mur de l'atlantique
La prophétie du Maréchal Rommel.
Par plagesdu6juin1944 | Le 13/08/2019 | Commentaires (0)
Lors d'une tournée d'inspection du Mur de l'Atlantique au printemps 1944, le Maréchal Rommel se confia à son aide de camp. 15 ans plus tard, l'écrivain Cornélius Ryan reprit les propos du Renard du désert pour en faire le titre d'un livre mythique.
Lacanau, le 10 février 1944 : Rommel inspecte des troupes indiennes incorporées au service allemand.
(Muller/Archives fédérales allemandes)
Pour parfaire les défenses du Mur de l'Atlantique, Hitler nomme en novembre 1943 le Maréchal Rommel inspecteur des côtes de la Mer du Nord et de l'Atlantique. En mars 1944, il est promu commandant du groupe d'armées B. Devenu célèbre en Libye à la tête de l'Afrika Korps, Rommel a amassé une solide expérience du combat, notamment face à Montgomery, commandant des troupes terrestres ennemies. Le Maréchal sait qu'en cas de débarquement, il faudra à tout prix empêcher les alliés d'ancrer solidement leur tête de pont sur la plage, pour ensuite avancer dans les terres.
En désaccord sur la stratégie pour s'oppposer au Débarquement.
Mais sa vision s'oppose à celle de Von Rundstedt, le commandant du front Ouest, ce qui donne lieu à la Panzerkontroverse : à la veille du D-Day, la principale arme de dissuasion allemande pouvant contrarier la bonne destinée du plan Overlord est représentée par ses divisions blindées. La Luftwaffe et la Kriegsmarine ayant été essorées par les alliés, le Panzergruppe West du Général Von Schweppenburg est le meilleur espoir de Rommel pour empêcher l'invasion. Le renard du désert souhaite pouvoir rapprocher les 1 500 chars et les 170 000 hommes de ce Panzergruppe au plus près des plages. Car c'est lorsqu'ils débarqueront que les alliés seront les plus vulnérables. Rommel doit donc pouvoir projeter rapidement ses troupes d'élite contre la tête de pont ennemie. Il sait qu'Eisenhower maîtrise le ciel et les eaux. Dans l'éventualité d'un débarquement, si ses chars sont trop loin de la côte, ils auront du mal à rejoindre la ligne de front, car harcelés par la RAF et l'USAAF.
Cependant, il est en désaccord avec Von Schweppenburg et Von Rundstedt. Ces deux derniers estiment qu'il faut au contraire laisser l'ennemi prendre pied sur la plage et même avancer dans les terres. Puis enfin ils le rejetteront à la mer à l'aide d'une puissante contre-attaque des blindés. Paris étant vital, ils préfèrent cantonner leurs chars à proximité de la capitale.
Face à ce litige, Hitler décide de ne pas trancher et ménage les deux parties : 3 Panzerdivisions pour Rommel, 3 autres partent dans le Sud de la France renforcer le groupe d'armées G, et les 4 dernières vont à Von Rundstedt. Cela ne satisfait personne. Mais de toute façon, aucun char allemand ne pourra bouger une chenille sans l'aval du Führer.
Un présage resté dans l'Histoire.
Au moins, les deux maréchaux sont d'accord sur une chose, fin 1943, le Mur de l'Atlantique est une farce. Les ports sont bien protégés, mais le reste du littoral est une passoire. Outre de nombreux courants d'air dans leur muraille, les défenseurs manquent de profondeur sur leurs arrières. Alors Rommel met la pression pour renforcer la ligne de défense côtière et se démultiplie sur le terrain. Mais l'officier n'est pas dupe du rapport de forces défavorables avec les alliés malgré la propagande allemande.
Lors d'une tournée en avril 1944, il lance cet avertissement à son aide de camp Helmuth Lang :
« La guerre sera gagnée ou perdue sur ces plages. Nous n'avons qu'une seule chance de repousser l'ennemi, et c'est quand il sera dans l'eau, barbotant et luttant pour venir à terre. Nos renforts n'arriveront jamais sur les lieux de l'attaque, et ce serait folie que de les attendre. La principale ligne de résistance sera ici. Toutes nos forces doivent se trouver le long de ces côtes. Croyez-moi Lang, les premières 24 heures de l'invasion seront décisives. Pour les Alliés, comme pour l'Allemagne, ce sera le jour le plus long. »
Le 6 juin 1944, le Mur de l'Atlantique ne pourra opposer aux alliés qu'une résistance de quelques heures. Grièvement blessé le 17 juillet lors de l'attaque de sa voiture par deux avions ennemis, Rommel sera ensuite contraint au suicide le 14 octobre par Hitler. Le Führer le soupçonnait de trahison suite à l'attentat manqué du 20 juillet dans la Tanière du Loup. Mais si le Mur de l'Atlantique comme le IIIe Reich se sont depuis écroulés, le mythe du Maréchal Rommel s'est lui renforcé année après année... "Ce sera le jour le plus long." Sa phrase lâchée un jour d'avril face à la mer, devenue le titre d'un livre puis d'un film au casting hollywoodien, contribua à sa légende.
Coups de balais sur la Pointe du Hoc.
Par plagesdu6juin1944 | Le 23/07/2019 | Commentaires (0)
Le 6 juin 1944, les Rangers attaquent la Batterie allemande de la Pointe du Hoc perchée à une trentaine de mètres au-dessus du rivage. Mais lors de la présentation du plan d'assaut quelques mois auparavant, un officier resta perplexe quant à l'issue favorable de l'opération. Son pessimisme donna lieu à une phrase mémorable...
Monument en granit en forme de lame de poignard sur l’ancien poste de direction de tirs.
Cinq mois avant le Débarquement en Normandie, le Lieutenant-Colonel James Rudder est convoqué à Londres pour une importante réunion. Accompagné de son chef de bataillon Max F. Schneider, l'ancien footballeur se rend au QG du Général Eisenhower, commandant du corps expéditionnaire allié. Là, calfeutrés dans une pièce au deuxième étage, les deux Rangers entendent parler pour la première fois de la Pointe du Hoc.
Ils apprennent que le Ve Corps américain doit prendre pied sur les plages du Calvados, sur un secteur de six kilomètres codé Omaha Beach. Les 1st et 29th US Infantries Divisions doivent débarquer face aux défenses allemandes et aux villages de Saint-Laurent-sur-mer, Colleville-sur-mer et Vierville-sur-mer.
Plus à l'Ouest, dans le Cotentin, le VIIe Corps posera pied sur le secteur codé Utah Beach. Au milieu des deux secteurs se dresse une sérieuse épine dans les plans de libération alliés : la Batterie allemande de la Pointe du Hoc.
Des canons allemands entre Utah et Omaha Beaches.
La batterie, avec ses 6 canons de 15,5 cm d’une portée de 18 kilomètres, peut prendre sous son feu les plages d’Omaha et d’Utah Beach. La position fortifiée, située au sommet d’une falaise haute d’une trentaine de mètres à proximité du village de Saint-Pierre-du-Mont, est défendue par 140 fantassins et 80 artilleurs. Qui plus est, le secteur est entouré de barbelés et de champs de mines empêchant tout assaut amphibie et terrestre.
Pour les américains, le but est donc d’arraisonner cet obstacle par un assaut venu de la mer. Les Rangers du 2nd Battalion devront débarquer au matin sur une bande étroite de galets, en contrebas des vigies ennemies. Puis escalader une falaise haute de six étages et détruire les canons allemands. Comprenant la situation, l'officier de renseignements de l'Amiral Hall lâche alors cette tirade restée dans les mémoires :
« C'est impossible. Trois vieilles femmes avec des balais pourraient empêcher les Rangers d'escalader cette falaise ! »
De lourdes pertes parmi les Rangers.
Mais le Lieutenant-Colonel Rudder, comprenant l'importance de cette mission pour la réussite du Débarquement américain, se tourne vers le Général Bradley, commandant la first US Army, et lui lance : « Sir, mes Rangers peuvent faire ce boulot pour vous, »
La suite donna raison à Rudder, la batterie tomba aux mains des assaillants le 6 juin 1944. Sur les 225 braves du 2nd battalion qui prirent d’assaut la batterie à l’aube du D-Day, seuls 90 étaient encore en état de combattre à l’issue de cette mission. Seuls 51 hommes n’avaient pas été touchés lors de l’assaut. Et bien que blessé deux fois, James Rudder resta sur le terrain.
De retour sur le site normand quelques années plus tard, le Général Eisenhower reconnu : "il fallait en avoir dans le ventre pour escalader ces falaises ce jour-là."
Le poste de tirs de la batterie de La Pointe du Hoc.