La gazette
Statue Richard Winters, Easy Compagny
Par plagesdu6juin1944 | Le 08/05/2011 | Commentaires (1)
Initié par un américain, un projet de mise en place d'un monument à l'effigie du Major Richard D. Winters sur Utah Beach, près de la commune de Sainte-Marie-du-Mont, va voir le jour en 2012.
Les actions des soldats alliés le 6 juin 1944 continuent d'émouvoir et d'attiser les mises en chantier de toutes sortes. Certains déposent une gerbe, d'autres allument une bougie du souvenir quand la majorité arpentent en pèlerin les nombreux sites du patrimoine historique normand. Depuis quelques années la foule se presse aux abords des musées et lors des commémorations du D-Day. Les plages du débarquement en Normandie n'ont jamais été autant misent sur le devant de la scène, portées par le besoin de se souvenir et par l'attrait des différents médias.
Tim Gray prépare son documentaire dont la diffusion est prévue en 2012 ( photo Tim Gray Médias )
Tim Gray est un réalisateur passionné par les évènements liés à la seconde guerre mondiale depuis son enfance. D'abord cantonné à filmer des séquences sur la vie quotidienne et le sport, son premier grand projet fut un documentaire sur Overlord : "JourJ, le prix de la liberté" en 2006. Il récidive ensuite avec un film sur l'action de la Navy en 1944 et la création du mémorial dédié à la marine face au musée d'Utah Beach en 2008.Depuis, il s'est mit en tête d'honorer l'action des soldats en cherchant des fonds afin d'élever une nouvelle statue commémorative sur nos côtes. Ce monument aurait pu être une initiative vouée à devenir une étape habituelle voir anonyme du passant dans son itinéraire de découverte des plages normandes. Seulement la stèle prendra les traits d'un officier célèbre des troupes aéroportées US, véritable icône chez les passionnés du jour J. En effet, Le Major Richard D. Winters, décédé le 02 janvier dernier et qui commandait le second bataillon du 506th régiment de la 101st Airborne au terme du second conflit mondial, sera immortalisé par cette sculpture.
Richard D. Winters pendant la seconde guerre mondiale
Lieutenant le 6 juin 1944, Winters conduit avec brio les troupes d'élite de la Easy Compagny des environs de Sainte-Marie-du-Mont jusqu'au nid d'aigles en mai 1945. Son courage et ses compétences lui font rapidement gravir les échelons et il est donc Major lorsque l'Allemagne capitule. Unanimement salué par tous les hommes qui ont servi sous ses ordres, le Major Winters sera également remarqué par Steven Spielberg et Tom Hanks. Confortés par le succès du film "Il faut sauver le soldat Ryan" ( qui contribua d'ailleurs grandement au regain de vitalité des sites du débarquement en Normandie ), ces derniers décident en 2001 de porter à l'écran les actions du Major et de ses paras. La série de 10 épisodes "Band of brothers", produite par HBO, enregistre des records d'audiences et propulse les hommes de la Easy au rang de stars. Le public découvrent la ténacité et l'esprit de corps de la 101st Airborne, son sens tactique lors de la prise de la batterie de Brécourt ou sa résolution lorsqu'elle fut encerclée par les allemands à Bastogne.
Suite à cette diffusion , les vétérans sont alors très sollicités et accueillis avec chaleur par les normands toujours reconnaissants. Le réalisateur Tim Gray a décidé de rendre hommage au Major Winters mais également à tous les officiers qui ont pris part à l'invasion alliée en juin 1944.Winters n'a jamais cherché la lumière des projecteurs. Homme d'une extrême humilité, il a toujours déclaré lorsqu'on lui parlait de son glorieux passé militaire :"Je ne suis pas un héros, mais j'ai servi dans une compagnie de héros." Une pétition a vue le jour afin qu'il soit décoré de la prestigieuse médaille d'honneur du congrès américain, plus haute distinction de l'armée ( si vous souhaitez la signer, c'est ici. ) Tim Gray s'était entretenu avec le vétéran sur son projet, et avant sa disparition, celui-ci avait accepté que la statue soit à son image.
Ayant obtenu l'aval du parachutiste, Gray doit encore trouver les fonds nécessaires pour débuter les travaux. Le coût de l'élévation de la stèle de bronze devrait être de 200 000 dollars ( 140 000 euros ) et une campagne de dons est actuellement en cours ( pour faire une contribution, cliquez ici ). Le déroulement du chantier et les faits d'armes de Winters pendant la guerre feront l'objet d'un documentaire. Celui-ci et d'autres vétérans de la Easy ont apporté leurs témoignages et leurs souvenirs seront diffusés sur une grande chaîne américaine du câble. Pour sa part, la commune de Sainte-Marie-du-Mont, lieu ou Winters toucha terre le jour J, a accepté d'abriter le nouveau monument. Stephen Speirs, déjà créateur du mémorial de l'US Navy sur Utah Beach en sera le maître d'oeuvre et espère pouvoir présenter le mémorial en juin 2012.
Dans le milieu des passionnés de la seconde guerre mondiale, cette initiative divise. Deux camps s'opposent mais tous saluent l'idée du réalisateur. Quand certains sont enthousiastes pour rendre un vibrant hommage aux parachutistes, d'autres observent que le D-Day ne se limite pas à la Easy Compagny starisée par Spielberg, et que bien d'autres unités ne doivent pas être oubliées.
Sources : Tim Gray média ( www.timgraymedia.com )
Boston Herald
Men of easy compagny ( www.menofeasycompagny.com )
Livre "Ils arrivent" de Paul Carell
Par plagesdu6juin1944 | Le 28/03/2011 | Commentaires (1)
Notre bibliographie regorge de dizaines d’ouvrages ou de nombreux points de vue y sont exprimés. Ceux des alliées, des historiens et autres passionnés éclairés, voir des civils normands. Aujourd’hui, entrez dans les casemates et frottez vous au quotidien des défenseurs allemands des prémices du déclenchement d’Overlord jusqu’au dernier coup de canon germain en Basse-Normandie le 21 août 1944. Un livre, c’est aussi un titre fort. Avec Ils arrivent ! le lecteur, appâté par cette couverture, est servi : Vous allez vivre la bataille de Normandie avec les gars du camp d’en face. 80 jours dans la fournaise normande à tenter de repousser une défaite qui devient vite inéluctable. Cependant, votre lecture devra observer une certaine hauteur par rapport aux situations narrées dans ce diaporama historique ( voir en bas de page ).
Depuis la plage d’Utah Beach, vous collerez aux casques des diables verts de Carentan. Vous retiendrez votre souffle devant la forteresse de Cherbourg puis assisterez à la chute de Caen, prélude au désastre de la poche de Falaise. Vous ferez connaissance comme ils disaient avec les Tommies et autres « Amis ».
Vous allez ainsi comprendre comment l’armée allemande va se saborder elle-même et devenir un acteur inattendu pour la réussite du débarquement allié en France. Au fil des pages, vous serez témoins d’une série d’invraisemblances à tous les étages de l’édifice nazi. De nombreux jets d’incompétences qui vous laisserons circonspect : Vous découvrirez pourquoi une grande partie du commandement allemand en Normandie n’était pas à son poste alors que l’invasion alliée avait débuté. Pourquoi leurs services de renseignements étaient au courant du débarquement avant son déclenchement mais n’ont pas cru nécessaire d’en avertir les défenses au sud de la Seine. Pourquoi les divisions blindées, qui auraient pu refouler les alliés à la mer, ont dû toute la journée du 6 juin composer avec les changements d’humeur de leur Etat-major. Pourquoi les fantassins allemands ont dû se battre sans leur aviation, la Luftwaffe ( ce qui donna lieu à une blague dans les abris germaniques … Allez, je vous la raconte : « si tu vois un point bleu dans le ciel, c’est un avion américain. Si c’est un point gris, c’est un anglais. Et si tu ne vois rien, c’est la Luftwaffe » Preuve qu’ils savaient garder leur sens de l’humour ).
Et au milieu des manquements coupables de leur commandement, vous découvrirez surtout le quotidien de l’officier dans sa lutte face à un ennemi techniquement et numériquement supérieur. On mesure aussi en tournant ces pages la pleine puissance américaine, véritable hydre inépuisable qui surprit et découragea nombre de poches de résistance. Alors qu’Hitler, persuadé que l’invasion réelle le frapperait dans le nord de la France, ordonna de se battre jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière cartouche. Il ressort de sa lecture que l’armée allemande fut pendant 4 ans une redoutable machine offensive, qui pu étendre sa domination sur l’Europe, en Afrique, jusqu’aux portes de Moscou. Mais une fois en position défensive, le monstre statique s’enraille. Malgré les mises en garde du Maréchal Rommel et deux sérieux avertissements ( 1942, débarquement allié en Afrique du nord, suivi en 1943 de celui en Sicile ), les hésitations d’Hitler et de ses proches conseillers qui centralisèrent le pouvoir furent tragiques pour le soldat en faction sur le mur de l’Atlantique. Le désarroi des généraux face au manque de moyens et aux atermoiements de Berlin est palpable. Les lignes de Paul Carell reflètent la ténacité mêlée d’impuissance de l’officier allemand, et qui dû finalement plier face au rouleau compresseur allié. Publié en 1962 et édité en France et en Allemagne, cet ouvrage fut le premier à donner la parole aux allemands. Une fois le livre fermé, on reste pensif au regard de l’incroyable série d’erreurs de cette armée allemande pourtant d’habitude si rigoureuse. Comme si tous les succès auparavant amassés avaient enquilosé son jugement et fait perdre au führer sa vista légendaire. Ce dernier et sa garde rapprochée en prennent pour leurs grades au fil des pages, tandis que les troupes allemandes sont glorifiées, parfois à l'excès.
Attention ! L'auteur raille donc la stratégie d'Hitler et met sur le devant de la scène le courage du soldat teuton. Il faut savoir que Paul Carell, de son vrai nom Paul Karl Schmidt était membre du NSDAP ( le parti national socialiste des travailleurs ) en 1931, SS en 1938, puis porte-parole de Von Ribbentrop, ministre allemand des affaires étrangères en 1940. Il était alors un rouage actif de la propagande nazie en temps de guerre, véritable expert en communication, et intervenant majeur dans l'édition du magazine d'extrême-droite Signal. Il fut arrêté le 6 mai 1945 et emprisonné pendant 30 mois avant d'être cité comme témoin à charge au procès de Nuremberg. Dans les années 50, il travailla pour le magazine Kristall et prendra alors son pseudonyme. En 1965, une enquête fut ouverte par le procureur allemand de Verden sur son passé de SS, mais aucune charge ne pu être retenue contre lui. Parallèlement, il poursuivit sa carrière d'auteur à succès avec d'autres éditions sur la seconde guerre mondiale. Il défraya la chronique par ses prises de position contestables ( par exemple la négation des crimes de guerre par la Wechmacht en Union Soviétique, ou la "disparition" dans ses livres de certains faits ), avant de décéder en 1997. Ses oeuvres sont par conséquent sujetes à controverse, comme son manque d'objectivité par rapport aux faits qu'il a exposé.
Livre "Ils arrivent", de Paul Carell, aux éditions Robert Laffont, 327 pages