and Stripes.
Jake McNiece (Stars and Stripes)
Né le 24 mai 1919 à Maysville en Oklahoma, ce fils de métayer se distingue très tôt par ses capacités physiques. La crise des années 30 l’oblige à mettre la main à la pâte pour aider ses parents alors en grande difficulté financière. Jake fait également merveille à la chasse grâce à ses qualités de pisteur. Il faut dire que sa mère Choctaw lui a transmis ses gènes indiens et une vue exceptionnelle.
D’abord capitaine de l’équipe de foot de son lycée, il est ensuite pompier en 1939 lorsque l’Europe s’embrase. Seulement même si notre homme est travailleur, il saisit toutes les occasions de faire la bringue à grands renforts d’alcool. Ainsi, la bière aidant, Jake ne manque jamais de provoquer et de se distinguer dans les bagarres. Le 7 décembre 1941, le Japon attaque Pearl Harbor, obligeant les États-Unis à entrer en guerre. Loin de tout ça, Jake poursuit ses beuveries mais une rixe tourne mal et il est recherché par la police. En septembre 1942, pour échapper aux forces de l’ordre, il s’engage dans l’armée. Mais pas dans l’infanterie, car lui le renégat, ne supporterai pas la stricte discipline qui y règne. Non, il choisit les paras, là où les soldats ont plus d’initiatives. Pour la sélection, 6 000 volontaires se présentent, et seulement 2 000 sont retenus.
Direction la Géorgie pour 6 mois d’entraînement au camp Toccoa. Au pied du mont Currahee, McNiece est affecté au peloton de démolition de la compagnie du QG/506th PIR du Colonel Sink. L’échéance avant la grande opération alliée en Europe approche. Les journées sont rythmées par les durs entraînements physiques, les exercices de tirs, les courses dès 4h30 pour gravir à pied les trois kilomètres vers le sommet du mont Currahee. Et surtout, après avoir vider quelques chopes, les bagarres entre soldats.
Transférés à New-York, les américains embarquent en septembre 1943 à bord du Samaria pour voguer vers l’Angleterre en vue de l’opération Overlord. Sur l’île, les paras s’habituent à l’uniforme allemand. Cependant McNiece et son groupe de douze hommes n’apprécient ni la nourriture régimentaire, ni la discipline. Aussi quand ils ne sont pas en prison chassent-ils illégalement le gibier sur le terrain privé ou ils ont leurs cantonnements. Ils ne se lavent pas, ne rangent rien, refusent de saluer les officiers. Les carcasses de poissons et d’animaux s’entassent et l’odeur devient pestilentielle autour des baraquements. Le groupe obtient alors le surnom des treize salopards, les Filthy 13. Ils font le serment de ne plus passer à la douche ou de se raser avant leur retour du front. Dans le livre de marc Bando, La 101st Airborne dans la Seconde Guerre Mondiale, Franck Palys, ancien membre des 13, explique que le groupe fut créé à Toccoa en 1942 sous le nom des Warsaw Seven, Les sept de Varsovie, car composé d'hommes d'origine polonaise. Il ajoute qu'en Angleterre, les 13 n'étaient pas les seuls à ne pas sentir la rose, l'accès à l'eau dans les camps étant parfois rare. Les noms des membres des 13 changèrent au fil de la guerre et des pertes, mais dans le clan d'origine on retrouve : Jake McNiece, Jack Womer, John Agnew, Charles Mellen, Joseph Oleskiewicz, John Hale, James T. Green, George Radeka, Clarence Ware, Robert S. Cone, Roland Baribeau, James E. Leach et Andrew Rasmussen.
"Si des gars descendent morts de trouille, ils seront fichus avant même d'avoir sauté" Jake McNiece |
Le 5 juin 1944 à Exeter, Clarence C. Ware peint Charles R. Plaudo ( Stars and Stripes ) |
Aérodrome d'Exeter la veille du D-Day : Joe Oleskewicz, un salopard expert en démolition (US Army) |
5 juin 1944. Ce soir la 101st doit être larguée sur le Cotentin afin de sécuriser les abords du futur secteur Utah Beach. L’état-major s’attend à 50% de pertes dans les rangs des screaming-Eagles. Les hommes se préparent à leur premier saut de combat. Jake McNiece craint les poux lorsqu’il sera en Normandie, aussi se coupe-t-il les cheveux comme ses ancêtres indiens. Pour parfaire son allure, il se peint le visage. Voyant cela, ses camarades l’imitent. A l'insu de ces derniers, des hommes du Signal Corps immortalisent la scène qui fera plus tard les gros titres dans la revue Stars and Stripes. La légende des 13 salopards est en marche. La foule cherche des héros, et ceux-là ont la tête de l’emploi.
Dans la nuit du 6 juin, leur mission s’annonce difficile. Ils doivent rallier trois ponts près de Carentan, en faire sauter deux et tenir le troisième. Les largages nocturnes sont aléatoires, et McNiece atterri près de Sainte-Mère-Eglise, à huit kilomètres de son objectif. Il arrive néanmoins à rejoindre les ponts et à s’acquitter de sa mission. Seulement le croyant à tort aux mains de l’ennemi, l’Air Force pulvérise le pont tant défendu par les paras. Ceux-ci combattent pendant cinq jours d'après les vétérans avant d’être relevés le 11 juin (rappelons que l’histoire officielle mentionne "seulement" trois jours de combats). Le lendemain, la 101st s’attaque à la libération de la ville de Carentan, défendue par l’unité d’élite du 6. Fallshirmjâger. Puis le 13 juillet, la division reprend ses aises en Angleterre.
Jake et son peloton de démolition pansent leurs plaies et accueillent les nouvelles recrues qui viennent compenser les 65% de pertes de la division en Normandie. Le repos est court car Montgomery veut porter un coup fatal au IIIème Reich en passant par la Hollande. L’après-midi du dimanche 17 septembre annonce l’opération Market Garden. La 101st libère la ville d’Eindhoven mais la résistance allemande est ensuite coriace et les blindés Britanniques ne peuvent traverser le Rhin. L’opération est un échec.
Jake McNiece est en donc à son second saut de combat lorsqu’il se voit ensuite proposer d’intégrer les éclaireurs. Et notre homme accepte ce nouveau poste réputé suicidaire. Pourquoi ? Parce qu’il pense que l’Allemagne est à bout et que les paras ne rembarqueront plus dans les C-47. Les pathfinders, une planque ? En décembre 1944, Hitler tente son va-tout et lance ses troupes dans les Ardennes pour capturer la ville stratégique de Bastogne et ses nombreuses voies de communication. McNiece effectue son troisième saut de combat afin de guider les convois aériens de réapprovisionnement pour la 101st Airborne encerclée dans et autour de la ville belge. Puis arrive son quatrième et dernier largage le 13 février 1945 à Prüm en Allemagne (la moyenne de survie pour un homme à cette époque dans l’aéroportée est de 1.5 saut de combat).
Au crépuscule du régime nazi, le 506th PIR poursuit sa route vers l’Est. Les américains découvrent les camps de concentration puis occupent le nid d’aigles d’Hitler à Berchtesgaden. Enfin, les paras stoppent en Autriche à Zell am See jusqu’en août 1945.
Jake McNiece revient ensuite en France et effectue une dernière escapade à Paris, permission qui tourne mal puisqu’il est sérieusement blessé par des civils. Il termine donc sa guerre à l’hôpital, un comble pour celui qui avait depuis le 6 juin 1944 réussi à éviter d’être gravement touché. Et le 26 février 1946, 3 ans, 5 mois et 26 jours après son engagement, le Staff-Sergeant McNiece, matricule 181131236, est démobilisé.
Les treize salopards n’étaient pas des truands comme certains les ont dépeints, notamment le film les 12 salopards (1967) avec Lee Marvin. Ils avaient toutes les qualités pour sortir du lot et mener à bien les missions les plus périlleuses. Ses hommes étaient les plus insoumis, les plus turbulents, les plus incontrôlables. Mais ils avaient également les plus grandes capacités physiques, le plus d’audace et la plus grande maitrise des techniques de combats, quitte à déroger aux ordres. Et surtout ils n’hésitaient jamais. Car pour Jake McNiece, au combat, celui qui tergiverse face à l’ennemi est un homme mort. Il était doué pour ça. Peut-être parce que la guerre est aussi dégueulasse, il y excellait.
"Si il se trouvait là, une bouteille de whisky, une femme et une Jeep, tandis que chacun se demandait comment s'en emparer, Jake aurait déjà volé la Jeep, bu la bouteille de whisky et conquis la dame." Major Gene Brown, RHQ/506th PIR |
Après-guerre, il parcouru les États-Unis avec son père puis travailla en Californie. Il épousa Rosita en 1949 mais elle décéda trois ans plus tard. Il retrouva le bonheur en 1953 avec Martha Louise avec qui il eut deux enfants. Cette union lui apporta la paix, il s’investit dans la religion et vaincu les démons de l’alcool. Apaisé, il travailla pour la poste pendant 27 ans. Il reprit peu à peu contact avec ses frères d’armes et en 1980 eu lieu la première réunion de la compagnie QG régimentaire du 506th. 35 ans plus tard, ses jeunes hommes grossiers étaient devenus des chefs de familles aux vies professionnelles bien remplies.
Jake McNiece s’est éteint le 21 janvier 2013 à 93 ans. Pour ses actions pendant la seconde guerre mondiale, il avait reçu quatre Bronze Star, deux Purple Heart et la légion d’honneur en 2012. Alcoolique, insolent, bagarreur, indiscipliné, coureur de jupons, mais combattant magnifique.
Jake McNiece et Jack Agnew en 2008 (American veterans Center)
Sources :
Livre " Les treize salopards ", de Richard Killblane et Jake McNiece
Livre La 101st US Airborne Division dans la Seconde Guerre Mondiale, de Mark Bando